Violente répression des manifestations pacifiques, notamment par le biais de blocages d'internet, d'exécutions extrajudiciaires et de nombreuses arrestations
Les défenseur-ses des droits humains, dont Evan Mawarire, font partie de plus de 130 personnes arrêtées au Zimbabwe dans le cadre des vastes manifestations qui ont commencé le 14 janvier 2019. Les manifestations ont commencé après que le président Mnangagwa a annoncé une hausse de 150 pour cent des prix du carburant.
Les autorités ont réagi à ces manifestations en déployant l'armée et en coupant l'accès à internet. Dans les villes de Harare et de Bulawayo, les forces de sécurité ont ouvert le feu sur les manifestants ; plus de 68 personnes ont été touchées et l'on compte huit morts. Il y a eu au moins 100 signalements d'agressions par les forces de sécurité, avec des objets pointus et des matraques.
Le 15 janvier 2019, les autorités ont bloqué internet. Certains services ont été brièvement restaurés le 16 janvier, mais le 18 janvier, internet était de nouveau inaccessible et le blocage empêchait aussi la communication par e-mail. Le plus grand opérateur de téléphonie mobile du Zimbabwe, Econet Wireless, a déclaré que le gouvernement lui avait ordonné de suspendre ses services jusqu'à nouvel ordre. Un tel acte restreint gravement la capacité de DDH à documenter ou dénoncer les exactions perpétrées pendant les manifestations et en outre, cela les expose à un plus grand danger car ils ne peuvent pas communiquer. Dans la soirée du 18 janvier, Econet Wireless a fait une autre déclaration affirmant avoir reçu "d'autres instructions, en vertu d'une directive ministérielle, d'ouvrir l'accès aux services généraux d'internet à l'exception de certaines applications de réseaux sociaux".
Dans la matinée du 16 janvier 2019, le pasteur et défenseur des droits humains Evan Mawarire a été arrêté par la police républicaine du Zimbabwe (ZRP) chez lui, pour une vidéo qu'il a postée sur les réseaux sociaux trois jours plus tôt. Dans cette vidéo, le défenseur appelait les travailleurs à participer à une manifestation pacifique nationale de trois jours. Les officiers de la ZRP ont fouillé sa maison et confisqué son ordinateur portable et son téléphone. Il a été conduit au poste de police central de Harare et accusé d'incitation à la violence en vertu de la section 187(1)(b) de la loi pénale (codification et réforme).
Le 17 janvier, le défenseur a brièvement comparu devant la cour. Son apparition au tribunal a été retardée par la décision de la ZRP d'ajouter deux charges : "subversion du gouvernement constitutionnel" et "violences publiques" selon la section 22(2)(a)(iii) et section 36(1)(a) de la loi pénale (codification et réforme). Selon le procureur, la vidéo incite à la violence et au pillage. S'il est reconnu coupable, Evan Mawarire encourt jusqu'à 20 ans de prison.
Le 18 janvier 2019, le défenseur a comparu devant la cour suite à une demande déposée par sa défense contre sa détention. La demande de libération sous caution a été rejetée et il sera maintenu en détention détention préventive jusqu'au 31 janvier.
Le 16 janvier 2019, le Zimbabwe Lawyers for Human Rights (ZLHR) et le Media Institute of Southern Africa-Zimbabwe Chapter (Misa-Zimbabwe) ont déposé une demande urgente contre la suspension des services internet. La demande affirme que le blocage d'internet bafoue les droits fondamentaux des citoyens, notamment celui à l'accès à l'information inscrit dans la section 61 de la Constitution.
Front Line Defenders condamne fermement les violences actuelles et la répression exercée par les autorités, ainsi que les arrestations de masse, les meurtres, et les graves restrictions contre la liberté d'expression. Front Line Defenders rappelle au Gouvernement du Zimbabwe son devoir de faciliter et protéger le droit à la libre expression et à la liberté de rassemblement.