Déclaration de solidarité avec l'Association tunisienne pour la justice et l'égalité (DAMJ) et avec les défenseur·ses LGBTIQ+ en Tunisie, alors que les campagnes d'incitation à la haine à leur encontre s'intensifient.
Front Line Defenders déclare sa solidarité avec l'Association tunisienne pour la justice et l'égalité (DAMJ) et appelle les autorités tunisiennes à mettre fin aux actions ciblées contre les défenseur·ses LGBTIQ+.
Front Line Defenders suit de près les campagnes de diffamation systématiques et de plus en plus fréquentes contre le mouvement des droits humains, notamment les défenseur⸱ses des droits humains et les activistes en Tunisie. Elle fait par de ses inquiétudes particulières au sujet des campagnes qui ciblent les défenseur·ses LGBTIQ+, et plus particulièrement les campagnes visant l'Association tunisienne pour la justice et l'égalité (DAMJ).
DAMJ a été créé en 2002 pour protéger les droits des personnes marginalisées qui sont confrontées à la criminalisation et à la discrimination en raison de leur orientation sexuelle et de leur identité de genre. À cause de ses activités visant à répondre aux besoins essentiels de la communauté LGBTIQ+ et à défendre ses droits, l'association est de plus en plus souvent confrontée à des violations des droits humains et à des menaces, notamment des discriminations, des violences, des campagnes de diffamation et des arrestations injustes de ses employés et de ses membres.
Les plateformes de réseaux sociaux en Tunisie ont récemment été utilisées pour propager de dangereuses campagnes de diffamation contre les membres de la communauté LGBTIQ+, appelant ouvertement à la violence contre les personnes LGBTIQ+ et les calomniant, ainsi que leurs alliés au sein du mouvement des droits humains. Ces campagnes consistent principalement à publier des vidéos sur les réseaux sociaux et sur des groupes Telegram privés. Certains de ces groupes privés comptent des centaines de membres qui se réunissent pour planifier de nouvelles actions violentes contre les défenseur·ses LGBTIQ+ et leurs alliés. La pratique consistant à partager des photos et des données personnelles, également connue sous le nom de « doxxing », a mis en danger plusieurs défenseur⸱ses des droits humains.
DAMJ est une cible de ces campagnes, des individus ayant publié des photographies de ses membres et diffusé largement l'adresse des locaux de l'association et ses numéros de téléphone. Les auteurs ont également appelé à des attaques contre les membres et les bénéficiaires de DAMJ. Ceci ouvre un nouveau chapitre quant aux actes de harcèlement et d'intimidation subis par l'association, notamment ceux qui ont eu lieu en juillet 2023.
Le 27 juillet dernier, DAMJ a publié un communiqué de presse dénonçant le harcèlement dont elle fait l'objet, après avoir reçu de fréquents appels téléphoniques de la part de prétendus agents de sécurité qui tentaient de recueillir les noms des membres de l'association et de toute personne se rendant dans ses bureaux. Les individus qui téléphonaient accusaient l'association d'être illégale et déclaraient que ses activités étaient suspectes, tout en menaçant qu’elle serait fermée à la suite de rapports établis par la police. Au poste de police, le représentant légal de l'association a confirmé l'intégrité de son statut juridique et le respect de toutes les procédures nécessaires. L'association a demandé à l'Inspection générale de la sécurité nationale d'ouvrir une enquête à ce sujet.
Front Line Defenders exprime sa solidarité et son soutien total à l'organisation de défense des droits humains DAMJ - l'Association tunisienne pour la justice et l'égalité, ainsi qu'aux défenseur·ses des droits des personnes LGBTIQ+ en Tunisie. De plus, Front Line Defenders condamne fermement les campagnes qui propagent les discours de haine et incitent à la violence contre la communauté LGBTIQ+ et contre les défenseur⸱ses des droits humains et les mouvements sociaux en Tunisie. L'organisation demande aux autorités tunisiennes de mettre fin aux actions ciblées contre l'Association tunisienne pour la justice et l'égalité (DAMJ), de tenir les auteurs des menaces et du harcèlement pour responsables et de protéger la sécurité et le bien-être de l'organisation de défense des droits humains et de ses membres.