Répression de manifestations et usage excessif de la force par les forces israéliennes
Front Line Defenders condamne l'usage excessif de la force et la répression des manifestations dans les Territoires palestiniens occupés, après la décision du gouvernement américain de transférer son ambassade à Jérusalem. Le Croissant Rouge palestinien a indiqué qu'entre le 7 et le 17 décembre 2017 (suite à la décision américaine du 6 décembre de reconnaitre un Jérusalem "unifié") neuf palestiniens en Cisjordanie et à Gaza ont été tués par l'armée israélienne, et 3400 ont été blessés. En cette période de tension politique, les défenseur-ses des droits humains jouent un rôle important pour documenter et dénoncer les exactions, maintenir la liberté de rassemblement et défendre les droits des autres. Leur droit de mener ces activités doit être garanti en toutes circonstances, et c'est extrêmement difficile pour eux en raison de l'usage excessif de la force et de la force létale par l'État israélien en réponse aux manifestations.
Le 6 décembre, l'administration américaine a annoncé sa décision de transférer son ambassade de Tel Aviv à Jérusalem. Environ 300 000 palestiniens vivent actuellement dans la ville, privés de droits civils et politiques; les palestiniens sont menacés de voir leur titre de résidence révoqué, et de voir leurs maisons démolies, et les quartiers palestiniens sont victimes de désavantages en terme de développement, d'économie et d'infrastructure en raison des lois discriminatoires qui limitent les projets et le droit de construire.
Parmi les personnes tuées pendant les manifestations, se trouvait Ibrahim Abu Thuraya, 29 ans et victime d'une double amputation, défenseur du droit à la terre, du camp de réfugiés d'Al-Bureij à Gaza, qui avait perdu ses deux jambes lors d'une frappe aérienne israélienne en 2008, et abattu par des soldat israélien le 15 décembre 2017. Quelques heures avant d'être tué, Ibrahim Abu Thuraya avait escaladé un pilonne électrique pour y hisser un drapeau palestinien. À Hébron, Bilal Al-Taweel, défenseur des droits humains et journaliste qui couvrait les manifestations qui se déroulaient dans la vieille ville le 15 décembre, faisait partie des nombreux manifestants arrêtés. D'autres manifestants ont été arrêtés le 14 décembre Porte de Damas à Jérusalem, alors qu'ils manifestaient pacifiquement contre la décision de l'administration américaine.
Les sources médicales, notamment le Croissant Rouge local et le ministère de la Santé palestinien, ont confirmé que des douzaines de personnes en Cisjordanie, notamment à Qalandiya, Hébron, et Naplouse, ont été traités dans les hôpitaux après avoir inhalé du gaz lacrymogène. Les arrestations massives ont été menées en Cisjordanie, avec près de 400 palestiniens placés en détention depuis l'annonce de la décision et les manifestations qui ont suivi.
Front Line Defenders appelle le gouvernement israélien et l'Autorité palestinienne à ne pas arrêter arbitrairement les manifestants et à ne pas employer la force de façon excessive contre les défenseur-ses des droits humains, les militants et les autres personnes qui se rassemblent pacifiquement pour condamner la récente décision de l'administration de Donald Trump, et à ne pas utiliser l'actuelle escalade de la violence comme prétexte pour entraver le travail légitime et pacifique des défenseur-ses des droits humains et des groupes de la société civile. Elle réitère le droit de toute personne à se rassembler pacifiquement pour exercer son droit à la liberté d’expression et de rassemblement, tel qu'il est reconnu dans le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, article 3 et 21, ainsi que dans le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, article 8.