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Tentatives d'accaparement des terres, menaces et intimidations contre des défenseur-ses des droits des peuples autochtones

Statut: 
Menaces et intimidations
À propos de la situation

Le 21 juillet 2020, le défenseur des droits humains et chef autochtone José Enrique Ortíz a été menacé de mort par un accapareur de terres connu pour avoir ciblé les communautés autochtones de Salitre. Quelques jours plus tard, le 26 juillet, un groupe de propriétaires terriens a menacé et intimidé les familles de la communauté Maleku qui possèdent des terres restituées sur le territoire autochtone Maleku. Le 27 juillet, le terrain de Crun Shurínz a été envahi par des accapareurs qui l'ont gravement endommagé. Les défenseurs des droits autochtones Pablo Sibas Sibas et Roberth Morales Villafuerte, tous deux membres de la communauté autochtone de Brörán, propriétaire de la terre, ont été menacés de mort au cours de l'incident.

À propos de Roberth Morales Villafuerte

Roberth Morales Villafuerte est un dirigeant autochtone Brörán au sein du Conseil supérieur de Brörán-Térraba ; il milite pour le coordonnateur Sud-Sud et défend les droits des populations autochtones au Costa Rica. Il est porte-parole des processus de paix, cherchant à réduire la violence structurelle, physique et symbolique contre le peuple Brörán. En raison de son travail, le défenseur est menacé et victime de discrimination de la part des autorités locales et des accapareurs de terres.

30 Juillet 2020
Tentatives d'accaparement des terres, menaces et intimidations contre des défenseur-ses des droits des peuples autochtones

Le 21 juillet 2020, le défenseur des droits humains et chef autochtone José Enrique Ortíz a été menacé de mort par un accapareur de terres connu pour avoir ciblé les communautés autochtones de Salitre. Quelques jours plus tard, le 26 juillet, un groupe de propriétaires terriens a menacé et intimidé les familles de la communauté Maleku qui possèdent des terres restituées sur le territoire autochtone Maleku. Le 27 juillet, le terrain de Crun Shurínz a été envahi par des accapareurs qui l'ont gravement endommagé. Les défenseurs des droits autochtones Pablo Sibas Sibas et Roberth Morales Villafuerte, tous deux membres de la communauté autochtone de Brörán, propriétaire de la terre, ont été menacés de mort au cours de l'incident.

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José Enrique Ortíz est un chef autochtone Bribri du clan Uniwak et un défenseur des droits des peuples autochtones. Il participe aux efforts pour récupérer des terres dans la communauté de Río Azul de Salitre. En septembre 2018, il s'est impliqué dans les processus de récupération des terres et a réussi à obtenir une première restitution, celle d'un territoire ancestral occupé par des accapareurs.

Pablo Sibas Sibas est un défenseur des droits peuples autochtones Brörán ; il défend en particulier les droits à la liberté, à l'autonomie et à la terre. Le défenseur a encouragé des initiatives de résistance pacifique pour la restitution des terres autochtones accaparées par des occupants non autochtones. Depuis plus de 40 ans, Pablo Sibas, ainsi que de nombreux autres indigènes Brörán, sont victimes de discrimination de la part des autorités costaricaines, et d'attaques perpétrées par des accapareurs de terres. Son travail en faveur des droits humains a commencé en 1980, avec le défenseur Sergio Rojas, assassiné le 18 mars 2019 en représailles à ses activités en faveur des droits humains.

Roberth Morales Villafuerte est un dirigeant autochtone Brörán au sein du Conseil supérieur de Brörán-Térraba ; il milite pour le coordonnateur Sud-Sud et défend les droits des populations autochtones au Costa Rica. Il est porte-parole des processus de paix, cherchant à réduire la violence structurelle, physique et symbolique contre le peuple Brörán. En raison de son travail, le défenseur est menacé et victime de discrimination de la part des autorités locales et des accapareurs de terres.

Le 21 juillet vers 7 heures du matin, alors qu'il se rendait au centre de santé de Salitre pour collecter du lait pour ses enfants, José Enrique Ortíz a été menacé par un accapareur de terres, membre d'une famille connue pour avoir attaqué des DDH dans le passé. L'auteur des menaces a insulté le défenseur et l'a mis au défi de se battre, mais ce dernier a ignoré cette forme de harcèlement. Quelques jours plus tard, le 24 juillet vers 7h30, l'accapareur des terres et son frère - également connu pour avoir menacé et attaqué le DDH Mainor Ortiz à plusieurs reprises - se sont rendus sur les terres du défenseur, se frayant un chemin au milieu du terrain et, avec des machettes et d'autres armes, ont cassé les clôtures et gravement endommagé les récoltes. Cette attaque serait motivée par une plainte contre le coupable pour accaparement et tentative de meurtre, déposée par José Enrique et Mainor Ortíz le 25 février 2020. Le procès est prévu le 27 août 2020.

Dans la nuit du 26 juillet 2020, un groupe d'environ 60 agriculteurs a coupé des clôtures sur le territoire Maleku, puis a menacé et intimidé les familles Maleku, propriétaires des terres restituées. Le 27 juillet, un groupe d’inconnus est entré illégalement sur le terrain de Crun Shurín situé sur le territoire Bröran de Térraba, dans le sud du Costa Rica. Les assaillants ont utilisé des machines lourdes pour enlever une partie considérable de terre sur les rives de la rivière Escuadra, où se trouvent des tombes autochtones sacrées.

Outre les dégâts environnementaux et culturels causés par l'invasion, un homme accompagnant l'un des agriculteurs a menacé certains des propriétaires des terres Bröran, notamment les défenseurs des droits humains Pablo Sibas et Roberth Morales. L'homme leur a dit qu'il recevrait une indemnisation s'il les tuait, tandis qu'un autre homme qui conduisait un tracteur a tenté d'écraser Pablo Sibas ; plusieurs personnes sont témoins de l'incident. Bien que la police ait saisi le tracteur, elle n’a pris aucune autre mesure pour garantir la sécurité de Pablo Sibas ou de l’une des personnes indigènes attaquées et menacées.

Le 30 avril 2015, la Commission interaméricaine des droits de l’Homme (CIDH) a accordé des mesures de précaution aux communautés de Salitre et Térraba. Cependant, elles ne sont actuellement que partiellement appliquées. À Salitre, la population indigène reste totalement sans protection et à Térraba, la présence policière est limitée. Ces mesures de précaution ont été mises en place suite à une série de menaces et d'actes de violence contre les défenseurs des droits humains et les dirigeants du Front national des peuples autochtones (FRENAPI), Pablo Sibas et Sergio Rojas Ortíz.

Les peuples Bribri, Maleku et Brörán bénéficient d'une protection insuffisante contre les violences structurelles, physiques et symboliques auxquelles ils sont confrontés, en dépit de la gravité de cette violence, qui reste impunie par les autorités. Les occupations illégales au Costa Rica, qui ont lieu depuis des décennies, représentent une nouvelle forme de colonialisme capitaliste, avec des accapareurs de terres non autochtones occupant illégalement les terres autochtones, afin de tirer parti de la loi qui exempte les terres autochtones de taxes. Malheureusement, lorsque les communautés autochtones remportent une victoire dans les processus de restitution des terres - le processus par lequel les terres des communautés autochtones qui avaient été expropriées leur sont restituées conformément au régime foncier historique et à l'organisation sociale autochtone - elles sont en retour de plus en plus vulnérables et victimes des menaces et d'attaques, malgré leur revendication historique des terres.

Front Line Defenders condamne les attaques contre les défenseurs Bribri, Maleku et Brörán et est préoccupée par les menaces continues contre les défenseurs José Enrique Ortíz, Pablo Sibas et Roberth Morales. Il semble qu'il ne s'agisse pas d'événements isolés, mais que cela fasse partie d'un modèle de violence structurelle et de mépris à l'encontre des droits des peuples autochtones par les autorités du Costa Rica, bien qu'elles soient reconnues en tant que groupes ethniques et que leur droit à la terre soit inscrit dans la loi depuis 1997. Ces incidents sont également révélateurs de la manière dont les droits économiques des accapareurs de terres l'emportent sur les droits des peuples autochtones. Front Line Defenders estime que le parquet général dispose de nombreuses preuves pour traduire en justice les auteurs de ces attaques et des attaques précédentes, mais il semble qu'au contraire, il leur permet plutôt de jouir de l'impunité, exposant ainsi les défenseurs des droits autochtones et leurs communautés à de nouvelles attaques et à un risque accru.