Front Line Defenders appelle à la fin des menaces et des attaques contre les défenseur·ses des droits des travailleur·ses du sexe et annonce deux prochains rapports sur les DDH en danger
En solidarité avec les défenseur·ses des droits humains et les partenaires féministes du consortium Count Me In! et leur campagne Counting Sex Workers In! Campaign, Front Line Defenders appelle à la fin des menaces et des attaques contre les défenseur·ses des droits des travailleur·ses du sexe et annonce le lancement prochain de deux rapports documentant les risques, les menaces et le travail vital de ces DDH.
Count Me In! est une initiative conjointe menée par Mama Cash et inclut le Red Umbrella Fund (RUF), dirigé par des travailleur·ses du sexe, l'Association for Women’s Rights in Development (AWID), CREA, Just Associates (JASS) et lUrgent Action Fund – Africa ((qui représente ses fonds frères aux États-Unis et en Amérique Latine). The Dutch gender platform WO=MEN est un partenaire stratégique pour le lobbying et le plaidoyer. Le ministère des Affaires étrangères des Pays-Bas a choisi Count Me In! en tant que partenaire stratégique au sein de son Cadre pour le dialogue et la politique de contestation.
Front Line Defenders a précédemment soutenu, documenté et donné de la visibilité au travail et aux risques encourus par les défenseur·ses des droits des travailleur·ses du sexe dans des appels urgents, des déclarations, des présentations à l'Examen périodique universel, des articles d'opinion de chercheurs membres du personnel, le magazine numérique Cypher, des campagnes nationales et internationales, des événements publics et en collaboration avec des réseaux de médias tels que le Guardian, NPR et RTE. Front Line Defenders travaille aux côtés des défenseur·ses des droits des travailleur·ses du sexe via ses divers programmes de protection, notamment les subventions de sécurité, la protection numérique, le programme Repos et répit, l'évaluation des risques et la planification de la protection, les coordinateurs régionaux de protection et la Plateforme de Dublin pour les défenseur·ses des droits humains.
Les défenseur·ses des droits des travailleur·ses du sexe protègent le droit de leurs communautés de vivre à l’abri de la violence et de la discrimination; le droit d'accéder aux soins de santé, au logement, à la justice et à l'emploi; et le droit de se rassembler, de s'organiser et de plaider pour le changement.1 2 Leur travail en faveur des droits humains comprend les interventions d'urgence, le renforcement de la communauté, le plaidoyer dans les centres de détention, des formations sur le thème des droits humains, la réforme de la police, la planification de la protection, les conseils juridiques et sanitaires, l'aide aux prisonniers et la promotion de l'accès à la justice pour les survivants de violations des droits humains.
Rapport 2021: Les défenseur·ses des droits des travailleur·ses du sexe en danger
Début 2021, Front Line Defenders publiera le premier rapport mondial qui documentera les risques, les menaces et les besoins de protection des défenseur·ses des droits des travailleur·ses du sexe (DDTS). Le rapport présente des études de cas, des témoignages, des analyses de sécurité et les demandes des défenseur·ses des droits humains en matière de protection, documentés lors de voyages de recherches collaboratives menées par des chercheur·ses de Front Line Defenders et des DDH. Entre 2017 et 2020, Front Line Defenders a interviewé plus de 300 DDTS et des membres de la communauté des travailleur·ses du sexe dans plus d'une douzaine de pays.3
Le rapport qui sera bientôt publié documente les menaces et les attaques contre les DDH directement liées à leur activisme. Il place le travail des défenseur·ses des droits des travailleur·ses du sexe dans des cadres, des concepts et un langage propre aux normes et standards internationaux relatifs aux droits humains, afin de mieux visualiser leur travail de DDH et permettre un meilleur accès aux services et mécanismes de protection des DDH.
Le rapport documente également la manière dont l'activisme de ces DDH profite non seulement aux personnes qui s'identifient comme travailleur·ses du sexe, mais aussi à celles qui ont été forcées ou contraintes de vendre des services sexuels contre leur gré. Cela inclut des activités en faveur des droits humains telles que: négocier l'accès aux maisons closes, des formations sur la manière d'accéder aux mécanismes de justice et de dénoncer les cas de violence, identifier les besoins médicaux, réduire les risques, établir des liens et la confiance avec les directeurs d'établissement, les interventions d'urgence et le plaidoyer pour la liberté de mouvement et le libre choix de l'emploi pour ceux qui cherchent à quitter le travail du sexe.
“Lors de missions d'enquête en Tanzanie, au Kirghizistan, au Myanmar et au Salvador, les chercheur·ses de Front Line Defenders se sont entretenus avec plus de 300 défenseur·ses et membres de communautés au sujet des risques, des menaces et des besoins de protection des travailleur·ses du sexe qui deviennent des défenseur·ses des droits humains visibles. Le rapport constate qu'une grande majorité de la violence perpétrée contre ces DDH est manifestement en représailles contre leur activisme." - Meerim Ilyas, Responsable adjointe de la protection, Front Line Defenders
COVID-19: Répondre aux besoins immédiats des défenseur·ses
Lorsque la pandémie de COVID-19 a commencé, les défenseur·ses des droits des travailleur·ses du sexe faisaient partie des plus durement touchés et les projets de lancement du rapport ont été retardés par respect pour la capacité des DDH partenaires. Pendant la crise, Front Line Defenders a préparé un nouveau rapport sur la réponse à la crise, qui documente l'impact de la pandémie sur les défenseur·ses des droits des LGBTI et des travailleur·ses du sexe.4
“Les défenseur·ses des droits des travailleur·ses du sexe ont poursuivi leur travail essentiel et vital pendant la pandémie de COVID-19 malgré d'importantes menaces pour leur santé physique et psychologique. En plus du plaidoyer en faveur des droits humains et des interventions d'urgence, ils comblent les lacunes humanitaires laissées par les gouvernements corrompus et les réponses discriminatoires à la pandémie. Aujourd'hui plus que jamais, il est important de faire entendre nos appels à mettre fin aux attaques contre les défenseur·ses marginalisés qui accomplissent un travail salvateur sur le terrain" Anderson, directeur exécutif, Front Line Defenders
Rapport de décembre 2020: Les défenseur·ses des droits des LGBTI et des travailleur·ses du sexe en danger en temps de pandémie de COVID-19
Front Line Defenders, en partenariat avec le magazine The Advocate, lancera ce rapport sur la réponse à la crise la semaine du 13 décembre, avant la Journée internationale pour l'élimination des violences faites aux travailleur·ses du sexe, le 17 décembre.
Le virus lui-même, ainsi que la réponse des États à la pandémie, affectent la communauté queer, les travailleur·ses du sexe et les communautés économiquement marginalisées, ce qui exacerbe les systèmes existants d'injustices sexistes, sexualisées, de classe et raciales. L'insécurité économique et la montée de la violence contre les personnes LGBTI et les travailleur·ses du sexe ont un impact direct sur la sécurité des DDH. Alors que le besoin de répondre aux urgences dangereuses augmente, les DDH font face à des risques croissants d'arrestation, d'attaque physique et de traumatisme psychologique.
Dans ce rapport nous documentons: des raids aux domiciles des DDH au cours desquels des assaillants ont agressé sexuellement des sans abri qui s'étaient réfugiés chez les DDH; des arrestations massives dans les bureaux des organisations de défense des droits LGBTI; des expulsions du domicile familial; des fermetures de cliniques médicales gérées par des DDH; des cas de harcèlement sexuel et la détention de DDH transgenres aux points de contrôle de sécurité mis en place pour limiter les mouvements sociaux; la diffamation homophobe et transphobe qui accuse les DDH de propager le COVID-19; et des traumatismes psychologiques graves dus à leur incapacité à répondre pleinement aux nombreux besoins urgents de leurs communautés.
“Les défenseur·ses des droits des travailleur·ses du sexe sont diffamés, arrêtés et attaqués pour leurs deux identités - celle de travailleur·ses du sexe et celle de DDH. Les menaces et les risques associés à l'un amplifient l'autre, et pourtant c'est aussi à ce croisement que les défenseur·ses nous disent trouver leurs plus grandes forces. Nos prochains rapports documentent non seulement les risques immenses, mais aussi les stratégies utilisées par les défenseur·ses des droits des travailleur·ses du sexe pour protéger leurs communautés. Les affaires et les témoignages transcendent les récits d’une population victimisée et sexualisée en employant des tactiques de survie ad hoc et en explorant une éventail plus large et plus nuancé de systèmes de protection créatifs, méthodiques et intersectionnels conçus et déployés par certains des défenseur·ses les plus marginalisés et les plus résilients du monde." - Erin Kilbride, Coordinatrice Recherche et Visibilité, Front Line Defenders
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1 Front Line Defenders emploie la terminologie "défenseur·ses des droits humains des travailleur·ses du sexe" parce que c'est ainsi que les défenseur·ses des droits humains s'identifient eux-même.
2 Dans ces rapports, Front Line Defenders définit les travailleur·ses du sexe comme des adultes qui reçoivent régulièrement ou occasionnellement de l'argent ou des biens en échange de services sexuels consensuels. En établissant une définition pratique du travail du sexe, des travailleur·ses du sexe ou des défenseur·ses des droits des travailleur·ses du sexe, Front Line Defenders respecte le fait que de nombreux termes liés au commerce du sexe font l'objet de critiques continues de la part des DDH de ces communautés elles-mêmes. Ces changements de langage doivent être respectés et, le cas échéant et en consultation avec les défenseur·ses, adoptés par la communauté internationale.
3 Lors des quatre missions d'enquête en Tanzanie, au Kirghizstan, au Myanmar et au Salvador, les chercheur·ses se sont rendus dans au moins quatre régions dans chaque pays et ont interrogé entre 25 et 35 DDTS dans chacune. Front Line Defenders a également interrogé 20 à 40 membres supplémentaires de la communauté des travailleur·ses du sexe dans chaque pays, afin de faire la différence entre les risques encourus par les travailleur·ses du sexe qui sont des militants visibles et les travailleur·ses du sexe qui ne s'identifient pas comme militants (ou leaders communautaires, travailleur·ses de proximité, pairs éducateurs, ou des défenseur·ses). Des consultations et des entretiens supplémentaires ont eu lieu avec des DDTS en Tunisie, aux États-Unis, en Irlande, en Thaïlande, au Malawi, en République dominicaine, en Indonésie, au Zimbabwe et en Eswatini.
4 Entre avril et août 2020, Front Line Defenders a mené des entretiens à distance avec des défenseur·ses des droits des personnes LGBTI et des travailleur·ses du sexe au Mexique, au Pérou, en Équateur, en Tanzanie, en Ouganda, en Hongrie, au Salvador, au Malawi, au Zimbabwe, en Eswatini, au Sri Lanka et en Indonésie, qui déclarent faire face à une augmentation des risques physiques, économiques, juridiques et psychologiques liés à leur activisme en faveur des droits humains pendant le COVID-19.