Assassinat du défenseur de l'environnement et des populations autochtones Juan Ontiveros Ramos
Le 1er février 2017, le corps du défenseur de l'environnement et des droits des populations autochtones Juan Ontiveros Ramos, qui appartenait au peuple Rarámuri, a été retrouvé dans la municipalité de Guadalupe y Calvo, dans l'État de Chihuahua.
Juan Ontiveros Ramos était défenseur de l'environnement et des droits du peuple autochtone Rarámuri, duquel il était également une autorité traditionnelle dans la communauté de Choreáchi. Le défenseur a consacré sa vie à combattre les exploitations forestières et les expropriations illégales destinées à des cultures illégales sur les terres ancestrales du peuple Rarámuri dans la Sierra Tarahumara. Juan Ontiveros Ramos avait aussi été nommé par sa communauté pour superviser leur sécurité.
Le 1er février 2017, le corps du défenseur de l'environnement et des droits des populations autochtones Juan Ontiveros Ramos, qui appartenait au peuple Rarámuri, a été retrouvé dans la municipalité de Guadalupe y Calvo, dans l'État de Chihuahua.
Download the Urgent Appeal (PDF)
Le 31 janvier 2017, des hommes armés ont intercepté le véhicule conduit par Juan Ontiveros Ramos. Son frère était également à bord. Ils ont été violemment passés à tabac avant que les agresseurs ne partent avec le défenseur. Son frère a été laissé sur les lieux de l'agression. Le 1er février, le corps de Juan Ontiveros Ramos a été retrouvé à Guadalupe y Calvo.
Peu avant, le 20 janvier 2017, le défenseur avait participé à une réunion avec des membres de l'organisation non gouvernementale Alianza Sierra Madre et du Centro de Derechos Humanos de las Mujeres (CEDEHM) et les autorités gouvernementales, dont des représentants du parquet général et de l'Unité des droits humains du ministère de l'Intérieur (Unidad de Derechos Humanos de la Secretaría de Gobernación). L'objectif de cette réunion était de parler de la situation à laquelle la communauté est exposée, ainsi que des menaces contre la propriété de leurs terres ancestrales.
Le 2 février 2017, le procureur général du Chihuahua (FGE) a déclaré qu'il a identifié, avec certitude, le coupable et un complice, et qu'il a déterminé que le motif du crime est un acte de représailles personnel. Front Line Defenders est préoccupée par le fait que le procureur général ait pu tirer de telles conclusions seulement un jour après l'assassinat, ce qui indique qu'il n'y a très probablement pas eu d'enquête exhaustive, impartiale et transparente. En outre, la famille du défenseur n'a pas été tenue au courant des conclusions présumées avant les déclarations du procureur, contrairement à la procédure établie. Dans son second rapport sur la situation des défenseur-ses des droits humains sur le continent américain, la Commission interaméricaine des droits humains (CIDH) a listé les bonnes pratiques lors d'une enquête sur un crime contre des défenseur-ses des droits humains; cela inclut le devoir des autorités de prendre en compte les représailles contre leur travail en faveur des droits humains lors des enquêtes, mais aussi de protéger les membres de leur famille.
L'assassinat du défenseur des droits humains Juan Ontivero Ramos s'est produit deux semaines après l'assassinat d'Isidro Baldenegro, lauréat du Goldman Environmental Prize 2005, un défenseur des populations autochtones et de l'environnement appartenant au peuple Rarámuri, qui travaillait aussi pour combattre les exploitations forestières illégales dans la Sierra de Tarahumara.
Front Line Defenders condamne fermement l'assassinat du défenseur des droits humains Juan Ontivero Ramos, ainsi que la persécution systématique et les violences contre les défenseurs de l'environnement et des populations autochtones et leurs communautés dans la Sierra Tarahumara. Front Line Defenders rappelle la déclaration du Rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits humains, Michel Forst: Lors de sa récente visite au Mexique, le Rapporteur a souligné la nécessité de traduire en justice les coupables de l'assassinat de Juan Ontivero Ramos et Isidro Baldenegro, ainsi que de combattre l'impunité en cas de crimes contre les défenseur-ses des droits humains, notamment en prenant des mesures pour empêcher d'autres agressions.
Front Line Defenders exhorte les autorités mexicaines à:
1. Condamner fermement l'assassinat de Juan Ontivero Ramos;
2. Mener immédiatement une enquête minutieuse et impartiale sur l'assassinat de Juan Ontivero Ramos, dans le but de publier les conclusions et de traduire les coupables en justice conformément aux normes internationales, en particulier aux normes établies par la CIDH sur les enquêtes lors de crimes contre les défenseur-ses des droits humains, qui incluent la prise en compte des représailles à cause de leur travail en faveur des droits humains comme fil conducteur de l'enquête et la protection de leur famille pendant l'enquête;
3. Prendre toutes les mesures, en accord avec les défenseur-ses, pour garantir l'intégrité physique et psychologique et la sécurité des autres défenseurs de l'environnement et des populations autochtones qui travaillent dans la Sierra Tarahumara, ainsi que celle de leur famille, notamment par le biais de l'application totale des mesures de précaution n° 60-14 accordées par la CIDH;
4. Prendre des mesures pour garantir que les membres du gouvernement ou d'autres personnalités publiques s'abstiennent de faire des déclarations qui peuvent compromettre l'intégrité, la transparence et l'impartialité de l'enquête sur l'assassinat de Juan Ontivero Ramos;
5. Garantir qu’en toutes circonstances, tous-tes les défenseur-ses des droits humains au Mexique puissent mener à bien leurs actions légitimes en faveur des droits humains, sans craindre ni restrictions ni représailles, y compris l'acharnement judiciaire.
