DÉCLARATION SUR L’ASSASSINAT DE LA DÉFENSEUSE DE L’ENVIRONNEMENT ET DU DROIT À LA TERRE JOANNA STUTCHBURY
Front Line Defenders a appris avec beaucoup de tristesse et d’inquiétude l’assassinat de la défenseuse de la terre et de l’environnement Joanna Stutchbury, décédée le jeudi 15 juillet 2021. Les premiers rapports indiquent que la défenseuse des droits humains a été mortellement tuée dans l’après-midi alors qu’elle rentrait chez elle dans la périphérie de Nairobi, au Kenya. Selon ces rapports, elle avait arrêté sa voiture pour dégager des débris qui bloquaient son allée lorsqu’elle a été abattue à plusieurs reprises. Son corps a été découvert dans la voiture avec le moteur toujours en marche et ses objets de valeur étaient toujours dans le véhicule, ce qui suggère que l’attaque n’était pas un vol.
Joanna Stutchbury était une défenseuse du droit à la terre et de l'environnement (DDTE) qui œuvrait sans relâche pour défendre la forêt de Kiambu et protéger et conserver les ressources naturelles du Kenya. Pendant de nombreuses années, elle a dénoncé les accapareurs de terres et les promoteurs privés bien connus qui ont coupé une partie de la forêt de Kiambu. En raison de ce travail visant à protéger la forêt contre l’empiètement, elle a reçu de multiples menaces de mort.
Front Line Defenders pense que l’assassinat de Joanna Stutchbury est directement lié à son travail pour la défense de la terre et de l’environnement. Ce genre de violence à l’encontre des défenseur-ses de la terre et de l’environnement n’est pas nouveau. En 2019, la DDTE Esther Mwikali, a été assassinée à la suite de ses enquêtes sur les violations du droit à la terre commises par des personnes bien connues ayant des liens avec des personnalités politiques locales à Makuyu. En 2018, le défenseur de l’environnement Edmond Bradley Martin a également été assassiné alors que des promoteurs auraient voulu prendre possession de ses 27 acres de terres à Lang’ata. À ce jour, les enquêtes sur ces assassinats n’ont donné aucun résultat.
La menace pour la vie des défenseur-ses du droit à la terre et de l'environnement au Kenya est tangible, car cette communauté de défenseur-ses continue d’être la cible d’actes de violence, d’intimidation, de brutalité policière, de disparition forcée et d’acharnement judiciaire, sans aucune action significative de l’État pour faire face au phénomène. En outre, les politiciens et les entreprises ont régulièrement et publiquement dénoncé le travail légitime des DDTE, les taxant d’être contre le développement et contre l’agenda du gouvernement, autorisant pratiquement la diffamation, la victimisation, la criminalisation et les assassinats. Ce discours meurtrier doit cesser.
L’assassinat de Joanna Stutchbury doit faire l’objet d’une enquête complète et transparente, les responsables doivent être traduits en justice, et le gouvernement kenyan doit agir rapidement pour mettre en œuvre des politiques nationales qui garantissent que la communauté des DDTE puisse continuer son travail légitime sans craindre de représailles lorsqu’elle défend l’environnement et les ressources naturelles du Kenya.
Front Line Defenders et son personnel adressent leurs condoléances à la famille, aux amis et aux collègues de Joanna Stutchbury.
