Turkménistan : La défenseuse des droits humains Soltan Achilova interdite de se rendre à la Semaine des droits humains à Genève
Front Line Defenders se joint à la Fondation Martin Ennals pour condamner le harcèlement de Soltan Achilova et de sa fille par les autorités gouvernementales à l’aéroport d’Ashgabat et appelle les autorités turkmènes à cesser leurs représailles contre les journalistes pour leur travail en faveur des droits humains.
Le 18 novembre 2023, à l’aube, des fonctionnaires turkmènes ont empêché Mme Soltan Achilova et sa fille d’embarquer sur leur vol à destination de la Suisse. Un fonctionnaire des douanes a pris leurs passeports, les a mouillés avec un chiffon humide et a déclaré que les passeports étaient abîmés, empêchant ainsi Soltan de se rendre à Genève où elle devait intervenir en tant qu’invitée lors de la Semaine des droits humains 2023 de l’Université de Genève.
Cet acte de harcèlement et de déni de la liberté de mouvement est d’autant plus répréhensible qu’il intervient quelques jours seulement après le quatrième examen périodique universel du Turkménistan, au cours duquel de hauts dignitaires du gouvernement ont exprimé leur « soutien à la promotion et à la protection des libertés fondamentales et des droits humains », en donnant de multiples exemples de leurs progrès en matière de respect de la liberté d’expression.
Soltan Achilova pense qu’elle n’a pas été autorisée à quitter le pays parce que les autorités craignaient que des informations négatives soient entendues pendant la semaine des droits humains à Genève. Cependant, le fait d’empêcher une défenseuse des droits humains internationalement reconnue de voyager est une preuve flagrante du manque de libertés dans le pays et de la mauvaise foi avec laquelle le gouvernement du Turkménistan traite avec le Conseil des droits de l’homme.
Le Turkménistan est l’un des pays les plus répressifs et les plus isolés au monde, se classant 176e sur 180 pays en termes de liberté de la presse et de conditions de travail pour les journalistes. Soltan réalise des reportages sur son pays depuis plus de dix ans. Ses photos de la vie quotidienne constituent l’une des rares sources de documentation sur les violations des droits humains commises par l’un des pays les plus secrets. En 2021, Soltan a été récompensée par le prix Martin Ennals pour sa documentation sur l’accaparement des terres et les expulsions forcées de citoyens ordinaires à Ashgabat.
À plusieurs reprises, Soltan n’a pas été autorisée à voyager librement en dehors de son pays. Elle est constamment surveillée par les autorités turkmènes et subit de nombreux incidents de harcèlement, d’intimidation et de menaces. Malgré les difficultés, Soltan poursuit son travail en faveur des droits humains en envoyant régulièrement des informations et des photos à l’extérieur du pays afin que les autorités gouvernementales soient tenues de rendre des comptes.
Nous renouvelons nos appels au Turkménistan pour qu’il mette pleinement en œuvre ses obligations en matière de droits humains, notamment en permettant aux défenseur⸱ses des droits humains et aux journalistes de travailler en toute sérénité. Nous invitons les États membres qui accompagnent le quatrième examen périodique universel du Turkménistan à sanctionner fermement le fait que Soltan Achilova et d’autres journalistes turkmènes soient réduits au silence.