Lettre ouverte de plusieurs Eurodéputés au président de la FIFA à propos de la Tchétchénie

Strasbourg, 13 Juin 2018

À M. Gianni Infantino,
Président de la FIFA

Cher M. Infantino,

Nous, membres du Parlement européen, vous écrivons à propos de la Coupe du monde 2018 et plus particulièrement, à propos du fait choquant que Grozny, la capitale de la République Tchétchène, fasse partie de la liste des camps d'entrainement du tournoi, mais aussi qu'elle ait été choisie par l'une des équipes, l'Égypte, puis approuvée par la FIFA.

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Nous sommes convaincus que la Russie, pour de nombreuses raisons, notamment son bilan en matière de droits humains de plus en plus inquiétant, n'aurait pas dû être autorisée à accueillir la Coupe du monde 2018, et encore plus convaincus que la Tchétchénie n'aurait pas dû avoir l'opportunité d'apparaitre sur la liste des activités liées à cette compétition.

Depuis dix ans, sous la présidence de Ramzan Kadyrov, la Tchétchénie est un lieu où la plus infime contestation est réprimée en toute impunité, où le non respect des droits humains fondamentaux et des libertés est systématique, où les critiques du régime ainsi que les défenseur-ses des droits humains et les journalistes sont persécutés, menacés et tués.

Nous sommes profondément attristés d'apprendre que la FIFA a choisi les lieux d'entrainement pour le tournoi à peu près au même moment où Oyub Titiev, éminent défenseur des droits humains et responsable des bureaux de Memorial en Tchétchénie, organisation qui a remporté le prix Sakharov 2009, a été placé derrière les barreaux à Grozny en vertu d'accusations fabriquées de toutes pièces. Et au moment où tout le monde démocratique était choqué d'apprendre que la Tchétchénie menait une purge anti-homosexuels au printemps 2017, qu'à cause des persécutions orchestrées par les autorités locales au moins 300 hommes homosexuels (ou perçus en tant que tel) ont été affectés et qu'au moins 15 personnes ont été tuées.

Dans la politique des droits humains de la FIFA, nous pouvons lire: "lorsque les libertés des défenseur-ses des droits humains sont menacées, la FIFA prendra les mesures adéquates pour leur protection, notamment en utilisant son influence auprès des autorités compétentes".

En gardant cela en tête, nous appelons la FIFA à respecter sans tarder cet engagement et à utiliser son influence auprès des plus hautes autorités russes, et avant tout auprès du Président Poutine, afin de garantir qu'Oyub Titiev soit libéré immédiatement et sans condition. Nous sommes convaincus que compte tenu de la position unique de la FIFA et de vous-même, M. Infantino, vous êtes tenu de faire tout votre possible pour influencer les autorités russes et tchétchènes pour libérer Oyub Titiev et par conséquent, minimiser une situation scandaleuse où le sport est utilisé et légitimer de graves violations des droits humains, tel que cela se passe aujourd'hui en Tchétchénie et en Russie.

Nous vous prions d'agréer l'expression de ma haute considération

Petras Auštrevičius
Rebecca Harms
Dariusz Rosati
Hans-Olaf Henkel
Gunnar Hökmark
Ana Maria Gomes
Anna Fotyga
Michał Boni
Helga Trüpel
Ivan Štefanec
Tunne Kelam
Jaromír Štětina
Mark Demesmaeker
Anna Maria Corazza Bildt
José Inácio Faria
Bart Staes
Soraya Post
Beatriz Becerra
Csaba Sógor
Pascal Durand
Antanas Guoga
Theresa Griffin
Indrek Tarand
Eva Joly
Yannick Jadot
Julie Ward
Daniele Viotti
Lars Adaktusson
Jan Philipp Albrecht
Zdzisław Krasnodębski
Michaela Šojdrová
Joachim Starbatty
Bogdan Brunon Wenta
Virginie Rozière
Monica Macovei
Santiago Fisas Ayxelà