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Le gouvernement menace Transparencia Venezuela

Statut: 
Menacé
À propos de la situation

Depuis le 10 septembre 2018, l'organisation contre la corruption Transparencia Venezuela reçoit des menaces de mort de la part de représentants du gouvernement et elle est la cible d'une campagne de diffamation orchestrée par le gouvernement. Ces actes rentrent dans le cadre d'un large effort du gouvernement vénézuélien afin d'intimider et réduire au silence les personnes et organisations qui dénoncent les violations des droits humains et la corruption du gouvernement.

À propos de Transparencia Venezuela

org_transparencia_venezuelaEn tant que branche nationale de l'organisation Transparency International, Transparencia Venezuela promeut l'élimination de la corruption dans le pays, en cherchant et analysant le budget national, les politiques publiques, le développement, les contrats privés et en évaluant l'action générale des fonctionnaires dans la lutte contre la corruption. Récemment, Transparencia Venezuela a publié un rapport complet dans lequel elle soulève l'implication du gouvernement vénézuélien dans le scandale de corruption internationale Odebrecht et dénonce la négligence du gouvernement pour apporter une réponse à l'actuelle crise économique et politique.

20 Septembre 2018
Campagne de diffamation et menaces contre Transparencia Venezuela de la part du gouvernement

Depuis le 10 septembre 2018, l'organisation contre la corruption Transparencia Venezuela reçoit des menaces de mort de la part de représentants du gouvernement et elle est la cible d'une campagne de diffamation orchestrée par le gouvernement. Ces actes rentrent dans le cadre d'un large effort du gouvernement vénézuélien afin d'intimider et réduire au silence les personnes et organisations qui dénoncent les violations des droits humains et la corruption du gouvernement.

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Le 10 septembre 2018, la directrice exécutive de Transparencia Venezuela, Mercedes De Freites, a participé a une réunion avec le Conseil de sécurité de l'ONU pour parler des pratiques de corruption au sein du gouvernement vénézuélien et plus généralement de la crise actuelle. Plusieurs délégations de l'ONU, dont Nikki Haley, représentante des États-Unis, ont accusé de hauts-dignitaires vénézuéliens de corruption et de trafic de drogue. Après la réunion, les représentants du gouvernement ont fait des déclarations menaçant et stigmatisant les personnes qui ont participé à la réunion.

Plus tard dans la journée, le président Nicolas Maduro a annoncé à la télévision nationale que son gouvernement prendrait des mesures contre "la campagne internationale de diffamation contre le Venezuela". Le président a également affirmé que la campagne internationale qui parle de crise humanitaire dans le pays est menée par les défenseur-ses des droits humains et les gouvernements étrangers pour justifier une intervention militaire ou une attaque terroriste dans le pays.

Pedro Carreño, représentant de l'Assemblée nationale constituante, a rejeté les allégations de corruption contre les dignitaires vénézuéliens lors d'un discours le 12 septembre 2018. Il a aussi menacé les personnes qui critiquent le gouvernement : "Nous ne pouvons pas les laisser poursuivre nos camarades sur ces terrains (...) nous devons en finir... nous devons les emmerder, nous devons leur faire la peau" (1). La Ministre des affaires pénitenciaires, Iris Varela, a soutenu les déclarations de Pedro Carreño sur Twitter et a ajouté "Quand allons nous, les révolutionnaires, arrêter de tendre l'autre joue? [...] ceux qui nous cherchent vont le payer, un point c'est tout" (2).

Le 13 septembre 2018, le blog contrôlé par l'État Misión Verdad (Mission vérité) a posté un article qui taxait Transparencia Venezuela d'organisation fondée et dirigée par le gouvernement des États-Unis, l'Union européenne et le fond de financement KKR. L'article affirmait que la directrice exécutive de Transparencia Venezuela avait participé à la réunion avec le Conseil de sécurité de l'ONU pour conforter une attaque internationale contre le gouvernement vénézuélien menée par le gouvernement américain.

Ce n'est pas la première fois que Transparencia Venezuela ou sa directrice exécutive sont prises pour cible, directement ou indirectement, par de hauts dignitaires du gouvernement vénézuélien. L'organisation a recensé au mois 12 attaques entre 2017 et 2018, en particulier à cause de leur coopération avec des organisations internationales et des mécanismes de protection des droits humains. Front Line Defenders a récemment signalé plusieurs cyber-attaques contre Transparencia Venezuela. La dernière attaque du gouvernement confirme un schéma de harcèlement contre l'organisation.

Les dignitaires du gouvernement vénézuélien taxent régulièrement les défenseur-ses des droits humains de criminels ou d'alliés du gouvernement américain agissant contre les intérêts du Venezuela. De hauts dignitaires, les médias et la presse écrite contrôlés par l'État stigmatisent les DDH par le biais de campagnes permanentes visant à discréditer leur travail et en les accusant de tenter de déstabiliser le gouvernement. La Commission interaméricaine des droits humains a confirmé que les campagnes de diffamation et les attaques contre les défenseur-ses des droits humains au Venezuela n'affectent pas que leur intégrité personnelle, leur honneur et la présomption d'innocence, mais cela aggrave également le climat d'intolérance contre le travail des défenseur-ses des droits humains.

Front Line Defenders fait part de son inquiétude à propos des attaques contre l'équipe de Transparencia Venezuela et contre la réputation générale de l'organisation, car tout cela semble viser à discréditer leur travail dans le pays. Front Line Defenders condamne les grossièretés et les menaces proférées par les hauts dignitaires du gouvernement contre les défenseur-ses des droits humains et les partisans de l'opposition, car non seulement de telles attaques et les campagnes de diffamation nuisent au travail des DDH mais elles entrainent une augmentation des violences à leur encontre.

Front Line Defenders exhorte les autorités vénézuéliennes à:

1. Prendre immédiatement des mesures pour faire en sorte que les dignitaires du gouvernement, les médias contrôlés par l'État et les autres personnalités publiques s'abstiennent de stigmatiser le travail légitime de l'organisation Transparencia Venezuela et ses membres ;

2. Ouvrir immédiatement une enquête approfondie et impartiale sur les déclarations diffamatoires et les menaces proférées par des fonctionnaires, dans le but de publier les résultats et de traduire les responsables en justice conformément aux normes internationales ;

3. Garantir qu’en toutes circonstances, tous-tes les défenseur-ses des droits humains au Venezuela puissent mener à bien leurs actions légitimes en faveur des droits humains, sans craindre ni restrictions ni représailles, y compris l'acharnement judiciaire.

(1) Citation originale en espagnol: “No podemos dejar que persigan a ningún camarada en el terreno que sea... a los escuálidos hay que joderlos, hay que escoñetarlos”. Escoñetar: mot d'argot vénézuélien qui signifie blesser quelqu'un physiquement et avec violence.

(2) Citation originale en espagnol: “Totalmente de acuerdo con mi hermano Pedro Carreño. ¿Hasta cuándo vamos a poner los revolucionarios la otra mejilla. Escuálido que siga jodiendo la debe pagar y punto.”