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4 Mars 2025

Sahara Occidental/Maroc : Des défenseur⸱ses des droits humains sahraouis ciblés par de multiples attaques et des violations flagrantes de leur droit de réunion pacifique

Du 24 février au 1er mars 2025, les autorités marocaines ont perpétré une série d’attaques contre plusieurs groupes de défenseur⸱ses des droits humains (DDH) sahraouis dans la ville de Laayoune, portant atteinte à leur intégrité physique et psychologique et niant de manière flagrante leur droit de se réunir pacifiquement. La situation a atteint un pic le 25 février 2025, lorsque des DDH, dont le président de l’Association sahraouie des victimes de graves violations des droits de l’homme commises par l’État marocain (ASVDH) Bachri Ben Taleb, ont été violemment dispersés par les forces de sécurité marocaines alors qu’ils participaient à une manifestation pacifique. Les interdictions, actes d’intimidation et agressions se sont multipliés à partir du 24 février et se poursuivent en mars.

Le mardi 25 février 2025, plusieurs défenseur⸱ses des droits humains et activistes sahraouis voulaient participer à une manifestation pacifique pour marquer le 49e anniversaire de la proclamation de la République sahraouie, exiger la libération des Sahraouis incarcérés dans les prisons marocaines et dénoncer les visites illégales du ministre français de la Culture et du président du Sénat français dans la partie occupée du Sahara occidental. Cependant, vers 18 heures, des dizaines de membres des forces de sécurité marocaines en civil, dirigés par des individus bien connus des DDH sahraouis pour leur comportement violent à leur encontre et à l’encontre des civils, ont violemment dispersé les manifestants en faisant un usage excessif de la force. Parmi le groupe se trouvaient les DDH Sidi Mohamed Dadach, Abdelkarim Mbrikat, Essalha Boutanguiza, Mahfouda Bamaba Lefkire, Lahdia Bagna, Hassna Adouihi, Ziou Abdelrahman, Laroussi Lefkire, Oum El Saad Bouriel, Haddhom Frig, Fatimatu Hairash, et Bachri Ben Taleb. Peu après le début de la manifestation pacifique, plusieurs DDH ont été poursuivis et violemment agressés.

Avant la manifestation, les forces de sécurité marocaines ont imposé des mesures strictes ; elles ont notamment bouclé la zone, fermé des rues et mis en place une surveillance des domiciles des DDH sahraouis tout au long de la journée. Plusieurs d’entre eux ont été victimes de harcèlement et d’agressions, notamment Lahcen Dalil, qui a été surveillé pendant plus de 48 heures, Maryam Dambri, qui a été brutalement agressée dans la matinée, et Khadija Lachgar, qui a été poursuivie et agressée une heure avant le début de la manifestation.

Le mercredi 26 février 2025, l’ASVDH a publié un communiqué sur les réseaux sociaux, accompagné de photos documentant les violations subies par les DDH sahraouis lors de leur rassemblement pacifique de la veille.

Les 26 et 27 février 2025, selon un rapport et des messages Facebook publiés par l’organisation, les maisons de plusieurs DDH sahraouis ont également été bloquées, les empêchant de se déplacer librement et notamment de rendre visite aux DDH victimes des attaques du 25 février 2025, à Laayoune.

Le jeudi 27 février 2025, des fonctionnaires du district 16 et des policiers marocains ont attaqué le domicile du défenseur Ali Salem Tamek à Laayoune. Sa maison a été caillassée, des individus ont tenté d’y pénétrer et l’électricité a été coupée à minuit et à deux heures du matin, comme l’ont montré les caméras de surveillance de la maison. Selon le CODESA, les coupures d’électricité visaient à dissimuler les violations des droits humains commises par les autorités marocaines.

Dans la nuit du samedi 1er mars 2025, la maison d’Ali Salem Tamek a été la cible d’autres attaques par les mêmes auteurs ; quatre caméras de surveillance installées sur les murs de la maison ont été arrachées et confisquées, dans le but évident d’éliminer toute trace des crimes commis par les autorités marocaines. Cet épisode était également une attaque contre le Collectif sahraoui des défenseurs des droits de l’homme (CODESA), car sa maison sert également de siège à l’organisation.

Dans ce contexte, Front Line Defenders exprime sa solidarité absolue avec les défenseur⸱ses des droits humains sahraouis et condamne fermement les violations et le harcèlement perpétrés sous diverses formes par les forces de sécurité marocaines à leur encontre. Front Line Defenders pense qu’il s’agit d’une forme d’intimidation en représailles contre leur travail légitime et pacifique de défense des droits humains.

Front Line Defenders réitère son appel aux autorités marocaines afin qu’elles mettent fin aux violations commises contre les défenseur⸱ses des droits humains et qu’elles respectent leur droit à défendre pacifiquement les droits humains. En outre, l’organisation demande une enquête immédiate et approfondie sur les attaques violentes perpétrées contre les défenseur⸱ses des droits humains avant, pendant et après la manifestation pacifique, et demande que les responsables des dommages causés aux personnes et aux biens répondent de leurs actes, dans le but de publier les conclusions et de traduire les responsables en justice conformément aux normes internationales. Enfin, Front Line Defenders rappelle aux autorités leur responsabilité en vertu du droit international de garantir qu’en toutes circonstances, tous les DDH au Sahara Occidental puissent mener leurs activités légitimes en faveur des droits humains sans crainte de représailles et sans aucune restriction.

Front Line Defenders rappelle à la communauté internationale ses obligations en vertu du droit international concernant les défenseur⸱ses des droits humains du Sahara Occidental, en particulier étant donné que la Cour Internationale de Justice a reconnu le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination, et compte tenu de l’arrêt de la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples concluant que l’occupation du Maroc est une violation du droit à l’autodétermination et à l’indépendance, et appelle tout fonctionnaire en visite à dénoncer le harcèlement subi par les DDH sahraouis.