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21 Octobre 2019

Lettre ouverte aux autorités émiriennes pour libérer le défenseur des droits humains Ahmed Mansoor à l'occasion de son 50e anniversaire

                                                          Ahmed Mansoor

 

Votre Excellence, Cheikh Khalifa ben Zayed Al Nahyane

Les Émirats arabes unis (EAU) ont récemment annoncé plusieurs projets visant à promouvoir le pluralisme et la tolérance, chez eux et à l'étranger. L’année 2019 a été déclarée "Année de la tolérance" et, en 2020, Dubaï accueillera l'Exposition Universelle sur le thème "Connecter les esprits, créer l'avenir". Lors de la sélection de Dubaï pour cette exposition en 2013, Cheikh Mohammed ben Rashid Al-Maktoum, vice-président et souverain de Dubaï, a déclaré : "Nous renouvelons notre promesse de surprendre le monde en 2020". Nous saluons ces engagements publics en faveur de la tolérance et de l'ouverture d'esprit.

C’est dans ce même esprit que nous, les organisations soussignées, appelons le gouvernement des Émirats Arabes Unis à libérer immédiatement et sans condition le défenseur des droits humains Ahmed Mansoor, dont la vie pourrait être menacée par les passages à tabac qu'il subit et les grèves de la faim qu'il mène pour protester contre des conditions de détention déplorables et inhumaines. Les autorités l’ont condamné et emprisonné uniquement à cause de son travail en faveur des droits humains et pour avoir exercé son droit à la liberté d’expression, qui est pourtant protégé par la Constitution des Émirats arabes unis.  Amnesty International considère qu'il est prisonnier de conscience.

Avant son emprisonnement, Ahmed Mansoor était surnommé "le dernier défenseur des droits humains des Émirats arabes unis" en raison de son travail courageux pour documenter les violations des droits humains commises dans le pays. Sa volonté de défendre publiquement les droits humains sur son blog, via les réseaux sociaux et dans des interviews avec des médias internationaux a été un exemple pour nous tous. Il est également ingénieur, poète et père de quatre enfants. Il fait partie des comités consultatifs du Gulf Centre for Human Rights (GCHR) et de Human Rights Watch et a reçu le Prix Martin Ennals 2015 pour les défenseurs des droits humains. 

Les autorités émiriennes ont arrêté Mansoor le 20 mars 2017 à son domicile et l'ont soumis à une disparition forcée et involontaire pendant plus de six mois, sans qu'il ne puisse voir un avocat et contacter sa famille, qui ne savait pas où il se trouvait exactement. Les autorités l'ont maintenu à l'isolement pendant de longues périodes. 

Peu de temps après son arrestation, un groupe d'experts en droits humains des Nations Unies a déclaré que les EAU devaient le libérer immédiatement, décrivant son arrestation comme une "attaque directe contre le travail légitime des défenseurs des droits humains aux Émirats". Ils craignent que son arrestation "ne constitue un acte de représailles pour son engagement auprès des mécanismes des droits humains des Nations Unies, et pour ses opinions qu'il a exprimées sur les réseaux sociaux, y compris Twitter".

Un an plus tard, le 29 mai 2018, Mansoor a été condamné pour "insulte à l'encontre du statut et du prestige des EAU et ses symboles, y compris à ses dirigeants", "publication de fausses informations préjudiciables à la réputation des EAU à l'étranger" et pour avoir "décrit les EAU comme un pays sans lois". Il a été condamné à 10 ans de prison, à une amende d'un million de dirhams émiriens (272 000 USD), à trois ans de probation à l'issue de sa peine et à la confiscation de ses appareils électroniques. Le 31 décembre 2018, la chambre de sécurité de la Cour suprême fédérale a confirmé sa condamnation et sa peine. 

Les actions du gouvernement des EAU contre Ahmed Mansoor ont été largement critiquées. Par exemple, le 4 octobre 2018, le Parlement européen a adopté une résolution condamnant "le harcèlement, la persécution et la détention et appelant à la libération" d'Ahmed Mansoor. En mai 2019, après avoir mis un terme à une grève de la faim qui a duré un mois pour protester contre sa condamnation injuste et ses conditions de détention dans la prison Al-Sadr, un groupe de rapporteurs spéciaux de l'ONU a déclaré que ses conditions de détention "violent les normes internationales fondamentales relatives aux droits humains. et risquent d'avoir un impact irrémédiable sur la santé de M. Mansoor". En septembre 2019, Ahmed Mansoor a été violemment battu pour avoir continué à protester et il a entamé une autre grève de la faim. Toutefois, il est toujours détenu dans une cellule à l'isolement sans eau courante ni lit, et il n'est pas autorisé à sortir de sa cellule, sauf pour des visites familiales.

En septembre 2019, le cas de d'Ahmed Mansoor est cité dans le rapport annuel du Secrétaire général de l’ONU sur les représailles contre ceux qui coopèrent avec les mécanismes de l’ONU. C'était la quatrième fois que le Secrétaire général dénonce des représailles à son encontre; il a déjà fait par de ses préoccupations en 2014, 2017 et 2018. 

C’est une tragédie et une honte pour les EAU que ce mardi 22 octobre, "Année de la tolérance", Ahmed Mansoor fête ses 50 ans, seul dans une cellule de prison dans des conditions aussi déplorables, simplement pour avoir exercé son droit fondamental à la liberté d'expression et pour avoir dénoncé les violations des droits humains.

L’emprisonnement d'Ahmed Mansoor fait partie d’un régime répressif de plus en plus présent aux EAU. Depuis 2011, les autorités se sont lancées dans une campagne de répression sans précédent contre la liberté d'expression, de réunion pacifique et d'association dans le pays, réduisant de ce fait l'espace de la dissidence pacifique à un quasi-effacement. Les autorités ont eu recours à des technologies conçues par le secteur privé, telles que celles du groupe NSO, pour la surveillance ciblée illégale des défenseur-ses des droits humains, notamment d'Ahmed Mansoor, afin de surveiller et de réprimer la dissidence. Les autorités arrêtent, détiennent et poursuivent des militants, défenseur-ses des droits humains et autres détracteurs du gouvernement, y compris d'éminents avocats, juges et universitaires, et les accusent de charges graves liées à la sécurité nationale ou à la cybercriminalité, et entament des procédures qui ne respectent pas les normes pour un procès équitable.

Les EAU se sont publiquement déclarés champions de la tolérance au Moyen-Orient et dans le monde. En vertu de la Déclaration universelle des droits de l'Homme, ils sont tenus de protéger les droits des citoyens et résidents. Pour cette raison, nous appelons le gouvernement des EAU à respecter ces principes et à libérer Ahmed Mansoor sans plus tarder.

Nous vous prions d'agréer l'expression de ma haute considération

A Common Future, Cameroon
Abraham's Children Foundation, Nigeria
ACAPE BURUNDI         
ACAT-Belgium
ACAT-France     
ACAT-Germany - Action by Christians for the Abolition of Torture     
ACAT-Liberia    
ACAT-Switzerland          
Access Center for Human Rights, France
Access Now       
Accountabilitylab Niger    
African Monitoring Observatory on Climate, Waters, Earth, and Cultures (AMOClimWEC), Benin
American Association of University Professors - New York University Chapter  
American Association of University Professors (AAUP)         
Americans for Democracy & Human Rights in Bahrain (ADHRB)       
Amis des Etrangers au Togo (ADET)          
Amman Center for Human Rights Studies, Jordan
Amnesty International      
Angels in the Field, India
Arabic Network for Human Rights Information (ANHRI)       
ARTICLE 19      
Asociación de Tecnología, Educación, Desarrollo, Investigación, Comunicación (TEDIC), Paraguay
Association de defense des libertas individuelles, Tunisia
Association For Promotion Sustainable Development, India
Association for Victims of Torture in UAE, Switzerland
Badhon Manob Unnayan Sangstha, Bangladesh
Cairo Institute for Human Rights Studies (CIHRS)    
Center for Civil Liberties, Ukraine
Center for Innovative and Pragmatic Development Initiative (CIPDI)    
Centre d'Appui a l'Education et au Developpement Communautaire (CEDECO), Democratic Republic of the Congo
Centre for Social Mobilization and Sustainable Development, Ghana
Centro de Estudios y apoyo al desarrollo Local, Bolivia
CIVICUS           
Comision Nacional de los Derechos Humanos, Dominican Republic
Committee for the Respect of Liberties and Human Rights in Tunisia    
Community Initiative for Social Empowerment - CISE Malawi            
Community Uplift and Welfare Development-CUWEDE, Uganda
Conacce Chaplains, Colombia
Construisons Ensemble le Monde, Democratic Republic of the Congo
Coordination Maghrébine des Organisations des Droits Humains, Morocco
Daniel Iroegbu Global Health Foundation, Nigeria
Educating Girls and Young Women for Development, Zambia
English PEN       
Ensemble contre la peine de mort (ECPM)
European Centre for Democracy and Human Rights (ECDHR)
FINESTE, Haiti
Fraternity Foundation for Human Rights, Germany
Freedom Forum, Nepal
Freedom Now, Morocco
Front Line Defenders       
Fundacion CELTA, Venezuela
Fundación Regional de Asesoría en Derechos Humanos (INREDH), Ecuador
Fundacion TEA Trabajo Educacion Ambiente, Argentina
Future Leaders Network Gambia Chapter, Gambia
Geneva Council for Rights and Liberties, Switzerland
Global Learning for Sustainability, Uganda
Global Participe, Congo
Global Vision     Democratic Republic of the Congo
Global Youth on the Quest for Developmental Networking, Gambia
Gulf Centre for Human Rights (GCHR)       
Gulf Institute for Democracy and Human Rights (GIDHR), Australia
HOPE Worldwide-Pakistan
Human Rights Defenders Network- ACPDH, Burundi
Human Rights First          
Human Rights Foundation
Human Rights Watch       
Humena for Human Rights and Civic Engagement, Egypt
Hunger Reduction International, Somalia
IFEX     
Innovation for Change - Middle East and North Africa           
International Campaign for Freedom in the United Arab Emirates (ICFUAE)     
International Center for Supporting Rights and Freedoms, Switzerland  
International Centre for Justice and Human Rights, Switzerland
International Commission of Jurists (ICJ)    
International Federation for Human Rights (FIDH), under the Observatory for the Protection of Human Rights Defenders      
International Legal Initiative, Kazakhstan
International Service for Human Rights (ISHR)        
International Youth Alliance for Peace, Sri Lanka
Iraqi Network for Social Media (INSM)      
Jeunesse Assistance, Niger
Justice Acess Point, Uganda
Kaimbu Sex Workers Association, Kenya
Kazakhstan International Bureau for Human Rights and the Rule of Law           
Legal Clinic Adilet, Kyrgyzstan
Liberia Freedom of Information Coalition    
Ligue Burundaise pour les Droits de la Femme         
Maharat Foundation, Lebanon
Martin Ennals Foundation
MENA Rights Group       
Middle East Studies Association of North America    
Most at Risk Populations in Uganda (MARPS)         
National Campaing for Sustainable Development, Nepal         
National Sudanese Women Association       
Norwegian PEN  
Omani Association for Human Rights         
Organisation Marocaine des Droits Humains (OMDH), Morocco
Pakistan NGOs Forum      
Palestinian Center for Communication and Development Strategies, Palestine
Participatory Research Action Network-PRAN, Bangladesh
PEN America
PEN Canada
PEN International
PEN Iraq
Plateforme d'Autonomisation des organisations de jeunesses de Côte d'ivoire (Paojci)
Promo-LEX Association, Moldova
Qurium Media Foundation, Sweden
Reconciliation and Development Agency, Cameroon
Reporters Without Borders (RSF) 
Resilient Youth for Change, Zambia
Rights Realization Centre
Rise Initiative for Human Advocacy, South Sudan
Rotel Foundation for Social Development, Nigeria
Rukiga Forum for Development (RUFODE), Uganda
Rural Development Foundation, Pakistan
Salam for Democracy and Human Rights
Scholars at Risk
Sentinel for Human Rights
Sierra Leone School Green Clubs   
Society for Rural Women and Youth Development, Nigeria
SPEDYA-Africa Togo
Street Children Empowerment Foundation, Ghana
Sukaar Welfare Organization - Pakistan
Syrian Center for Media and Freedom of Expression (SCM)
Terres des Jeunes Togo     
TRIO Uganda 
Tunisian Association For Supporting Minority Rights
Tunisian League of Defending Human Rights 
Union des Frères pour Alternatif de Développement Intégré (UFADI), Haiti
Urnammu for Justice and Human Rights, Canada
Veritas Collective Foundation, Pakistan
Vigilance for Democracy and the Civic State, Tunisia
Vijana Hope, Democratic Republic of the Congo
Volunteers Welfare for Community Based Care of Zambia
Wales PEN Cymru 
Women's March Global 
World Organisation Against Torture (OMCT), under the Observatory for the Protection of Human Rights Defenders
Young Men Association, Botswana
Youth Action for Relentless Development Organization, Sierra Leone
Youth Advocacy Nepal   
Youth for the Mission - Jamaica
Youth Harvest Foundation Ghana
YOUTHAID-LIBERIA