Les organisations nationales et internationales appellent les autorités mexicaines à garantir le droit à la liberté de réunion pour les mobilisations du 25 novembre
[Mexique et Amérique centrale - 23 novembre] Compte tenu de l'intensification des violences policières contre les manifestations des militantes et des proches de victimes au Mexique, les organisations signataires appellent les autorités à tous les niveaux à garantir le droit de manifestation sociale et de la pratique journalistique à l'occasion de la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'encontre des femmes. Grâce à un suivi conjoint que nous effectuerons lors de la manifestation commémorative du 25 novembre, nous réaffirmons notre engagement en faveur des droits des femmes, du droit de défendre les droits humains et du droit à la liberté d'expression.
Selon les informations publiques documentées par les réseaux et organisations de défense des droits humains, jusqu'à présent cette année, le droit de manifester pacifiquement a été restreint par les forces de sécurité dans au moins 10 mobilisations menées par des femmes dans tout le pays. Les restrictions incluent l'encerclement, les menaces et les actes d'intimidation, les attaques contre la presse, l'usage excessif de la force, les détentions arbitraires, la violence sexuelle, la criminalisation des militants et des manifestants, la diffamation, l'incitation à la violence et les discours de haine sur les réseaux sociaux contre les féministes entre autres attaques.
La plupart des mobilisations sont organisées pour revendiquer et mettre fin à la pandémie de violence contre des femmes, compte tenu notamment du grave contexte d'impunité et de l'augmentation du nombre de féminicides au niveau national, qui menace de dépasser le taux historique en 2020.
La Commission nationale des droits de l'Homme (CNDH), le Bureau mexicain du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'Homme (UN-HCHR) et la Commission interaméricaine des droits humain (CIDH) ont publié une série de déclarations publiques condamnant l'utilisation excessive de la force lors de certaines de ces manifestations, et ont mis en évidence les cas de Guanajuato, de l'État de Mexico et du Quintana Roo.
À cet égard, les organisations notent que la Cour interaméricaine des droits humains a déterminé la responsabilité internationale du Mexique pour l'usage excessif de la force contre les protestations sociales, avec le recours à la torture sexuelle contre les femmes comme élément de contrôle social et de répression, et a ordonné des mesures de réparation pour éviter que ces événements ne se reproduisent.
Pour toutes ces raisons, nous exhortons l'État mexicain à respecter ses obligations internationales concernant l'adoption de mécanismes de contrôle indépendants sur les actions des forces de sécurité dans le cadre de la contestation sociale, comme garantie de non-répétition face aux multiples violations contre la liberté de réunion.
Nous appelons également le secrétaire à la sécurité et à la protection des citoyens, les 32 parquets et les forces de sécurité de chaque État et de chaque municipalité à garantir que les forces de sécurité et la police agiront conformément aux normes internationales lors des manifestations qui auront lieu le 25 novembre. Nous leur demandons également de prévenir et d’enquêter sur les agressions contre les défenseuses sur les réseaux sociaux et sur les appels à la violence contre les mobilisations en faveur des droits des femmes.
Nous sommes solidaires et accompagnons les femmes, les collectifs, les organisations, les défenseur-ses et les journalistes qui décident d'exercer leur droit à la libre expression lors de la mobilisation du 25 novembre, ainsi que dans les revendications qu'ils promeuvent. Nous mettons à leur disposition nos capacités de veille et d'observation pour garantir le respect de leur intégrité et de leurs droits.
Signé :
Center for Justice and International Law
Miguel Agustín Pro Juárez Human Rights Center
Front Line Defenders
Mesosamerican Women Human Rights Defenders Initiative
National Network of Women Human Rights Defenders in Mexico