La lauréate du prix Nobel de la paix, Narges Mohammadi, condamnée à six mois de prison supplémentaires en Iran, alors que les soins médicaux urgents lui sont à nouveau refusés
La Free Narges Coalition condamne la peine de six mois de prison supplémentaires prononcée à l’encontre de Narges Mohammadi, lauréate du prix Nobel de la paix, et exige sa libération immédiate et inconditionnelle. La coalition demande à nouveau qu’elle bénéficie de toute urgence d’un traitement médical essentiel, ce qui lui a encore été refusé cette semaine.
Le comité directeur de la Free Narges Coalition a déclaré : « La République islamique refuse une nouvelle fois de fournir des soins médicaux à Narges Mohammadi, alors même que son état de santé se détériore de manière alarmante depuis qu’elle est emprisonnée, et que de nouvelles peines continuent d’être prononcées en représailles à sa persistance à s’exprimer depuis la prison. Nous demandons à nouveau sa libération inconditionnelle, mais à court terme, il est essentiel qu’elle bénéficie d’une permission de sortie pour que les interventions médicales essentielles recommandées par ses médecins puissent être effectuées sans tarder. Nous exhortons la communauté diplomatique internationale à en faire une priorité dans toutes les négociations avec le gouvernement iranien, en insistant sur un engagement ferme en faveur de la libération de Mme Mohammadi. Cette intervention diplomatique vitale n’est pas seulement nécessaire, elle pourrait lui sauver la vie. Étant donné le récent bilan lamentable du gouvernement iranien en ce qui concerne les négligences médicales arbitraires envers les prisonniers politiques, nous tenons les autorités responsables du bien-être de Narges Mohammadi. »
Le 19 octobre 2024, la branche 2 de la Cour pénale de Qods a condamné Narges Mohammadi à six mois de prison supplémentaires pour avoir “désobéi et résisté aux ordres”. Cette accusation a été portée contre Narges Mohammadi et quatre autres détenues après que leur manifestation contre l’exécution d’une manifestante a été violemment réprimée par la police antiémeute dans le quartier des femmes de la prison d’Evin, le 6 août.
L’actuelle période d’incarcération de Mme Mohammadi a commencé en novembre 2021, après sa condamnation en mai 2021. Si l’on ajoute à cela les procès intentés contre elle en janvier et octobre 2022, ainsi qu’en janvier, juin et octobre 2024, elle a été condamnée à 13 ans et 9 mois de prison, ainsi qu’à 154 coups de fouet pour des accusations forgées de toutes pièces, notamment de “propagande contre l’État” et “d’actes contre la sécurité nationale”.
En outre, l’état de santé de Mme Mohammadi s’est considérablement détérioré au cours de sa longue incarcération. Plus récemment, début octobre, la famille de Narges Mohammadi a fait part de ses profondes préoccupations concernant les refus systématiques des autorités de la prison, notamment les 10 et 17 septembre et le 1er octobre, de la transférer dans un hôpital pour qu’elle passe une angiographie. Cette intervention a été prescrite par son cardiologue le 19 mars 2024.
Un rapport médical publié le 16 septembre a mis en évidence un certain nombre de nouvelles inquiétantes. Son angiographie a révélé que l’artère principale de son cœur, où un stent a été posé en 2021 en raison d’un blocage à 75 %, a de nouveau développé une complication grave. Malgré les demandes répétées de son spécialiste pour une nouvelle angiographie, et la confirmation de l’urgence de cet examen par le cardiologue agréé par l’Organisation iranienne des prisons, qui a rendu visite à Narges Mohammadi le 8 octobre, la procédure n’a pas encore été effectuée. Dans la soirée du 8 octobre, le directeur de la prison d’Evin a rendu visite à Narges Mohammadi dans le quartier des femmes et l’a informée que l’Organisation iranienne des prisons n’avait pas le pouvoir, à la prison d’Evin, de décider de sa situation, y compris de son transfert médical, et que les décisions étaient prises à des niveaux plus élevés, sans mentionner les noms des autorités responsables de ces décisions.
L’année dernière, en novembre 2023, Mme Mohammadi a dû rester alitée en raison de douleurs aiguës au dos et au genou, lorsqu’elle a été transférée à l’hôpital. Selon les médecins spécialistes et les examens par IRM et tomodensitométrie, elle a besoin de dix séances de kinésithérapie et d’autres traitements réguliers, ce qui a été communiqué aux autorités de la prison d’Evin à trois reprises ; toutefois, le traitement lui est refusé. Mme Mohammadi doit également consulter un ophtalmologiste, car elle souffre de douleurs oculaires pendant la nuit et d’épisodes de troubles de la vue. Le fait que les autorités refusent d’administrer le traitement médical urgent et essentiel à Mme Mohammadi — ce qui s’inscrit dans un schéma systématique de négligence médicale arbitraire à l’encontre des prisonniers politiques, y compris les défenseur⸱ses des droits humains, les journalistes et les écrivains — témoigne d’un mépris insensé pour sa santé et son bien-être en détention.
En outre, Mme Mohammadi est toujours totalement privée de contacts avec sa famille et son avocat. Depuis octobre 2022, elle n’a pas pu rencontrer son avocat pendant de nombreux mois en raison de son refus de porter le voile, et elle n’a plus de contact téléphonique avec ses proches en Iran depuis le 29 novembre 2023.
Narges Mohammadi est défenseuse des droits humains, journaliste, auteure et ancienne directrice adjointe et porte-parole du Defenders of Human Rights Centre (DHRC) en Iran. Mme Mohammadi a passé plus de dix ans de sa vie en prison, et sa période de détention actuelle a débuté en novembre 2021. Elle purge actuellement des peines totalisant 13 ans et neuf mois de prison, pour “propagande contre l’État” et “collusion contre la sécurité de l’État”. Elle a reçu de nombreux prix internationaux pour sa lutte inlassable en faveur des droits humains, notamment le prix Nobel de la paix 2023, le prix mondial de la liberté de la presse UNESCO/Guillermo Cano 2023, le prix PEN/Barbey pour la liberté d’écrire 2023 et le prix du courage de Reporters sans frontières 2022.
Cette déclaration est publiée par le comité directeur de la Free Narges Coalition et ne reflète pas nécessairement la position de tous les membres de la Coalition. Le comité est dirigé par la Narges Foundation, PEN America, Reporters sans frontières (RSF) et Front Line Defenders.
Pour plus d’informations, pour vous impliquer ou pour apporter votre soutien, rendez-vous sur le site : www.narges.foundation/freenarges