Mexique : Condamnation du défenseur des droits humains David Hernández Salazar, membre de l’Assemblée des peuples indigènes de l’Isthme pour la défense de la terre et du territoire (APIIDTT)
Front Line Defenders et le Red Nacional de Organismos Civiles de Derechos Humanos « Todos los Derechos para Todas, Todos y Todes » (Red TDT) condamnent la condamnation du défenseur des droits humains David Hernández Salazar ; les organisations considèrent qu’il s’agit de représailles contre ses actions légitimes et pacifiques en faveur des droits humains.
Le 7 février 2024, le juge de contrôle de Salinas Cruz a condamné le défenseur des droits humains David Hernández Salazar à 46 ans et 6 mois de prison, à une amende de 182 818 pesos (cent quatre-vingt-deux mille huit cent dix-huit pesos) et à verser 1 100 015 pesos (un million cent mille quinze pesos) de dommages et intérêts. Le défenseur a été inculpé avec 17 autres membres de la communauté autochtone Binniza de Puente Madera pour avoir protesté contre l’installation du « Polo de Desarrollo » (pôle de développement) à San Blas sur leurs terres communes d’El Pitayal dans le cadre du projet de Corridor interocéanique de l’isthme de Tehuantepec (CIIT).
David Hernández Salazar est agent municipal communautaire dans la région de Puente Madera, coordinateur général de l’Asamblea de Pueblos Indígenas del Istmo en Defensa de la Tierra y el Territorio (APIIDTT) ainsi que du Congreso Nacional Indígena (CNI). Depuis 2017, il est la cible de criminalisation, car il œuvre activement et pacifiquement pour la défense du droit au territoire sur les terres d’usage commun connues sous le nom d’El Pitayal. En 2023, grâce à son travail pour défendre les terres d’usage commun de la communauté indigène Binniza, il a obtenu la suspension immédiate du « Polo de Desarrollo » à San Blas Atempa.
Le 7 février 2024, le juge de contrôle de Salinas Cruz a condamné David Hernández à 46 ans et 6 mois de prison pour les délits de dégradations causées par le feu et blessures malveillantes, qu’il aurait prétendument commis à San Blas alors qu’il se rendait à la station de radio communautaire Didxazza Stipa dans la ville pour dénoncer les actes de harcèlement dont il avait été la cible au cours des jours précédents. Les accusations portées contre le défenseur ont été déposées par la municipalité de San Blas Atempa et le Registre national agraire (RAN), ce dernier s’étant par la suite retiré de la liste des plaignants.
Il s’agit de la deuxième tentative de criminalisation à l’encontre du défenseur à cause de son travail en faveur du territoire Binniza. En 2021, le secrétaire aux communications et aux transports (SCT) et la municipalité de San Blas Atempa ont engagé des poursuites pénales contre lui pour le délit d’attaques sur les routes liées aux manifestations de mars 2021 dans la communauté de Puente Madera. Le défenseur David Hernández a ensuite été exclu de la procédure.
Parallèlement à la condamnation faisant l’objet du présent appel, le 18 octobre 2023, le défenseur David Hernández s’est vu notifier une nouvelle procédure pénale à son encontre concernant des attaques contre des infrastructures cruciales. La première audience est fixée au 21 février. Front Line Defenders, le Red TDT et d’autres organisations nationales et internationales ont déjà dénoncé le contexte de violence et de violation des droits humains à l’encontre des communautés qui défendent leurs terres et territoires contre le CIIT dans la région de l’isthme de Tehuantepec à Oaxaca.
Front Line Defenders et le Red Nacional de Organismos Civiles de Derechos Humanos « Todos los Derechos para Todas, Todos y Todes » (Red TDT) réitèrent leur condamnation contre la peine prononcée contre le défenseur des droits humains David Hernandez Salazar, car les organisations pensent qu’elle vise à intimider et à restreindre son travail en faveur des droits humains par le biais d’accusations et de peines excessives.
Front Line Defenders et le Red TDT exhortent les autorités mexicaines à :
- Abandonner les charges retenues contre David Hernández Salazar et permettre sa libération immédiate et inconditionnelle, car sa condamnation est uniquement motivée par son travail légitime et pacifique de défense des droits humains ;
- Garantir que la communauté Puente Madera et l’Asamblea de Pueblos Indígenas del Istmo en Defensa de la Tierra y el Territorio soit en mesure de défendre les droits humains à tout moment ;
- Prendre des mesures pour garantir que tous les défenseur⸱ses des droits humains qui mènent à bien des activités légitimes en faveur des droits humains, puissent agir librement sans crainte de restrictions ou de représailles au Mexique, y compris d’acharnement judiciaire.