Acharnement judiciaire contre les défenseur-ses des droits humains égyptiens
Le 20 avril 2016, un juge d'instruction a ordonné d'étendre la liste des personnes ciblées par le gel des avoirs à l'éminent défenseur des droits humains égyptien M. Bahey Eldin Hassan, sa femme et sa fille, deux employés du Cairo Institute For Human Rights Studies (CIHRS), aux défenseurs Mostafa Al Hassan et M. Abdel Hafez Tayel. Cette mesure est liée à une affaire de fonds étrangers récemment rouverte en Égypte. Le même jour, le tribunal du Caire à Zeinhom a repoussé l'audience relative au gel des avoirs de M. Hossam Bahgat, M. Gamal Eid et d'autres défenseur-ses des droits humains accusés d'avoir "utilisé des fonds étrangers pour fomenter des troubles". Cela fait suite à une demande de gel de leurs avoirs personnels et familiaux. S'ils sont inculpés, les défenseurs des droits humains risquent jusqu'à 25 ans de prison en vertu du Code pénal égyptien.
Bahey Eldin Hassan est directeur et fondateur du CIHRS, une organisation non gouvernementale indépendante et régionale basée au Caire, fondée en 1993 pour promouvoir le respect des principes des droits humains, de la démocratie et de l'état de droit dans la région Arabe. Le CIHRS a reçu le prix de la République française pour les droits humains en 2007. Mostafa Al Hassan est avocat et directeur de l'éminente organisation indépendante de défense des droits Hisham Mubarak Law Centre, qui se consacre à la promotion des droits humains par le biais de procès, de campagnes et de recherches juridiques. Abdel Hafez Tayel est directeur de l'Egyptian Center for Right to Education, une organisation qui a pour objectif de promouvoir et garantir la connaissance des droits humains en Égypte.
41 organisations égyptiennes ont été ajoutées à l'affaire de financements étrangers, également appelée Affaire N0 173, et certains leaders et employés ont été cités à comparaitre pour des accusations incluant la "réception de fonds illégaux étrangers" et "travail sans autorisation légale". En mars 2016, quatre défenseur-ses des droits humains et leurs familles ont été informés que l'ordre avait été donné pour le gel de leur argent et de leurs biens. Parmi les personnes ciblées se trouvent M. Hossam Bahgat, fondateur de l'Egyptian Initiative for Personal Rights (EIPR), et actuellement journaliste pour le service de presse indépendant Mada Masr, qui parle beaucoup de l'armée et des procès militaires en Égypte, et M. Gamal Eid, fondateur et directeur de l'Arabic Network for Human Rights Information (ANHRI). Deux employés du CIHRS et trois employés de Nazra for Feminist Studies ont aussi été cités à comparaitre pour un interrogatoire. Le tribunal pénal du Caire à Zeinhom a reporté le procès jusqu'au 23 mai 2016, le temps d'une enquête.
Front Line Defenders condamne la criminalisation de la société civile en Égypte et appelle les autorités à cesser immédiatement de persécuter les défenseur-ses des droits humains; tout en rappelant le rôle essentiel de leur travail pour le développement d'une société plus juste et égalitaire.
Front Line Defenders exhorte les autorités égyptiennes à:
- Mettre fin à l'enquête ouverte contre les défenseur-ses et organisations de défense des droits humains susmentionnés en Égypte, et abandonner toutes les charges et mesures, y compris le gel des avoirs, dont eux et leurs familles font l'objet.
- Cesser immédiatement toute forme de harcèlement contre les organisations et défenseur-ses des droits humains en Égypte, car Front Line Defenders pense que ces droits sont limités à cause de leur travail légitime et pacifique en faveur des droits humains.
- Garantir qu’en toutes circonstances, tous-tes les défenseur-ses des droits humains en Égypte puissent mener à bien leurs actions légitimes en faveur des droits humains, sans craindre ni restrictions ni représailles.