Amadou Tidjane Diop transféré dans le centre de détention de Zouérat
Le 30 juin 2016, la police Mauritanienne a arrêté deux défenseurs des droits humains M. Amadou Tidjane Diop et M. Abdellahi Matalla Saleck et les ont conduit dans deux lieux de détention différents. Amadou Tidjane Diop est actuellement détenu à un commissariat de police dans un quartier du capital, Nouakchott. Abdellahi Matalla Saleck est détenu au secret sans que sa famille soit informée de son lieu de détention .
Amadou Tidjane Diop est le troisième vice-président de l'Initiative pour la Résurgence du Mouvement Abolitionniste – IRA, une organisation mauritanienne qui œuvre pour l'abolition de l'esclavage dans le pays et qui aide les victimes de l'esclavage à reconstruire leurs vies.
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- À propos de
- 30 Novembre 2016 : Décision rendue lors de l'appel contre les peines de prison de 13 membre de l'IRA-Mauritanie
- 28 Septembre 2016 : Amadou Tidjane Diop transféré dans le centre de détention de Zouérat
- 1 Juillet 2016 : Deux défenseurs des droits humains, leaders de l’organisation IRA, arrêtés et détenus dans un lieu inconnu
Le 18 novembre 2016, la cour d'appel de Zouérat a examiné l'appel de 13 membres de l'IRA-Mauritanie. Après l'audience, 10 membres ont été reconduits à Nouakchott et ensuite relâchés, tandis que trois ont été maintenus en détention à Zouérat.
La cour d'appel a réduit les peines des 13 membres d'IRA-Mauritanie; elle a acquitté et libéré trois des 13 membres. Messieurs Jemal Ould Samba, Ousmane Lo, et Ousmane Anne ont été acquittés, car la cour n'a pas trouvé les preuves suffisantes pour confirmer leur peine.
Concernant messieurs Hamady Lehbouss, Amadou Tidjane Diop, Ahmed Hamdy Hamar Vall, Balla Touré, Kattry Ould M’Barek, Ahmed Mohamed Jaroullah, et Mohamed Daty, la cour d'appel a confirmé leur peine pour avoir contribué à une organisation non reconnue. Leurs peines ont été réduites, passant de un an à huit mois de prison avec sursis. Il a été décidé que ces sept défenseurs ont déjà purgé leurs peines et ainsi ils ont été libérés.
Parmi les trois membres de l'IRA-Mauritanie qui sont toujours détenus à Zouérat il y a Abdallahi Abou Diop, dont la peine est passée de un an à six mois avec sursis pour avoir incité à former un rassemblement non armé. La cour d'appel a réduit les peines de Moussa Biram et Abdellahi Matalla Saleck de trois ans de prison à un an avec sursis pour avoir incité à former un rassemblement non armé dans le but de menacer l'ordre public.
Les avocats d'IRA-Mauritanie ont déclaré qu'ils allaient faire appel de la décision devant la cour suprême de Mauritanie.
Le 28 septembre 2016, 13 défenseurs des droits humains de l'organisation Initiative pour la Résurgence du Mouvement Abolitionniste Mauritanie – IRA, ont été transférés de la prison de Dar-Naim à Nouakchott vers un centre de détention à Zouérat, à plus de 700 kilomètres de leurs familles et avocats. Alors que l'appel de leur inculpation est toujours en cours, il est à craindre que ce transfert affecte leur accès à une représentation légale et donc, leur droit à la défense.
L'IRA-Mauritanie œuvre pour l'éradication de l'esclavage en Mauritanie, car de nombreux descendants d'esclaves sont toujours privés de leurs droits humains fondamentaux, et ce bien que l'esclavage ait officiellement été aboli en 1981. L'IRA-Mauritanie a reçu deux prix internationaux pour son travail, l'Human Rights Tulip award 2015 et le James Lawson Award 2016 de l'International Center for Nonviolent Conflict. Le président de l'IRA-Mauritanie, M. Biram Dah Abeid a reçu le Prix Front Line Defenders 2013, le prix des Nations Unies 2013 pour les droits humains, et il est l'un des Héros de la lutte contre la traite des personnes (U.S. Department of State Trafficking In Persons Report Hero).
Entre le 29 juin et le 4 juillet 2016, 13 membres de l'IRA-Mauritanie, dont messieurs Abdellahi Matalla Saleck, Amadou Tidjane Diop, et Hamady Lehbouss, ont été arrêtés à Nouakchott et conduits dans différents centres de détention sans être informés des raisons de leur arrestation. Les arrestations faisaient suite aux émeutes qui ont éclaté près de Nouakchott le 29 juin 2016, organisées par les Hratines car les autorités prévoyaient de détruire les bidonvilles pour mettre en place un plan de développement alternatif. Bien qu'aucun membre d'IRA-Mauritanie n'ait participé à ces émeutes, les autorités les ont arrêtés et condamnés le 18 août 2016 pour divers chefs d'accusation liés aux manifestations à des peines allant de 3 à 15 ans de prison.
Le 22 août 2016, l'équipe de défense des 13 défenseurs a fait appel de leur inculpation; l'appel est toujours en cours. À ce jour, aucune date n'a été fixée pour l'appel; les procédures se dérouleront à Nouakchott alors que les 13 défenseurs ont été transférés à Zouérat, une ville située à plus de 700 kilomètres de la cour d'appel. Les 13 défenseurs devraient être transférés dans une prison de Bir Moghrein, à près de 1200 kilomètres de Nouakchott. La distance entre leur nouveau lieu de détention et Nouakchott affectera leur accès à une représentation juridique et par conséquent leur droit à la défense.
L'acharnement judiciaire contre les membres d'IRA-Mauritanie fait partie d'une campagne de harcèlement contre les défenseur-ses des droits humains en Mauritanie Le président d'IRA-Mauritanie M. Biram Dah Abeid et le vice-président M. Brahim Bilal Ramdhane avaient été arrêtés pour "rassemblement illégal et révolte, incitation à la révolte, et refus de respecter les ordres des autorités administratives". Après 18 mois de prison, ils ont été libérés le 17 mai 2016 sur ordre de la Cour suprême.
Front Line Defenders est préoccupée par le transfert des 13 défenseurs à Zouérat compte tenu de l'éloignement de leurs familles, avocats et médecins. Compte tenu de l'acharnement continu contre les membres d'IRA-Mauritanie, Front Line Defenders pense que cette décision est motivée par leurs activités légitimes en faveur des droits humains.
Front Line Defenders exhorte les autorités mauritaniennes à:
1. Libérer immédiatement et sans condition les 13 défenseurs des droits humains et infirmer les peines prononcées contre eux, car il semble qu'ils soient pris pour cible uniquement à cause de leur travail légitime et pacifique en faveur des droits humains;
2. Prendre les mesures nécessaires afin de garantir l'intégrité physique et psychologique et la sécurité des 13 défenseurs;
3. Garantir qu’en toutes circonstances, tous-tes les défenseur-ses des droits humains en Mauritanie, puissent mener à bien leurs actions légitimes en faveur des droits humains, sans craindre ni restrictions ni représailles.
Le 30 juin 2016, la police Mauritanienne a arrêté deux défenseurs des droits humains M. Amadou Tidjane Diop et M. Abdellahi Matalla Saleck et les ont conduit dans deux lieux de détention différents. Amadou Tidjane Diop est actuellement détenu à un commissariat de police dans un quartier du capital, Nouakchott. Abdellahi Matalla Saleck est détenu au secret sans que sa famille soit informée de son lieu de détention .
Le matin du 30 juin 2016, aux alentours de 9 heures, six éléments de la police Mauritanienne, vêtus en civil, ont fait irruption dans le domicile d’Amadou Tidjane Diop et ont procédé à fouiller dans sa maison et à l’arrêter pour des raisons non-encore élucidées. Il est rapporté que les policiers se seraient introduits dans la maison du défenseur des droits humains sans mandat et, au début, n’ont pas daigné expliciter le lieu où ils allaient le détenir. Abdellahi Matalla Saleck a été arrêté le même jour. Des informations non encore confirmées indiquent que ces deux arrestations auraient un lien avec une manifestation de jeunes, la veille, qui a culminé à un affrontement entre les jeunes manifestants et les policiers qui essayaient de les disperser. Cependant, ni Amadou Tidjane Diop, ni Abdellahi Matalla Saleck ne participaient dans l’organisation de la manifestation, et les deux défenseurs des droits humains n’y étaient pas présents non plus.
Il est rapporté qu’Amadou Tidjane Diop souffre de problèmes cardiaques chroniques. Le défenseur des droits humains se rend fréquemment à son cardiologue pour des traitements médicaux concernant sa condition cardiaque, et il a besoin de suivre un régime strict de médicaments.
Les militants anti-esclavagistes en Mauritanie font l’objet de harcèlement et intimidation à plusieurs reprises de la part des autoritités. A peine un mois de cela, M. Biram Dah Abeid et M. Brahim Bilal, respectivement président et premier vice-président d’Ira-Mauritanie, ont été remis en liberté après plus d’une année et demi de détention. Ils avaient été arrêtés et traduits en justice après avoir pris part à une campagne pacifique visant à sensibiliser la population au sujet des droits à la terre des descendants d’esclaves. En outre, il est rapporté que d’autres membre de l’IRA-Mauritanie étaient ciblés dans une vague des arrestations du 30 juin au 1 juillet.
Front Line Defenders est préoccupée par l’arrestation d‘Amadou Tidjane Diop et Abdellahi Matalla Saleck et les autres membres de l’IRA-Mauritanie. Sachant que les membres de l’IRA-Mauritanie ont été harcelés à plusieurs reprises, Front Line Defenders croit que leur arrestation aurait pu été motivée par leurs activités légitimes pour la défense des droits humains.
Front Line Defenders exhorte les autorités Mauritaniennes à :
1. Assurer la libération immédiate et sans condition d’Amadou Tidjane Diop et Abdellahi Matalla Saleck;
2. Prendre toutes les mesures nécessaires afin de garantir l’intégrité physique et psychologique d’Amadou Tidjane Diop et Abdellahi Matalla Saleck;
3. Veiller à ce que tous les défenseurs des droits humains en Mauritanie, exerçant leurs activités légitimes de défense des droits humains, soient en mesure d'opérer sans restrictions ni représailles, y compris le harcèlement judiciaire.