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8 Octobre 2024

Pakistan : La défenseuse des droits humains Mahrang Baloch empêchée de quitter le Pakistan et agressée par la police du Sindh

Front Line Defenders appelle les autorités pakistanaises à rendre des comptes pour les mauvais traitements et les abus infligés à l'éminente défenseuse des droits humains baloutche Dr. Mahrang Baloch et aux autres défenseur⸱ses des droits humains qui l'accompagnaient à Karachi, le 8 octobre 2024. La défenseuse des droits humains a été attaquée par la police de Sindh alors qu'elle revenait de l'aéroport international Jinnah de Karachi après que les services d'immigration l’ont empêchée de quitter le pays.

Dr Mahrang Baloch est une défenseuse des droits humains qui milite activement pour les droits de la communauté ethnique baloutche au Pakistan. Elle mène une campagne pacifique contre les violations systémiques, notamment les exécutions extrajudiciaires, les disparitions forcées, les détentions arbitraires et la torture en détention au Baloutchistan. Les défenseur⸱ses des droits humains qui dénoncent la violence perpétrée par l’État, en particulier ceux qui cherchent à ce que l’armée et les services de renseignement rendent des comptes, prennent des risques considérables, pour eux-mêmes et pour leur famille.

Le 7 octobre 2024, les autorités pakistanaises ont empêché la Dr Mahrang Baloch de quitter le pays. La défenseuse devait participer à un événement organisé à New York par TIME, qui l’a inscrite sur la liste TIME100 Next 2024 pour son travail en faveur des droits humains. Malheureusement, les agents de l’immigration de l’aéroport de Karachi ont retenu son passeport pendant plusieurs heures et lui ont refusé l’autorisation d’embarquer sur son vol sans aucune base légale ni explication. Mahrang Baloch a finalement quitté l’aéroport vers minuit après avoir récupéré son passeport. Peu après, son véhicule a été intercepté par un groupe d’officiers de la police de la région du Sindh sur l’ancienne route de l’aéroport, à proximité de celui-ci. La police a brutalement frappé et insulté Mahrang Baloch et plusieurs autres défenseur⸱ses des droits humains, dont Sammi Deen Baloch. La police a ensuite illégalement saisi le passeport et le téléphone portable de Mahrang Baloch. Ils ont également pris les clés du véhicule et les défenseur⸱ses se sont donc retrouvé bloqués sur une route déserte à une heure tardive de la nuit.

Les représailles, notamment les restrictions de voyage, sont courantes au Pakistan, en particulier pour ceux qui dénoncent la répression de l’État. En août 2024, Sammi Deen Baloch, lauréate du prix Front Line Defenders pour 2024, a été empêchée de se rendre à Genève pour une mission de plaidoyer visant à mettre en lumière les problèmes de droits humains au Baloutchistan. L’attaque contre la Dr Mahrang Baloch n’est pas un incident isolé. Elle met en lumière ce que de nombreux défenseur⸱ses des droits humains au Pakistan subissent en guise de sanction à cause de leur travail. Les DDH issus de communautés opprimées, comme les Baloutches, sont particulièrement visés. La réponse de l’État aux campagnes pacifiques du comité Baloch Yakjehti (comité de solidarité baloutche) consiste à réprimer les manifestations et les campagnes par la force brutale et des mesures répressives, y compris la criminalisation.

Front Line Defenders est solidaire de Mahrang Baloch et de son travail. Nous demandons aux autorités pakistanaises de cesser immédiatement les représailles et la désinformation dont elle fait l’objet et de garantir sa sécurité personnelle et ses libertés, notamment le droit de circuler. Avant tout, nous demandons aux autorités de l’État de mener une enquête immédiate, indépendante et efficace sur la conduite des agents de l’État, y compris sur l’attaque de la police du Sindh, et de demander aux responsables de rendre compte de leurs actes. Mahrang Baloch et tous les défenseur⸱ses des droits humains qui plaident en faveur des droits humains et élèvent la voix contre les violations devraient être protégés et se voir garantir la liberté de vivre et de travailler dans la sécurité et la dignité.