Le défenseur des droits humains et avocat Khaled W. Al Sabbagh ciblé par une campagne de diffamation menée par les agences de sécurité libanaises
Front Line Defenders exprime sa profonde inquiétude concernant la sécurité du défenseur des droits humains et avocat libanais Khaled W. Al Sabbagh. Khaled W. Al Sabbagh est confronté à une campagne de diffamation menée par les agences de sécurité libanaises qui laissent entendre à ses collègues et à la communauté locale que les fausses accusations d’espionnage et de formation d’un groupe armé portées contre le défenseur des droits humains sont probablement fondées. En retournant la communauté et les collègues de Khaled W. Al Sabbagh contre lui et en les rendant méfiants à l’égard du défenseur des droits humains dans le contexte libanais actuel, les agences de sécurité libanaises créent un environnement hostile qui pourrait mettre en danger la vie de Khaled W. Al Sabbagh et des membres de sa famille.
Khaled W. Al Sabbagh est un défenseur des droits humains et avocat libanais. Il est le chef de l’unité exécutive chargée de la défense des droits et des intérêts à la « Tripoli Coalition of Advocates », un groupe d’experts et d’acteurs qui se consacrent à la promotion de la transparence, de la responsabilité et de la réforme des politiques. En outre, il est à la tête du plaidoyer stratégique et de la communication à « AnaHon », une plateforme de médias indépendants basée à Tripoli, au Liban. Khaled W. Al Sabbagh travaille principalement dans des zones touchées par des conflits armés et représente les intérêts de défenseurs des droits humains pris pour cible à cause de leur action en faveur des droits humains, notamment en raison d’une utilisation abusive de la législation antiterroriste. Depuis 2017, en raison de ses activités et de son travail direct en faveur des droits humains, Khaled W. Al Sabbagh est de plus en plus souvent harcelé, menacé et intimidé.
Le 9 octobre 2024 à 4 heures du matin, Khaled W. Al Sabbagh, qui accompagnait chez lui un client souffrant de troubles mentaux et le frère de ce dernier, a été illégalement arrêté avec ses deux clients par la 12e brigade des forces armées libanaises. L’arrestation a eu lieu après que son client, qui souffre de troubles mentaux, a accusé à tort, lors d’une crise de panique, Khaled W. Al Sabbagh et son propre frère de complot et d’espionnage, de tentative de vol et de meurtre, et d’avoir formé un groupe armé. Le défenseur et ses deux clients ont ensuite été placés en garde à vue par la police militaire. Khaled W. Al Sabbagh n’a pas été autorisé à clarifier sa présence en tant qu’avocat ou à expliquer la situation et l’état mental de son client. Au lieu de cela, sa carte d’identité prouvant son affiliation à l’ordre des avocats de Tripoli a été confisquée, ainsi que son téléphone. Il n’a pas eu le droit d’appeler ou d’informer le barreau de Tripoli de son arrestation, comme l’exige la loi, ni de contacter sa famille.
Le 9 octobre 2024 à 8 heures du matin, Khaled W. Al Sabbagh a été menotté de manière humiliante devant la porte du centre de détention de la police militaire. Au bout de six heures, il a reconnu une collègue avocate qui passait par là et lui a immédiatement demandé d’informer un autre avocat et le barreau de Tripoli de l’endroit où il se trouvait. Il a ensuite été placé dans une petite cellule sous haute surveillance dans un centre de détention de la police militaire des Forces armées libanaises (FAL) à Qoubbeh, Tripoli.
Lorsqu’il était détenu par la police militaire, le défenseur a été interrogé. Tout au long de l’interrogatoire, les policiers ont demandé à plusieurs reprises à Khaled W. Al Sabbagh s’il souhaitait continuer à critiquer le travail du tribunal militaire et des agences de sécurité affiliées. Il a été spécifiquement interrogé sur le contenu d’un podcast qu’il a publié sur la plateforme « AnaHon » dont il est responsable du plaidoyer stratégique et de la communication. Dans ce podcast, Khaled W. Al Sabbagh recevait son collègue avocat et défenseur des droits humains Mohamad Sablouh, et ils ont discuté des violations des droits humains commises par les agences de sécurité libanaises ainsi que des politiques néfastes des agences de sécurité et du tribunal militaire concernant des questions relatives aux procédures telles que l’arrestation et la poursuite de jeunes Libanais, la torture pendant les interrogatoires et le retard dans le traitement des plaintes pour torture et détention illégale.
Le 9 octobre 2024 à 21 h 30, le défenseur a été libéré sans charge. Depuis, Khaled W. Al Sabbagh reçoit de nombreux appels de collègues et de membres de sa communauté l’informant que les agences de sécurité mènent une enquête sur lui concernant les accusations mentionnées ci-dessus. Dans le contexte libanais actuel, les gens se laissent facilement entraîner. Ainsi, éveiller les soupçons des collègues avocats de Khaled W. Al Sabbagh et des membres de la communauté en diffusant des accusations d’espionnage, même après l’abandon des charges criminelles, pourrait mettre en danger la vie du défenseur et des membres de sa famille.
Front Line Defenders est alarmée par la campagne de diffamation menée par les agences de sécurité libanaises contre l’avocat en droits humains Khaled W. Al Sabbagh, en laissant penser qu’il est impliqué dans des actes d’espionnage. Front Line Defenders pense que le harcèlement des avocats en droits humains, tels que Khaled W. Al Sabbagh et Mohamad Sablouh, est un acte de représailles contre leur travail légitime en faveur des droits humains, dans le but de les réduire au silence. L’organisation estime que ces actions peuvent avoir un effet dissuasif sur le travail des avocats et des défenseur⸱ses des droits humains, et rappelle que de telles actions peuvent contribuer à affaiblir l’accès à une assistance juridique efficace et indépendante.