Oyub Titiev remporte le Prix des droits humains Václav Havel
Front Line Defenders salue l'annonce de la remise du Prix des droits humains Václav Havel au défenseur russe Oyub Titiev par l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (PACE). Le prix permettra d'attirer l'attention internationale sur la situation critique de M. Titiev, qui se trouve actuellement dans une prison en Tchétchénie, pour de fausses accusations de possession de drogue qui visent à stopper définitivement la défense des droits humains dans cette république.
M. Titiev est le représentant de Memorial en Tchétchénie, une organisation de défense des droits humains qui met en place une aide juridique pour les victimes de graves violations des droits humains et qui mène des actions de sensibilisation, des recherches et participe à des publications. Il a succédé à Natalia Estemirova, tuée en juillet 2009. Au cours des dernières années, M. Titiev a reçu de nombreuses menaces liées à son travail en faveur des droits humains.
"Ce prix devrait servir d'appel lancé aux autorités russes pour immédiatement libérer M. Titiev et abandonner ces accusations infondées contre lui".
M. Titiev est emprisonné depuis janvier 2018, lorsqu'il a été accusé de possession d'un gros volume de drogue, en vertu du point 2 de l'article 228 du Code pénal de la Fédération de Russie. Il a été arrêté à Grozny le 9 janvier 2018 sur la route de Kurchaloy en Tchétchénie et accusé de possession de drogue. Il a ensuite été placé à l'isolement pendant près de huit heures avant de pouvoir voir un avocat. Selon son avocat, Oyub Titiev a indiqué avoir été arrêté par une patrouille de la police de la route dans la matinée du 9 janvier, et avoir reçu l'ordre de sortir de son véhicule ; il a été interrogé sur le bord de la route et a reçu l'ordre d'ouvrir le coffre de la voiture. Selon lui, c'est à ce moment qu'un sac de marijuna a été dissimulé sous le siège avant par un officier de la police de la route, qu'un autre policier a ensuite "trouvé" en fouillant le véhicule. Il a été conduit au poste de police, mais cela n'était pas la procédure normale, ce que M. Titiev a contesté.
Après avoir protesté, la police lui a donné l'ordre de reconduire sa voiture à l'endroit où il avait été arrêté plus tôt dans la journée. Une fois sur place, il a de nouveau été arrêté par une patrouille et le sac de marijuana qui avait été précédemment dissimulé dans sa voiture a de nouveau été "trouvé", et cette fois la découverte a été signalée au poste de Kurchaloy. Les policiers ont alors été envoyés sur les lieux, avec des témoins, répondant ainsi aux critères de la procédure. Il a ensuite été accusé de possession de drogue.
Andrew Anderson, directeur exécutif de Front Line Defenders, a déclaré : "Ce prix devrait servir d'appel lancé aux autorités russes pour immédiatement libérer M. Titiev et abandonner ces accusations infondées contre lui". Les autorités tchétchènes et russes ne se font aucune faveur en emprisonnant les défenseur-ses des droits humains, notamment M. Titiev ; cette affaire ne fait qu'exposer l'absurdité de la situation des droits humains en Tchétchénie.
Dans son discours préparé au cas où il gagnerait le prix, M. Titiev a déclaré : "Je ne suis certain que d'une chose : le travail de protection des droits humains en Tchétchénie et en Russie doit continuer. La solidarité internationale peut y contribuer". L'intimidation, le harcèlement, l'emprisonnement et même les assassinats de DDH en Tchétchénie et en Russie n'ont pas empêché et n'empêcheront pas les DDH comme M. Titiev de défendre les droits fondamentaux de leurs communautés.
Front Line Defenders félicite M. Titiev pour cette reconnaissance et salue également l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe pour avoir fait ce choix, et pour s'être dressé dans le but de remettre en cause les actes ciblés contre les défenseur-ses des droits humains par un membre du Conseil.