Zimbabwe : Des défenseur⸱ses des droits humains arrêtés alors qu’ils se rendaient à un atelier de la société civile
Front Line Defenders est profondément préoccupée par l’escalade des attaques, du harcèlement, de la criminalisation et de la violence contre les défenseur⸱ses des droits humains au Zimbabwe, en particulier dans le contexte du 44e Sommet de la Communauté de Développement de l’Afrique australe (SADC) prévu à Harare le 17 août 2024. L’attaque la plus récente a eu lieu le 31 juillet 2024, lorsque deux défenseur⸱ses des droits humains, dont Robson Chere, représentant d’ARTUZ et lauréat du prix Front Line Defenders Africa 2022, ont été arbitrairement arrêtés alors qu’ils se rendaient à Victoria Falls pour un atelier de la société civile.
Le 31 juillet 2024, le défenseur Robson Chere, secrétaire général de l’Amalgamated Rural Teachers of Zimbabwe (ARTUZ), et la défenseuse Namatai Kwekweza, de la Zimbabwe Human Rights Association, étaient en route pour assister à la 5e Conférence africaine de philanthropie à Victoria Falls à bord d’un vol commercial, lorsqu’ils ont été appréhendés et expulsés de l’avion par des agents de sécurité avec deux autres passagers, un conseiller municipal élu par l’opposition, et un artiste et ingénieur du son. Les défenseur⸱ses des droits humains et les témoins ont réussi à alerter leurs avocats avant que leurs téléphones ne soient confisqués. Ils ont été détenus au secret pendant au moins 8 heures et leur famille n’a pas été informée de l’endroit où ils se trouvaient. Les DDH ont déclaré avoir été soumis à des actes de torture, à la violence et à des traitements inhumains pendant leur détention, et semblaient souffrir de douleurs physiques importantes lorsque le personnel de Zimbabwe Lawyers for Human Rights a finalement pu les voir.
Le vendredi 2 août, les défenseur⸱ses ont été traduits devant le tribunal de première instance de Rotten Row à Harare et accusés de « trouble de l’ordre public ». Il s’agit d’un exemple clair de l’acharnement judiciaire utilisé par les autorités zimbabwéennes pour entraver le travail des DDH par le biais d’accusations fabriquées de toutes pièces. Une audience pour déterminer une libération sous caution a été programmée pour le 16 août 2024, les DDH resteront en détention jusqu’à cette date. De nombreux autres cas de ciblage accru mené par les autorités zimbabwéennes contre les organisations de la société civile et des défenseur⸱ses des droits humains ont été signalés ces derniers mois. Cet incident et ces accusations sont un nouvel exemple de défenseur⸱ses des droits humains pris pour cible en raison de leur travail légitime.
La conférence africaine sur la philanthropie à Victoria Falls était l’occasion pour les DDH de collaborer avec des personnes partageant les mêmes idées, notamment des activistes et des philanthropes de tout le continent, à propos des questions relatives aux droits humains et des défis auxquels le Zimbabwe est confronté. Ces détentions coïncident avec la 44e session du sommet de la SADC, où la réunion des chefs d’État et de gouvernement aura lieu le 17 août 2024. Il est impératif que les défenseur⸱ses des droits humains soient immédiatement et inconditionnellement libérés et que la répression des DDH et d’autres membres de la société civile dans le pays hôte du sommet soit abordée lors de la réunion, car elle contredit directement l’esprit du traité de la SADC.
Front Line Defenders rappelle aux autorités du Zimbabwe leurs obligations en vertu du Traité de la SADC, qui demande aux États membres de respecter les principes des droits humains, de la démocratie et de l’état de droit. Front Line Defenders condamne la détention et la criminalisation des défenseur⸱ses des droits humains et pense qu’ils sont injustement accusés en représailles contre leur travail en faveur des droits humains au Zimbabwe.