Philippines : Front Line Defenders abhorre l'assassinat de Zara Alvarez
Front Line Defenders condamne très fermement le meurtre de la défenseuse des droits humains philippine Zara Alvarez, qui a été abattue par des inconnus à Barangay Mandalagan, dans la ville de Bacolod, le 17 août. Zara Alvarez était juriste pour le groupe de défense des droits humains Karapatan et chargée de recherche et de plaidoyer au sein du programme intégré de santé de l'île de Negros.
Le meurtre de Zara Alvarez suit un schéma de violence lié à la campagne d'"étiquetage rouge" des défenseur-ses des droits humains dans le pays, une forme de harcèlement politique contre les militants, à travers lequel les autorités de l'administration Duterte les taxent de "communistes" ; cette étiquette entraîne des conséquences meurtrières, notamment des exécutions extrajudiciaires. À peine une semaine avant la mort de Zara, un autre défenseur des droits humains Randall "Randy" Echanis a été assassiné chez lui à Quezon. Les deux militants figuraient sur une liste d'au moins 600 personnes qualifiées de "terroristes" par un tribunal, sur ordre du ministère de la Justice des Philippines en 2018, bien que leurs noms aient ensuite été supprimés.
Une nouvelle loi antiterroriste, approuvée par le président Duterte le mois dernier, expose les défenseurs des droits humains à un risque supplémentaire en faisant du Conseil anti-terroriste le principal organe chargé de faire appliquer la loi et en lui donnant le pouvoir de désigner des individus comme terroristes ; beaucoup de ses fonctionnaires se livrent depuis longtemps à "l'étiquetage rouge".
Il existe une impunité quasi totale pour les exécutions extrajudiciaires de défenseurs des droits humains aux Philippines ; cela revient à être une politique de l'État. Comme l'a déclaré aujourd'hui la secrétaire générale de Karapatan, Cristina Palabay : "Zara est depuis longtemps la cible de harcèlement militaire, policier et judiciaire à cause de son travail inlassable et dévoué en faveur des droits des personnes. Elle avait déjà été emprisonnée pendant près de deux ans pour une accusation de meurtre désormais abandonnée par l'armée - et toutes les menaces qu'elle avait reçues provenaient des forces de sécurité de l'État. Tous les doigts les désignent comme les auteurs de ce meurtre insensé et de sang-froid, ce qui n'est pas surprenant pour un régime fasciste fermement opposé à l'idée de préserver et défendre les droits humains, et qui participe activement et fièrement aux exactions contre les droits humains." Cristina Palabay a fait sa déclaration à l'occasion du 25e anniversaire de la fondation de Karapatan, une organisation qui a vu des dizaines de ses membres assassinés. En 2019, dans son Analyse globale, Front Line Defenders a indiqué que 43 défenseur-ses des droits humains ont été tués aux Philippines, le deuxième pays le plus meurtrier au monde. Au cours des deux années précédentes, les Philippines se classaient au troisième rang pour le nombre de meurtres de DDH.
Aux Philippines, la société civile réclame la justice et la vérité. Aujourd'hui, Cristina Palabay a été rejointe par d’autres organisations lors de la Journée mondiale d’action pour la justice, au Bantayog ng mga Bayani, pour condamner solidairement les meurtres d’Alvarez, d’Echanis et de tous les défenseur-ses des droits humains victimes d’exécutions extrajudiciaires.
Front Line Defenders exprime ses plus sincères condoléances à la famille, aux amis et aux collègues de Zara et se joint à l’appel à la justice pour déterminer la vérité sur sa mort. Son meurtre signifie la crise persistante de la persécution de la communauté des droits humains aux Philippines, un message qui doit être remis en question par le biais d'une enquête immédiate, transparente, exhaustive et impartiale sur sa mort.