Déclaration — Argentine : Acharnement judiciaire contre l’avocate en droits humains Nadia Schujman
L’avocate en droits humains Dr Nadia Schujman est la cible de persécutions judiciaires et d’une campagne de diffamation en raison de son précédent travail en tant que directrice de l’Agence de contrôle de la police de la province de Santa Fe, en Argentine. Dans un processus marqué par des irrégularités, un manque de transparence et un manque de diligence raisonnable, Nadia Schujman est accusée de surveillance et association illégales avec huit autres employeurs du ministère de la Sécurité de Santa Fe.
Dr Nadia Schujman est avocate en droits humains ; elle travaille depuis plus de 20 ans pour le droit à la mémoire et à la vérité dans les crimes contre l’humanité commis pendant la dictature militaire en Argentine. Dr Schujman fournit une assistance juridique et une représentation aux familles des victimes et aux survivants des violations des droits humains dans le pays, et elle joue également un rôle important dans diverses campagnes nationales et régionales sur les droits humains, la mémoire, la justice et la réparation. Elle fait actuellement partie de l’équipe juridique de l’organisation civile H.I.J.O.S 1. En 2019, Nadia Schujman a assisté à la Plateforme de Dublin, l’événement phare de Front Line Defenders organisé en Irlande.
En plus de son travail juridique lié aux violations des droits humains commises pendant la dictature, depuis 2009, Dr Schujman occupe différents postes au Secrétariat des droits de l’Homme de Santa Fe. En janvier 2020, elle a été nommée directrice de l’Agence de contrôle de la police pendant près de deux ans. Mme Schujman a dirigé les enquêtes sur les abus, les violations et les irrégularités commis par les agents de police, y compris certains cas également liés à des politiciens locaux et d’autres fonctionnaires, jusqu’à ce qu’elle démissionne du poste en novembre 2021.
Quelques jours après la démission du Dr Schujman en tant que directrice de l’Agence de contrôle de la police, le parquet de Santa Fe a déposé une plainte contre elle et huit autres collègues pour surveillance illégale et association illégale. Sans mandat, les procureurs ont pris les effets personnels de Nadia Schujman, notamment son téléphone et son ordinateur, qui ne lui ont jamais été rendus. Au cours de la dernière année, le contenu des messages privés de Nadia Schujman qui n’étaient pas directement liés à la procédure a souvent été publié dans les médias locaux à son insu. Par le passé, Nadia Schujman a également fait face à des menaces et à des attaques numériques liées à son travail en faveur des droits humains 2.
Nadia Schujman et son avocat ont eu du mal à avoir accès à l’acte d’accusation officiel, l’empêchant de se défendre. L’accusation de surveillance illégale portée contre Nadia Schujman est un crime relevant de la sphère juridique fédérale. Par conséquent, le tribunal local de Santa Fe ne serait pas compétent pour juger l’accusation, même si le processus a lieu au niveau local3.
Plusieurs organisations4, défenseur⸱ses des droits humains et politiciens ont exprimé leur soutien à la défenseuse des droits humains et avocate, Dr Nadia Schujman, par le biais de déclarations publiques, de lettres dénonçant les accusations portées contre elle, et même une manifestation pacifique devant le parquet 5. Ils affirment que le Dr Schujman est victime de persécution politique et judiciaire en raison de son travail antérieur fructueux en tant que directrice de l’Agence de contrôle de la police, où elle mettait à jour les relations criminelles entre les autorités publiques et la police6.
Front Line Defenders est préoccupée par l’acharnement judiciaire et la persécution contre l’avocate et défenseuse des droits humains Dr Nadia Schujman, et appelle les autorités argentines à examiner les irrégularités et le manque de diligence raisonnable dans cette procédure. Il est également important que les autorités enquêtent sur les personnes coupables d’avoir divulgué des informations privées à propos de Nadia Schujman qui étaient contenues dans ses appareils électroniques alors qu’ils étaient en possession des procureurs.
Enfin, Front Line Defenders attire l’attention sur l’importance des défenseur⸱ses des droits humains dans le suivi et la dénonciation des violations des droits humains, y compris celles commises par la police et les autorités publiques.
1 HIJOS —Hijos por la Identidad y la Justicia contra el Olvido y el Silencio (Fils et filles pour l’identité et la justice contre l’oubli et le silence). L’organisation a été fondée par les enfants de personnes qui ont disparu de force pendant la dictature militaire en Argentine.
2 https://www.rosarioplus.com/actualidad/seguridad/denuncian-amenazas-a-militantes-de-ddhh-a-traves-de-whatsapp_a5f4b008712b5372badfd57fc
3 https://www.pagina12.com.ar/496345-condenada-en-los-medios-antes-de-saber-de-que-se-la-acusa
4 https://www.telam.com.ar/notas/202201/582342-denuncia-persecucion-militante-hijos.html
5 https://www.lt8.com.ar/44869/10/12/2021/fuerte-respaldo-a-la-abogada-nadia-schujman/
6 https://www.pagina12.com.ar/502504-primera-marcha-contra-el-lawfare