Roman Anin et Ekaterina Fomina arrêtés par contumace
Le 17 juin 2024, le tribunal du district de Drogomilov à Moscou, en Russie, a arrêté par contumace les défenseur⸱ses des droits humains et journalistes Roman Anin et Ekaterina Fomina. Leur arrestation est motivée par les accusations de diffusion de « fausses informations » à propos des actions du personnel militaire russe en Ukraine. La Cour a émis un mandat d’arrêt à l’encontre des deux défenseur⸱ses des droits humains.
iStories (Important Stories) publie des articles d’investigation sur la corruption endémique et les diverses violations des droits humains en Russie. Depuis le début de la guerre à grande échelle menée par la Russie en Ukraine, iStories s’attache à enquêter sur les crimes commis par l’armée russe en Ukraine, notamment l’enlèvement d’enfants ukrainiens et leur déportation forcée en Russie.
Le 17 juin 2024, le tribunal du district de Drogomilov à Moscou, en Russie, a arrêté par contumace les défenseur⸱ses des droits humains et journalistes Roman Anin et Ekaterina Fomina. Leur arrestation est motivée par les accusations de diffusion de « fausses informations » à propos des actions du personnel militaire russe en Ukraine. La Cour a émis un mandat d’arrêt à l’encontre des deux défenseur⸱ses des droits humains.
Roman Anin est défenseur des droits humains et journaliste. Il est le fondateur et le rédacteur en chef du média iStories (Important Stories), qui publie des articles d’investigation sur la corruption endémique et les diverses violations des droits humains en Russie. Depuis le début de la guerre à grande échelle menée par la Russie en Ukraine, iStories s’attache à enquêter sur les crimes commis par l’armée russe en Ukraine, notamment l’enlèvement d’enfants ukrainiens et leur déportation forcée en Russie. Roman Anin a reçu certains des prix les plus prestigieux du journalisme d’investigation russe, notamment le prix Artem Borovik, le prix Youlian Semenov et le prix Andrey Sakharov. Il a également été membre de l’équipe d’enquête sur les Panama Papers qui a reçu le prix Pulitzer du reportage explicatif en 2017.
Ekaterina Fomina est défenseuse des droits humains et journaliste. Elle collabore avec divers médias russes de premier plan dans le domaine des droits humains, notamment Novaya Gazeta et iStories. Elle est l’ancienne rédactrice en chef de « Glasnaya », un média féministe qui fait entendre la voix des femmes, brise les stéréotypes de genre et fait progresser l’égalité entre les hommes et les femmes. Le travail actuel d’Ekaterina Fomina se concentre sur les crimes commis par l’armée russe dans le cadre de l’invasion à grande échelle de l’Ukraine, y compris l’instrumentalisation de la violence sexuelle et sexualisée.
Le 17 juin 2024, le tribunal du district de Drogomilov à Moscou, en Russie, a arrêté par contumace les défenseur⸱ses des droits humains et journalistes Roman Anin et Ekaterina Fomina. Le 10 janvier 2024, les enquêteurs militaires du Comité d’enquête de la Fédération de Russie ont engagé une procédure pénale contre Ekaterina Fomina pour une publication concernant les crimes commis par l’armée russe en Ukraine, qu’elle a écrite pour iStories en août 2022. Dans cette publication, Ekaterina Fomina a interviewé un officier militaire russe qui a avoué avoir exécuté un civil ukrainien non armé dans le village d’Andriivka, situé dans le district de Bucha de la région de Kiev en Ukraine. La même interview a révélé la chaîne de commandement de l’action militaire à Andriivka, un village aujourd’hui entièrement détruit par l’armée russe, car l’officier interviewé a révélé les noms des commandants qui ont donné l’ordre d’exécuter les civils.
Pour ce travail journalistique, les autorités russes ont accusé Ekaterina Fomina d’avoir diffusé publiquement de « fausses informations sur le déploiement de l’armée russe et l’exercice de ses pouvoirs par les organes de l’État », ce qui constitue une infraction pénale en vertu de la partie 2 (b, g) de l’article 207.3 du Code pénal de la Fédération de Russie. Roman Anin a déclaré qu’il n’avait pas connaissance d’une procédure pénale à son encontre et qu’il supposait qu’il était poursuivi en tant que rédacteur en chef d’iStories.
Au début de la guerre à grande échelle en Ukraine en février 2022, les autorités russes ont introduit de nouvelles lois sur la censure en temps de guerre, visant à faire taire les voix qui critiquent la politique de violence et d’occupation menée par l’État. Depuis lors, la Fédération de Russie s’en prend systématiquement aux défenseur⸱ses des droits humains, aux avocats et aux journalistes qui condamnent publiquement la guerre menée par la Russie en Ukraine. En 2022, le Comité d’enquête de la République d’Ingouchie a lancé trois poursuites pénales contre la défenseuse des droits humains Isabella Evloeva. À l’été 2022, le défenseur des droits humains et avocat Dmitry Talantov a été arrêté et placé en détention préventive pour les déclarations anti-guerre qu’il a publiées sur Facebook. En 2023, la défenseuse Svetlana Anokhina a fait l’objet de poursuites pénales à cause de messages non spécifiés sur les réseaux sociaux. En février 2024, le défenseur Oleg Orlov a été condamné à deux ans et demi de prison pour avoir « discrédité » à plusieurs reprises les forces armées russes.
Front Line Defenders condamne la persécution criminelle et l’arrestation par contumace des défenseur⸱ses des droits humains et journalistes Ekaterina Fomina et Roman Anin. L’organisation insiste sur le fait que l’ajout au Code pénal de la Fédération de Russie d’une série d’articles contre le « discrédit » de l’armée russe et les « fausses informations » favorise la censure dans le pays. Front Line Defenders réitère son inquiétude quant à l’utilisation systématique et abusive des nouvelles lois sur la censure pour réduire au silence les défenseur⸱ses des droits humains, les avocats et les journalistes en Russie.
Front Line Defenders exhorte la Fédération de Russie à :
- Cesser immédiatement et sans condition de prendre pour cible les défenseur⸱ses des droits humains et journalistes Ekaterina Fomina et Roman Anin, et abandonner tous les mandats d’arrêt et de perquisition lancés contre eux ;
- Abroger l’ensemble des articles du Code pénal et du Code des infractions administratives de la Fédération de Russie sur le « discrédit » et les « fausses informations » au sujet des actions de l’armée russe, car ils limitent la liberté d’expression et sont utilisés par les autorités pour cibler de manière disproportionnée les défenseur⸱ses des droits humains et les journalistes ;
- Garantir qu’en toutes circonstances, tous les défenseur⸱ses des droits humains en Fédération de Russie, puissent mener à bien leurs actions légitimes en faveur des droits humains, sans craindre ni restrictions ni représailles, conformément aux obligations et engagements internationaux de la Fédération de Russie en matière de droits humains.