Front Line Defenders condamne le harcèlement continu des défenseur-ses du droit à la terre à Kiryandongo
Front Line Defenders condamne le harcèlement et la détention arbitraire continus des défenseur-ses du droit à la terre dans le district de Kiryandongo, qui semblent faire partie d'une campagne de représailles contre leurs activités visant à mobiliser les communautés locales pour défendre leur droit à la terre et s'opposer aux expulsions forcées perpétrées par les entreprises privées Agilis Partners, Great Season Company Limited et Kiryandongo Sugar Limited, qui mettent en œuvre des projets agricoles dans la région.
Tandis que les défenseurs du droit à la terre Godfrey Ssebisolo, Erias Wanjala et Fred Mwawula attendent d'être jugés pour intrusion sur des terres privées, d'autres défenseur-ses s'opposant aux activités illégales des trois sociétés de Kiryandongo font l'objet d'arrestations arbitraires, d'acharnement judiciaire, d'attaques violentes et d'intimidation.
Le 25 mars 2020, à Nyamuntende, des agents de la société Kiryandongo Sugar Limited accompagnés de quatre soldats des Forces de défense du peuple ougandais (UPDF) sont entrés dans la propriété du défenseur du droit à la terre Richard David Otyaluk avec un tracteur appartenant à la société et ont labouré 4 hectares de son champ de maïs. Lorsque Richard David Otyaluk a tenté d'empêcher le tracteur de détruire les cultures, les soldats l'ont arrêté et passé à tabac. Lorsque le défenseur du droit à la terre James Olupoti a tenté de prendre des photos des auteurs de l'attaque, il a également été battu et détenu. Les soldats auraient tiré des balles réelles près de la jambe du défenseur et proféré des menaces de mort à son encontre. Les deux défenseurs du droit à la terre ont ensuite été emmenés dans un complexe abritant des soldats de l'UPDF et des employés de l'entreprise, mis en place par Kiryandongo Sugar Limited dans le village de Ndoyo. Ils y ont été détenus pendant sept heures avant d'être transférés au poste de police de Kiryandongo par les soldats qui gardaient le complexe. Les défenseurs sont toujours en garde à vue sans charge. Selon leur famille, ils ont été sévèrement battus et souffrent de blessures infligées par les coups.
Le 21 mars 2020, dans le village de Kisalanda, le défenseur du droit à la terre William Katusiime a été attaqué et battu par un agent de la société Agilis Partners et un garde de Saracen, une société de sécurité privée engagée par Agilis Partners. En patrouillant dans la zone, ils ont agressé physiquement et verbalement le défenseur qui refusait de quitter son terrain. Lorsqu'il a signalé l'incident au poste de police de Kimogola, les policiers ont refusé d'ouvrir une affaire et l'ont renvoyé au poste de police de Kiryandongo, affirmant qu'ils avaient reçu l'ordre de ne pas enregistrer les plaintes déposées contre Agilis Partners.
Le 22 mars 2020, Sipiriano Baluma, défenseur du droit à la terre du village de Jérusalem, a été arrêté et détenu au poste de police de Kimogola alors qu'il tentait de déposer une plainte concernant la destruction de ses récoltes. Il a ensuite été transféré au poste de police de Kiryandongo où il est actuellement détenu sans charge.
Le 19 mars 2020, Martin Haweka, un autre défenseur du village de Jérusalem qui a été contraint par Great Season Company Limited de quitter ses terres, a été arbitrairement arrêté au poste de police de Kimogola alors qu'il tentait de porter plainte concernant la destruction de ses récoltes par Great Season Company Limité. Il a été accusé de délit mineur et traduit devant la cour le 24 mars. Alors qu'il plaidait coupable pour éviter une peine sévère, il a été condamné au service communautaire et libéré le même jour.
Front Line Defenders demeure extrêmement préoccupée par le fait que des défenseur-ses du droit à la terre continuent d'être pris pour cible dans le district de Kiryandongo à cause de leur travail pacifique contre les expulsions forcées perpétrées par les sociétés Kiryandongo Sugar Limited, Agilis Partners et Great Season Company Limited. Elle demande instamment aux autorités ougandaises de libérer immédiatement et sans condition les défenseurs du droit à la terre détenus, de leur fournir des soins médicaux appropriés, si nécessaire, et de mener une enquête immédiate, approfondie et impartiale sur les sévices physiques infligés à Richard David Otyaluk et James Olupoti, en vue de publier les résultats et de traduire les responsables en justice conformément aux normes internationales. Front Line Defenders appelle en outre Kiryandongo Sugar Limited, Agilis Partners, Great Season Company Limited, la police et les sociétés de sécurité privées à cesser le harcèlement contre les défenseur-ses du droit à la terre à Kiryandongo.