#Mauritanie
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Les défenseur.ses des droits humains (DDH) sont confronté.es à un environnement hostile en Mauritanie. Les autorités ont mis en place des lois répressives pour interdire les manifestations pacifiques, ont régulièrement recours à une force excessive contre les manifestants, interdisent les organisations critiques des droits humains, et interfèrent et entravent leurs activités. Les défenseur.ses des droits humains font l'objet d'arrestations arbitraires et de mauvais traitements, et sont victimes de campagnes de diffamation, d'intimidation et de menaces de mort. Les libertés d'expression, d'association et de réunion pacifique sont restreintes.
En 2019, Mohamed Ould Ghazouani a succédé à l'ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz, mais cela n'a pas conduit à une amélioration de l'environnement des défenseur.ses des droits humains. Le 23 juin 2019, des manifestations ont éclaté après la déclaration de victoire du nouveau président basée sur des résultats partiels. La police a arrêté une centaine de personnes, les a accusées de déstabiliser le pays, et a suspendu l'accès à Internet pendant deux semaines.
Les autorités ont adopté une législation répressive qui inclut des définitions larges du "terrorisme" et de l'"incitation à la haine raciale" pour censurer les défenseur.ses des droits humains. En janvier 2018, l'Assemblée nationale a adopté une loi criminalisant la discrimination et permettant au gouvernement de poursuivre les DDH, les accusant de "racisme" ou de "promotion de la désunion nationale" pour s'être exprimé contre la faible représentation des populations Haratines et d’Afrique subsaharienne dans le gouvernement, et contre d'autres pratiques discriminatoires. En avril 2018, l'Assemblée nationale a voté pour rendre la peine de mort obligatoire pour toute personne reconnue coupable de "discours blasphématoire".
En Mauritanie, la création d'une association est soumise à l'autorisation expresse de l'État. Suite à cette mesure, de nombreuses ONG ne sont pas reconnues, mais n'ont reçu aucune raison valable expliquant pourquoi leur enregistrement continue d'être bloqué. Malgré plusieurs déclarations et engagements des autorités, aucune mesure concrète n'a été prise pour adopter une loi sur l'enregistrement des associations. Des organisations qui ont demandé la reconnaissance et l'enregistrement depuis 2010 ne sont toujours pas légalement constituées.
Les DDH qui prennent position contre l'esclavage, la discrimination et l'extrémisme religieux sont particulièrement visés. Ils risquent d'être qualifiés de traîtres ou de voir leur foi musulmane remise en question dans les médias ou les réseaux sociaux, une accusation grave dans un pays où l'apostasie est punie de mort.
Les défenseuses des droits humains et les défenseur.ses des droits LGBTI sont confronté.es à des risques exacerbés. Les femmes subissent des pressions sociales et des discriminations juridiques dans un environnement conservateur où les pratiques d'excision/mutilation génitale féminine (E/MGF) sont encore répandues malgré leur criminalisation. Les femmes qui dénoncent un viol peuvent être inculpées si elles ne peuvent pas prouver que le rapport sexuel n'était pas consensuel, car toutes les relations sexuelles hors mariage sont criminalisées. La Mauritanie est un environnement très répressif pour les personnes LGBTI et il n'existe aucune loi qui les protège de la discrimination. Les relations sexuelles entre personnes du même sexe sont criminalisées et passibles de la peine de mort si elles impliquent des hommes.