Des défenseur-ses des droits humains empêchés de se rendre à la Plateforme de Dublin
Quatre défenseur-ses des droits humains ont été soit interdits de quitter leur pays, soit ont décidé de ne pas partir en raison de charges pesant contre eux, pour assister à la Plateforme de Dublin qui se tient du 2 au 4 octobre en Irlande. Tous les deux ans, la Plateforme de Dublin, organisée par Front Line Defenders, rassemble plus de 100 défenseur-ses des droits humains du monde entier afin qu'ils-elles partagent leurs stratégies de lutte et de survie.
Le 26 septembre, le défenseur cubain des droits culturels, Michel Matos, a été interdit de quitter le territoire à l'aéroport international José Marti, à la Havane, alors qu'il était en route pour assister à l'évènement de Dublin. Michel milite pour les droits culturels à Cuba. Avec d'autres artistes, musiciens et interprètes, il s'est prononcé contre le très controversé décret 349, signé par le président cubain Miguel Díaz-Canel en avril 2018, qui confère au ministère de la Culture un pouvoir disproportionné de contrôle, d'annulation et de sanction de l'expression artistique, et qui contient des restrictions vagues et trop larges. Lors du contrôle des passeports, les responsables l'ont informé qu'il n'était pas autorisé à monter à bord de l'avion car il était inscrit sur une liste automatique d'interdiction de voyager. On ne lui a montré aucun document ni donné aucun autre détail sur l'interdiction, et les fonctionnaires ont simplement dit qu'ils "suivaient les ordres".
En raison de son travail de défense des droits des prisonniers politiques en Algérie, Saïd Boudour a été informé qu'il était actuellement recherché par les autorités algériennes. Alors qu’il s’apprêtait à se rendre en Irlande pour assister à la Plateforme, son avocat lui a fait savoir que s’il tentait de quitter le pays, il serait presque certainement arrêté à l’aéroport. Saïd est membre de la Ligue algérienne des droits de l'Homme. Il travaille sur divers droits civils et politiques en Algérie, et met un accent particulier sur les droits des prisonniers dans le contexte des actuelles manifestations antigouvernementales et sur la démocratie en Algérie. Le défenseur des droits humains a souvent été harcelé par les autorités algériennes; il a déjà été arrêté trois fois et il est régulièrement surveillé par la police.
Khadija Ismayilova, défenseuse des droits humains et journaliste azerbaïdjanaise, n'a pas non plus accepté son invitation à la Plateforme de Dublin en raison d'une interdiction de voyager qui lui a été imposée suite à sa libération de prison en 2016. En 2018, la Cour d'appel de Bakou a refusé de lever cette interdiction pour la 3e fois. Khadija est bien connue pour ses rapports d’enquête sur la corruption en Azerbaïdjan, y compris l’implication de la famille du président.
Oyub Titiev, défenseur des droits humains en Tchétchénie, a également été empêché de quitter le territoire en raison d'une interdiction de voyager décrétée lors de sa libération conditionnelle en juin 2019. Il a été arrêté en janvier 2018 en vertu de fausses accusations relatives à la drogue, en représailles à son travail pour le Human Rights Center Memorial en Tchétchénie. Oyub et Front Line Defenders ont écrit sans succès aux autorités tchétchènes pour leur demander de permettre à Oyub de voyager et de se rendre à la Plateforme de Dublin.