Defenders Beyond Borders (les défenseur-ses au-delà des frontières) : Les défenseur-ses des droits des migrants attaqués en Amérique Centrale, au Mexique et aux États-Unis
Un nouveau rapport conjoint de trois organisations internationales de défense des droits humains a révélé que les défenseur-ses des droits des migrants qui protègent les familles, les réfugiés, les demandeurs d'asile et autres migrants le long des itinéraires de migration du Honduras aux États-Unis sont gravement menacés par des acteurs étatiques et non étatiques. Le rapport, Defenders Beyond Borders (défenseur-ses au-delà des frontières), lancé cette semaine à Washington DC et à Mexico, associe les recherches de Front Line Defenders (FLD), du Programa de Asuntos Migratorios de la Universidad Iberoamericana Tijuana-Ciudad de México - PRAMI (Programme des migrations de l’université ibéro-américaine de Tijuana-Ciudad de México) et du Red TDT, et présente des documents et des comptes rendus de première main des attaques et des arrestations aux États-Unis et au Mexique, perpétrées par les services de douane et de protection des frontières américains, la police fédérale mexicaine, des milices non étatiques et l'armée mexicaine.
Les chercheurs ont interrogé plus de 30 défenseur-ses des droits humains dans 10 villes des deux côtés de la frontière américano-mexicaine et le long des routes migratoires au Mexique, au Honduras, au Guatemala et au Salvador. De nombreux défenseur-ses interrogés sont eux-mêmes des migrants actuels, des réfugiés, des demandeurs d'asile ou des personnes sans papiers.
L'enquête a révélé des dizaines de cas d'agressions, d'arrestations, d'expulsions, de détentions, d'interrogatoires, d'intimidations, de surveillances numériques et de harcèlement infligés à des militants, des journalistes, des humanitaires et des avocats exerçant des activités légitimes et pacifiques dans le domaine des droits humains.
Andrew Anderson, directeur exécutif de Front Line Defenders, a déclaré que le groupe ciblé comprend des avocats et "ceux qui aident les migrants à comprendre et à se préparer aux processus d'immigration légale. Les DDH accompagnant les demandeurs d'asile dans les ports d'entrée américains reçoivent des menaces d'agents armés du CBP. De même, au Mexique, les organisateurs de refuges et les activistes qui accompagnent les migrants dans les processus de régularisation de visas sont menacés - souvent par des militaires - parce qu'ils aident les gens à s'y retrouver dans le système de l’État. "
La riposte de plus en plus militarisée du Mexique face à la migration suit la stratégie américaine de prévention par la dissuasion et la militarisation intentionnelle du désert depuis des décennies, où des milliers de restes humains ont été retrouvés dans les zones frontalières. Cet assaut militarisé contre les défenseur-ses des droits des migrants est particulièrement dangereux pour les femmes DDH, les activistes homosexuels et les organisateurs communautaires sans papiers. Les défenseuses des droits humains au Texas et en Californie reçoivent des menaces de mort explicites à caractère sexuel de la part de comptes de réseaux sociaux pro-Trump et de milices basées à la frontière, tandis que les défenseurs queers sont régulièrement victimes de harcèlement sexuel dans les ports d'entrée américains. Pour les DDH sans papiers, les arrestations liées à leur activisme visible pourraient entraîner une détention indéfinie sous la garde de ICE - où des femmes transsexuelles ont été battues et sont mortes - ou une expulsion."
- Erin Kilbride, Coordinatrice Recherche et Visibilité, Front Line Defenders
Des DDH au Guatemala, au Mexique et aux États-Unis ont été arrêtés, agressés et jugés pour avoir fourni une aide humanitaire, notamment pour avoir distribué de la nourriture, de l'eau et du matériel médical. Des militants à travers le Mexique rapportent que l'armée mexicaine mène de plus en plus de raids, profère de plus en plus de menaces et commet de plus en plus d'actes de harcèlement contre des refuges d'urgence pour les familles de migrants.
Le rapport révèle que les politiques d'immigration exacerbent également les menaces des groupes criminels organisés, qui considèrent souvent que les DDH perturbent les revenus de la traite d'êtres humains. Alors que les défenseur-ses réagissent à l'urgence humanitaire provoquée par les Protocoles de protection des migrants de l'administration Trump, connus sous le nom de "Rester au Mexique", par exemple, ceux qui organisent des refuges et fournissent une aide d'urgence dans les villes frontalières mexicaines font état d'une augmentation marquée des menaces émanant de groupes criminels organisés locaux qui cherchent à tirer profit de l'afflux de migrants vulnérables.