Déclaration —L’Iran devrait libérer inconditionnellement tous⸱tes les défenseur⸱ses des droits humains emprisonné⸱es
Front Line Defenders salue la libération de centaines de prisonniers, y compris des défenseur⸱ses des droits humains, depuis le 4 février 2023, lorsque le système judiciaire iranien a annoncé que le Guide suprême iranien avait gracié 10 000 prisonniers en Iran. Parmi les 29 défenseur⸱ses des droits humains graciés se trouvent Saba Kord Afshari, Mohammad Habibi, Shapour Ehsanirad, Zahra Mohammadi, Alieh Motalleb Zadeh, Esrin Derakale, Maryam Mohammadi, Esmail Gerami, Yasaman Aryani et Monireh Arabshahi. Farhad Meysami a été libéré quatre mois avant la fin de sa peine de cinq ans.
Depuis le 18 septembre 2022, à la suite de la mort de Masha (Jina) Amini alors qu’elle était en garde à vue, Front Line Defenders a suivi les cas de plus de deux cents défenseur⸱ses des droits humains, journalistes et activistes étudiants, qui ont été et continuent d’être arrêtés et détenus arbitrairement, accusés d’actions liées à la sécurité et condamnés pour leur travail en faveur des droits humains. Les arrestations et les attaques visent clairement à punir et à réduire au silence celles et ceux qui défendent les droits humains, en particulier toutes celles et tous ceux qui luttent pour les droits des femmes et les droits des minorités ethniques.
De nombreux membres des familles des défenseur⸱ses des droits humains ont également été menacés. Ceux qui ont fait entendre leurs critiques sur les réseaux sociaux ont été arrêtés et détenus et ont rapporté avoir été torturés pour faire des aveux. Les manifestants, y compris les défenseur⸱ses des droits humains, se sont vu refuser l’accès à des avocats et le droit à bénéficier de procédures régulières. Front Line Defenders a reçu des informations selon lesquelles un certain nombre de défenseur⸱ses des droits humains auraient été tués pendant les manifestations ou en détention, et de nombreuses défenseuses des droits humains ont signalé des violences sexuelles.
Dans le cadre de cette répression rapide contre les défenseur⸱ses des droits humains, les autorités iraniennes ont continué à couper les services mobiles et internet et à perturber les télécommunications. Cela a eu un impact étouffant sur le droit des défenseur⸱ses des droits humains à manifester et cela les a empêchés de documenter et de diffuser des informations sur les violations des droits humains en cours.
« En pleines manifestations, lorsque la vie des manifestants était en jeu, il était crucial pour nous, défenseur⸱ses des droits humains, de rester en contact avec les gens sur le terrain. Alors que ceux d’entre nous qui n’ont pas encore été arrêtés se cachent pour pouvoir continuer le travail en faveur des droits humains, en particulier quand les condamnations à mort et les exécutions ont commencé, la protection de la sécurité numérique et les moyens sécurisés de communication avec le monde extérieur sont apparus comme un moyen de sauver des vies », a déclaré une défenseuse des droits humains iranienne à Front Line Defenders.
Front Line Defenders salue la libération d’un certain nombre de défenseur⸱ses des droits humains, mais appelle les autorités iraniennes à libérer les centaines d’entre eux qui sont toujours détenus. Notamment Narges Mohammadi, Mustafa Nili, Golrokh Iraee, Bahareh Hedayat, Esmail Abdi, Reza Shahabi, Hassan Saidi, Vida Rabbani, Amirsalar Davoudi, Arash Keykhosravi, Rasoul Bodaghi, Jafar Ebrahimi, Nasrin Javadi, Soheil Arabi, Sepideh Gholian, Soha Mortezaie, Mehdi Mahmoudian, Akram Nasirian, Fariba Kamalabadi, Mahvash Shahriari (Sabet), Afif Naimi, Behnam Mousivand, Sam Rajabi, et Kasra Nouri. Front Line Defenders appelle en outre les autorités iraniennes à abandonner les charges contre Arash Sadeghi, condamné par la branche 26 du tribunal révolutionnaire de Téhéran à cinq ans de prison le 26 janvier 2023 pour avoir plaidé en prison et appelé au respect des droits des manifestants, en particulier le droit à la vie.
En outre, Front Line Defenders appelle le gouvernement iranien à clarifier le statut juridique de tous les défenseur⸱ses des droits humains libérés et à les innocenter de toutes les accusations.
Front Line Defenders appelle l’Union européenne, les Nations Unies et d’autres acteurs internationaux à soutenir pleinement le travail de la mission d’enquête des Nations Unies, en garantissant l’engagement auprès des défenseur⸱ses des droits humains et la documentation des menaces et des violations spécifiques dont ils sont victimes ainsi que leurs familles.