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22 Septembre 2020

Inquiétudes croissantes au vu des actions ciblées du Venezuela contre le mouvement des droits humains

Front Line Defenders et Lawyers for Lawyers sont profondément préoccupées par les actions ciblées continues contre les défenseurs des droits humains, y compris des avocats et des organisations à but non lucratif au Venezuela, dans le contexte de la crise humanitaire persistante exacerbée par l’impact du COVID-19. Selon des organismes locaux et internationaux, notamment la Mission d’enquête indépendante du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU, les violations des droits humains sont systématiques dans le pays et visent principalement : les manifestants antigouvernementaux ; les organisations à but non lucratif qui fournissent une aide humanitaire ; les journalistes qui rendent compte de la situation des droits humains (comme les conditions précaires dans les hôpitaux) ; les syndicalistes ; les professionnels de la santé qui dénoncent les conditions de travail désastreuses ; les avocats qui exercent leur profession juridique et défendent les droits de leurs clients (comme les patients à qui un traitement médical a été refusé). Le 16 septembre 2020, Front Line Defenders et Lawyers for Lawyers ont envoyé une lettre aux autorités vénézuéliennes et à d’autres parties prenantes concernées pour exprimer leur inquiétude concernant l’acharnement judiciaire contre le défenseur des droits humains et avocat Henderson Maldonado.

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Alors que la crise profonde des droits humains s’est encore aggravée depuis 2015, un grand nombre de civils et de défenseur-ses - en particulier des journalistes et des avocats - sont criminalisés ou incarcérés pour avoir exercé leurs activités professionnelles et pour avoir assisté à des manifestations liées à l'accès aux services publics et aux traitements médicaux. Les accusations de « trahison », « insurrection » (rebelión) et « agression de gardes » (ataque al centinela) sont parmi les plus couramment utilisées pour criminaliser l’exercice légitime du droit à la liberté d’expression et de réunion pacifique.

La détention arbitraire, la torture et l’acharnement judiciaire du défenseur des droits humains et avocat Henderson Maldonado reflètent bien cette tendance inquiétante à la criminalisation. Henderson Maldonado est coordinateur juridique du Movimiento Vinotinto, membre actif de la Red de Derechos Humanos del Estado Lara, Civilis Derechos Humanos et du Programa Venezolano de Educación Acción en Derechos Humanos (PROVEA). Il a défendu plus de 200 personnes qui ont fait face à la répression de l'État dans le cadre de manifestations pacifiques, notamment des enseignants, des syndicalistes, des agents de santé, des personnes gravement malades, des artistes et des familles de personnes tuées à la suite des violences policières.

Henderson Maldonado a été arrêté arbitrairement le 31 mars 2020 et agressé physiquement par des responsables de la Garde nationale bolivarienne (BNG) dans la ville de Barquisimeto, dans l'État de Lara, alors qu'il enregistrait une vidéo d'une manifestation organisée par des patients atteints de maladies rénales qu'il représente. Les patients se sont vu refuser l’accès à leur traitement médical en raison de restrictions liées au COVID-19. Au cours de sa détention, M. Maldonado a été menacé, torturé et soumis à des traitements cruels et dégradants par des fonctionnaires du BNG. L’avocat en droits humains a été libéré le 1er avril 2020 cependant, le procureur supérieur de l’État de Lara l’a accusé d’avoir « incité le public à la violence» et de «résistance à l’autorité» (articles 285 et 218 du code pénal), et a imposé une mesure de libération conditionnelle l'obligeant à se présenter devant le tribunal tous les 30 jours. C’est avec une grande inquiétude que Front Line Defenders et Lawyers for Lawyers ont adressé cette lettre aux autorités vénézuéliennes et aux autres parties prenantes concernées pour leur demander et les exhorter respectueusement à classer l’affaire intentée contre M. Maldonado et à garantir qu’en toutes circonstances tous les défenseur-ses des droits humains et les avocats vénézuéliens puissent exercer leurs droits et devoirs professionnels légitimes sans crainte de représailles et sans aucune restriction, y compris l’acharnement judiciaire.

Front Line Defenders et Lawyers for Lawyers soulignent avec insistance que les violations subies par l’avocat en droits humains Henderson Maldonado ne correspondent pas à un cas isolé, mais plutôt à une vaste stratégie de persécution, de stigmatisation et de criminalisation systématique des défenseur-ses des droits humains, notamment des avocats, au Venezuela. Nous rappelons respectueusement aux autorités du Venezuela que la Déclaration des Nations Unies sur les droits de l’Homme, adoptée à l’unanimité par l’Assemblée générale des Nations Unies le 9 décembre 1998, reconnaît la légitimité des activités des défenseur-ses des droits humains, leur droit à la liberté d’association et de mener leurs activités sans crainte de représailles. Dans ce contexte, nous demandons aux autorités vénézuéliennes d’adopter sans délai des mécanismes efficaces pour reconnaître le travail précieux que les défenseurs des droits humains, y compris les avocats, accomplissent et de garantir leur protection contre la détention arbitraire, l’emprisonnement ou l’exil et ainsi que la protection de chaque personne individuellement ou collectivement, contre toute forme de violence, menace, représailles, discrimination, pression ou toute autre action arbitraire résultant de l’exercice légitime des droits mentionnés dans la Déclaration des Nations Unies sur les droits de l’Homme.

Pour plus d'informations, contactez :

Adam Shapiro
Responsable de la visibilité et de la communication
Front Line Defenders
adam@frontlinedefenders.org
+1-202-294-8813
@FrontLineHRD