Expulsion d'Ana Quirós
Le 26 novembre 2018, les autorités nicaraguayennes ont expulsé la défenseuse des droits humains Ana Quirós, ressortissante costa ricaine et nicaraguayenne. Cette expulsion fait partie d'une plus vaste campagne de diffamation et de répression contre les mouvements féministes au Nicaragua.
Ana Quirós est une défenseuse des droits humains féministe ; elle est experte en santé publique et directrice de l'organisation non gouvernementale Centro de Información y Servicios de Asesoría en Salud (centre d'information et de service de conseil de santé). Elle est ressortissante costa ricaine, naturalisée nicaraguayenne ; elle travaille au Nicaragua depuis plus de 40 ans, où elle promeut les droits socio-culturels et plus particulièrement le droit à la santé.
Le 26 novembre 2018, les autorités nicaraguayennes ont expulsé la défenseuse des droits humains Ana Quirós, ressortissante costa ricaine et nicaraguayenne. Cette expulsion fait partie d'une vaste campagne de diffamation et de répression contre les mouvements féministes au Nicaragua.
Ana Quirós a été convoquée à une audience à la Dirección General de Migración y Extranjería (direction générale de l'immigration et des ressortissants étrangers), où elle a été menottée et placée en détention avec des prisonniers politiques dans la prison d'el Chipote pendant plus de cinq heures. La défenseuse a été expulsée vers le Costa Rica le 26 novembre 2018, hors de toute procédure officielle et sans la possibilité de se défendre. Pendant tout ce temps, les autorités n'ont donné aucune information à propos de l'endroit où elle se trouvait. Le consulat du Costa Rica a suivi cette affaire et a plaidé en faveur d'Ana Quirós.
Elle aurait été expulsée en représailles à sa participation à une conférence de presse donnée par des mouvements féministes nicaraguayens, lors de laquelle les militantes ont annoncé l'annulation d'une manifestation qui était prévue à l'occasion de la Journée internationale pour l'éradication des violences faites aux femmes le 25 novembre. Le 23 novembre 2018, plusieurs leaders féministes n'avaient pas été autorisées à enter dans un établissement de la police à Managua, où elles souhaitaient demander l'autorisation de manifester.
La déportation d'Ana Quirós a eu lieu après plusieurs tentatives des autorités nicaraguayennes visant à affaiblir les mouvements féministes dans le pays. Le 23 novembre, la vice-présidente du Nicaragua, Rosario Murillo, a fait un discours dans lequel elle a présenté les femmes féministes comme étant responsables des crimes commis au Nicaragua lors des récents soulèvements. Elle a réclamé des peines pour leurs actions "égoïstes, vaniteuses et aveuglément intéressées".
Ce jour-là, les autorités ont décidé d'interdire le carnaval traditionnel organisé à l'occasion de la journée internationale pour l'éradication des violences faites aux femmes, qui se tient depuis 25 ans à Matagalpa. Bien qu'elle ait préalablement autorisé la marche, la police a occupé les points de rencontres fixés et le siège du Colectivo de Mujeres de Matagalpa (Collectif des femmes de Matagalpa), pour empêcher les gens de se réunir.
La Dirección General de Migración y Extranjería - DGME, a révoqué le permis de résidence des défenseuses des droits humains féministes espagnoles Ana María Ara et María Jesús Ara, et de la suissesse Beatriz Uber, membres du Colectivo, et a mis un terme à leur procédure de demande de citoyenneté. Elles ont été contraintes de signer un document déclarant qu'elles s'abstiendraient de participer à tout rassemblement politique et qu'elle se présenteraient devant les autorités tous les 15 jours.
Front Line Defenders est préoccupée par l'utilisation de l'interdiction préalable d'une manifestation sociale par les autorités nicaraguayennes, et par les actions de la Dirección General de Migración y Extranjería contre les défenseuses des droits humains. Front Line Defenders est particulièrement préoccupée par l'expulsion de la défenseuse des droits humains Ana Quirós, compte tenu du non respect des procédures officielles et de l'absence de disposition juridique relative à l'expulsion de ressortissants nicaraguayens.
Front Line Defenders exhorte les autorités du Nicaragua à :
1. Annuler immédiatement et sans condition l'expulsion d'Ana Quirós ;
2. Restituer immédiatement et sans condition le permis de résidence des défenseuses des droits humains Ana María Ara, María Jesús Ara et Beatriz Uber, et garantir leur protection tant qu'elles sont au Nicaragua ;
3. Prendre des mesures pour garantir que les membres représentants de l'État s'abstiennent de faire des déclarations à l'encontre ou de stigmatiser le travail des défenseuses des droits humains ;
4. Prendre toutes les mesures nécessaires pour permettre l'exercice du droit à la libre association et le droit de manifester pacifiquement au Nicaragua, en particulier pour les femmes défenseuses des droits humains ;
5. Garantir qu’en toutes circonstances, tous-tes les défenseur-ses des droits humains au Nicaragua puissent mener à bien leurs actions légitimes en faveur des droits humains, sans craindre ni restrictions ni représailles, y compris l'acharnement judiciaire.