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15 Mars 2023

Le gouvernement irlandais devrait utiliser la diplomatie de la Saint-Patrick pour demander la protection des défenseur⸱ses des droits humains

Les ministres irlandais en visite dans des dizaines de pays pour marquer la Saint-Patrick devraient saisir l’occasion pour s’assurer que leurs homologues protègent les défenseur⸱ses des droits humains (DDH) et leur permettent de mener à bien leur travail pacifique sans entrave, a déclaré Front Line Defenders aujourd’hui.

Cet appel intervient alors que le ministère des Affaires étrangères de l’Irlande dépêche 36 représentants en visite diplomatique dans 44 pays pour marquer la fête nationale de l’Irlande — dans ce qu’il décrit comme sa « plus grande » initiative de promotion de « l’Irlande mondiale ».

« Le gouvernement irlandais veut promouvoir une société progressiste ouverte sur le monde — une partie importante de cette vision devrait être de veiller à ce que les règles du jeu soient équitables lorsqu’il s’agit de défendre les droits humains et de protéger ceux qui mettent souvent leur vie en danger pour défendre les droits d’autrui », a déclaré Olive Moore, directrice intérimaire de Front Line Defenders.

« Dans de nombreux pays du monde, y compris certains de ceux qui sont visités, les défenseur⸱ses des droits humains risquent l’intimidation, l’emprisonnement ou même la mort, simplement parce qu’ils accomplissent leur travail pacifique. Les envoyés diplomatiques de l’Irlande doivent indiquer clairement que toute attaque contre les défenseur⸱ses des droits humains est inacceptable. » - Olive Moore, directrice intérimaire de Front Line Defenders

« Il convient de se rappeler que l’histoire de Saint Patrick est celle de quelqu’un qui a échappé à la captivité pour suivre sa vocation – les défenseur⸱ses des droits humains qui croupissent maintenant derrière les barreaux devraient être libérés et autorisés à jouir de la même liberté. »

Les défenseur⸱ses des droits humains sont au cœur de sociétés libres, équitables et égalitaires, et servent leurs communautés souvent en payant un lourd tribu personnel. L’Assemblée générale des Nations Unies a reconnu ce rôle clé lorsqu’elle a adopté par consensus la Déclaration sur les défenseurs des droits de l’homme en 1998, 50 ans après l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’homme. La déclaration de 1998 indique clairement que « Chacun a le droit, individuellement ou en association avec d’autres, de promouvoir la protection et la réalisation des droits de l’homme et des libertés fondamentales aux niveaux national et international. »

Le gouvernement irlandais a déclaré à plusieurs reprises qu’il accorde la priorité aux DDH et à leur protection dans sa politique étrangère. Lors de la Plateforme de Dublin, un événement bisannuel organisé par Front Line Defenders au château de Dublin en octobre 2022, Jack Chambers, TD, alors président du groupe parlementaire et ministre des Sports et du Gaeltacht, a déclaré : « Les défenseur⸱ses des droits humains sont le meilleur espoir de l’humanité en matière de justice et de responsabilité. »

Chaque année, l’Analyse globale de Front Line Defenders documente les menaces contre les défenseur⸱ses des droits humains dans le monde, y compris les données sur les centaines de DDH tués chaque année pour leur travail pacifique. En 2020, le ministère des Affaires étrangères et Front Line Defenders ont parrainé conjointement un monument dans les jardins Iveagh, à Dublin, en mémoire de ces DDH tombés.

De nombreux autres DDH sont constamment exposés à un large éventail d’intimidations, y compris des attaques physiques et en ligne, des campagnes de diffamation et des détentions arbitraires, en raison de leur travail en faveur des droits humains. Certains sont emprisonnés injustement pendant des années. Ceux qui souffrent de telles lourdes peines de prison sont notamment : l’avocat en droits humains Mohamed Abdullah Al-Roken ; le DDH, ingénieur et poète Ahmed Mansoor ; et le DDH, économiste et éminent universitaire Nasser Bin Ghaith aux Émirats arabes unis, où l’espace de la société civile est tellement restreint qu’aucun DDH ne peut mener ouvertement son travail pacifique et vital en faveur des droits humains. Comme l’a déclaré un DDH à Front Line Defenders, « les autorités ont tellement fermé tous les espaces d’action en faveur des droits humains aux Émirats arabes unis que les DDH du pays sont soit en prison, soit morts, et les chanceux sont contraints à l’exil ».

Le Mexique est un autre pays où les DDH font l’objet d’un large éventail d’attaques, les défenseur·ses des droits des peuples autochtones étant particulièrement ciblés. Certains ont été condamnés à de longues peines de prison, notamment le défenseur des droits de l’eau et des forêts et leader autochtone zapotèque, Pablo López Alavez, et l’avocate féministe et défenseuse autochtone Kenia Inés Hernández Montalván.

« Nous appelons les représentants du gouvernement irlandais qui voyagent à l’occasion de cette Saint-Patrick à exhorter leurs homologues au Mexique et aux Émirats arabes unis — et dans tous les autres pays qu’ils visitent — à mettre fin à la persécution des DDH et à les libérer immédiatement, ainsi qu’à abandonner les accusations portées contre tous les DDH qui sont emprisonnés de manière arbitraire », a déclaré Olive Moore.

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Crédit photo : The White House, Public domain, via Wikimedia Commons