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11 Janvier 2020

Analyse Globale 2019

Analyse Globale 2019  détaille les agressions physiques, les campagnes de diffamation, les menaces à la sécurité numérique, le harcèlement judiciaire et les attaques sexistes auxquelles sont confrontés les DDH et les femmes défenseuses des droits humains (FDDH) à travers le monde. Comme l'ont montré les événements récents de Hong Kong à Bagdad, les DDH sont à l'avant-garde du changement social et font face à des menaces et des risques importants pour ce faire - qu'il s'agisse de revendiquer des libertés civiles et politiques ou de protéger l'environnement et de lutter contre le changement climatique.

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2019 a été caractérisée par des vagues de soulèvements publics d'une ampleur remarquable dans chacune des régions du monde, réclamant des changements dans la façon dont les gens étaient gouvernés. Les défenseurs des droits humains (DDH) ont joué différents rôles dans ces manifestations, allant de l'organisation et de la mobilisation du public au suivi et à la documentation des violations des droits humains, en passant par l'assistance aux personnes blessées ou arrêtées. Les causes des manifestations de rue et des troubles sociaux diffèrent, mais tendent à tourner autour du rejet pur et simple des inégalités économiques profondes, de la corruption endémique et des appels à de plus grands droits civils et politiques. Pourtant, les forces de sécurité ont souvent répliqué en employant une force meurtrière, tandis que les élites dirigeantes des systèmes démocratiques et plus autoritaires étaient sous pression.

En repensant à l'année qui vient de s'achever, Andrew Anderson, directeur exécutif de FLD, constate :

En 2019, nous avons vu des défenseur-ses des droits humains littéralement en première ligne défendre et faire avancer les droits à Hong Kong, au Chili, en Irak, en Algérie, au Zimbabwe, en Espagne et dans de nombreuses autres villes du monde.Et malgré la répression,ils-elles continuent de faire progresser les visions de leurs sociétés et du monde pour jeter la honte non seulement sur leurs propres gouvernements et dirigeants, mais aussi sur la communauté internationale.

Selon les données collectées par Front Line Defenders, en 2019, 304 DDH dans 31 pays ont été ciblés et tués pour leur travail.

Plus que jamais, les défenseuses des droits humains ont pris la tête des luttes pour les droits - et elles en paient un lourd tribut. Malgré des changements sans précédent pour les femmes en Arabie Saoudite, les FDDH telles que Lujain Al-Hathloul et Samar Badawi, qui ont mené la lutte pour le droit de conduire, pour mettre fin au système de tutelle masculine et pour l'égalité d'accès, sont toujours emprisonnées. Dans l'Iran voisin, Nasrin Soutoudeh a été condamnée en mars à 33 ans de prison et 148 coups de fouet, la peine la plus lourde infligée à un DDH en 2019. Bien que les dénonciations d'incidents de violence sexuelle et de harcèlement restent faibles pour un certain nombre de raisons, le programme de subventions de protection de Front Line Defenders a soutenu un nombre sans précédent de FDDH qui ont subi de telles violations.

Aujourd'hui, lors du lancement d'Analyse Globale 2019 à Dublin, la responsable adjointe de la protection à FLD, Meerim Ilyas, a déclaré :

Les menaces et les attaques contre les femmes défenseuses des droits humains prennent des dimensions spécifiques à leur sexe et impliquent souvent des menaces et des violences sexuelles.Les femmes sont punies pour leur travail public en se faisant attaquer leur vie privée et à travers la remise en question de leur rôle de mère, d'épouse et de partenaire. Ce rapport met en évidence la nature complexe des menaces et de l'intimidation contre les FDDH.

Le rapport Analyse globale 2019 documente la façon dont les DDH qui soutiennent et protègent les migrants sont pris pour cible tandis que les gouvernements du monde entier ne parviennent toujours pas à gérer les flux de réfugiés et de migration. Des défenseur-ses des droits des migrants aux États-Unis ont été traduits en justice pour avoir fourni une aide humanitaire aux migrants traversant le désert mortel de Sonora dans le sud-ouest des États-Unis, tandis qu'en Europe, les DDH qui sauvent des vies en Méditerranée ont également été criminalisés et menacés chez eux par des groupes nationalistes de droite. Un citoyen irlandais, Seán Binder, plongeur-sauveteur et secouriste de formation, s'est porté volontaire pour coordonner les opérations de sauvetage civil en Grèce ; il a été arrêté et accusé de blanchiment d'argent, d'espionnage et d'aide à des réseaux de contrebande illégale.

Outre les attaques physiques, la législation restrictive, l'intimidation et les menaces auxquelles sont confrontés les DDH, les autorités ont déployé diverses mesures pour attaquer les DDH et entraver leur travail sur internet et dans l'espace numérique. Les coupures d'Internet, les restrictions de l'accès ou le blocage de certains outils de communication tels que les réseaux sociaux et les messageries instantanées lors des manifestations, des bouleversements sociaux ou des crises étaient courants en 2019. Cela a impacté le travail et la sécurité des DDH de différentes manières ; de toute évidence, à cause des coupures de communication, il était beaucoup plus difficile pour les DDH de signaler les violations des droits humains, de communiquer en toute sécurité, de s'organiser et de se mobiliser.

Le réseau social WhatsApp, populaire pour s'organiser et communiquer, est devenu une menace sérieuse lorsqu'il a été utilisé comme arme contre les DDH dans un certain nombre de cas. Les DDH tibétains ont reçu des messages WhatsApp censés provenir d'ONG et de journalistes qui contenaient des liens destinés à permettre l'installation de logiciels espions sur leurs téléphones en cas de clic. Dans un autre cas, le logiciel Pegasus créé par le groupe israélien NSO a été impliqué dans une attaque contre des DDH marocains.

Malgré le contexte difficile dans lequel les DDH ont travaillé en 2019, ils restent à l'avant-garde pour générer un changement social positif :

  • Les groupes féministes mexicains et des FDDH ont célébré la loi sur l'avortement dans l'État d'Oaxaca, devenu le premier État du pays à dépénaliser l'avortement depuis sa légalisation à Mexico City il y a 12 ans.
  • En Jordanie, le Parlement a retiré le projet de loi sur la cybercriminalité en février, grâce aux énormes pressions des militants des droits humains et des organisations de la société civile. Le projet de loi restreignait la liberté d'expression et le droit à la vie privée.
  • Les défenseurs russes des droits LGBTI+ ont réussi à gagner de la visibilité et un soutien public, y compris au sein des organisations traditionnelles des droits humains. Leurs événements ont attiré de nombreux partisans et ont reçu une large couverture médiatique, bien que l'interdiction de la "propagande homosexuelle" constitue une menace qui peut être appliquée à tout moment.

Front Line Defenders continue de travailler avec les DDH pour promouvoir leur sécurité avec plusieurs programmes de protection. En plus de formations sur la gestion des risques et la protection numérique, le plaidoyer au niveau national, international et européen, la relocalisation d'urgence, Front Line Defenders a octroyé plus de 620 subventions de protection aux DDH en danger en 2019. Front Line Defenders travaille aussi avec des DDH pour concevoir des campagnes de visibilité afin de contrecarrer les campagnes de diffamation et de calomnie qui les mettent en danger.