Acharnement judiciaire contre les défenseur-ses des droits humains d'ARTUZ
Le 21 juin, le président national d'ARTUZ, Obert Masaraure, a été arrêté au poste de police de Hwedza, où il s'était rendu conformément aux conditions de sa liberté sous caution qui lui sont imposées depuis janvier 2019. Les policiers ont prétendu qu'il avait violé les conditions de sa mise en liberté sous caution. Après avoir passé cinq jours en détention provisoire, le tribunal a estimé qu'il n'avait violé aucune condition de mise en liberté sous caution et il a donc été libéré. Il a passé sa journée au tribunal pour subversion d'un gouvernement élu constitutionnellement et incitation à la violence publique.
L'Amalgamated Rural Teachers Union of Zimbabwe - ARTUZ (Syndicat des enseignants des zones rurales du Zimbabwe) est un syndicat enregistré qui défend le droit à l'éducation dans les zones rurales du Zimbabwe et les droits des travailleurs. Le syndicat fait progresser les intérêts des enseignants dans les écoles rurales.
Depuis décembre, ARTUZ et ses militants sont victimes de violations des droits humains. Le 15 décembre 2018, des DDH d'ARTUZ ont été arrêtés alors qu'ils manifestaient pour réclamer au gouvernement un salaire leur permettant de vivre. Ils ont été arrêtés pour avoir participé à une manifestation illégale. Le 17 décembre 2018, le parquet a refusé de les poursuivre après avoir indiqué qu'ils n'avaient pas violé la loi.
Le 16 janvier 2019, Robson Chere, le secrétaire général d'ARTUZ, a été enlevé au lycée Arcturus à Harare, où il est employé par des membres des renseignements militaires. Les ravisseurs l'ont accusé d'avoir appelé à manifester contre la hausse du prix du carburant du 14 au 16 janvier. M. Chere a ensuite été conduit au poste de police de Goromonzi, où il a été accusé d'avoir intimidé et agressé des membres de l'armée.
Le 18 janvier vers minuit, des membres des services de renseignements militaires ont enlevé et torturé le président d'ARTUZ, Obert Masaraure, chez lui à Harare. Après avoir été torturé, il a été remis à la police du commissariat central d'Harare.
Le 27 avril 2019, lors d'une rencontre à Greystone Park à Harare, les défenseur-ses des droits humains et enseignants Robson Chere, Jess Drury, Precious Ndlovu et Munyaradzi Ndawana ont été enlevés par un groupe d'individus en civil, suspectés d'être des agents pour la sûreté de l'État, et conduits dans la section de l'organisation du renseignement central (Central Intelligence Organisation - CIO) au commissariat central d'Harare, où ils ont été interrogés à propos de leurs activités en faveur des droits humains. Ils ont été libérés le jour même mais accusés de trouble de l'ordre public.
Les récents incidents font partie d'un ensemble d'atteintes contre ARTUZ et ses membres qui ont débuté en décembre 2018 et qui se sont récemment intensifiés. Ces incidents surviennent dans un contexte de harcèlement et de détentions contre les défenseur-ses des droits humains au Zimbabwe en représailles de leur travail pour le droit à l'éducation dans les zones rurales, le droit du travail et d'autres droits civils.
Front Line Defenders est profondément préoccupée par la détention arbitraire, les mauvais traitements et le harcèlement judiciaire des défenseur-ses des droits humains d'ARTUZ et estime que ces mesures sont uniquement motivées par leurs activités légitimes en faveur des droits humains. Front Line Defenders condamne les violations des droits humains incessantes perpétrées par des agents de sécurité et considère que cela fait partie d'un effort visant à réprimer les libertés, et plus particulièrement les défenseur-ses des droits humains qui luttent pour le droit à l'éducation dans les zones rurales, le droit du travail et les autres droits civils au Zimbabwe.