Back to top
18 Novembre 2024

La Free Narges Coalition et ses partenaires demandent au Conseil des droits de l’homme de l’ONU d’intervenir pour que Narges Mohammadi soit libérée d’urgence pour raisons médicales

Au Conseil des droits de l’Homme de l’ONU,

Nous, les organisations soussignées de défense des droits humains et de la liberté d’expression, vous écrivons en réponse à la récente nouvelle selon laquelle la lauréate iranienne du prix Nobel de la paix emprisonnée Narges Mohammadi, a besoin de toute urgence de soins médicaux. Avant l’examen de l’Iran dans le cadre de l’Examen périodique universel (EPU) effectué par le Conseil des droits de l’homme des Nations unies, qui aura lieu au cours des deux prochains mois à Genève, nous vous demandons instamment d’appeler les autorités iraniennes à accorder à Mme Mohammadi une permission de sortie pour raisons humanitaires, afin qu’elle puisse recevoir des soins complets et essentiels pour toute une série de problèmes médicaux graves. 

Mme Mohammadi, défenseuse des droits humains, journaliste, autrice et ancienne directrice adjointe et porte-parole du Centre des défenseurs des droits humains (DHRC) en Iran, a passé plus de dix ans de sa vie en prison, et sa période de détention actuelle a débuté en novembre 2021. Elle purge actuellement plusieurs peines totalisant 13 ans et neuf mois de prison, pour « propagande contre l’État » et « collusion contre la sécurité de l’État ». Écrivaine et militante de renommée internationale, elle a reçu de nombreux prix internationaux pour sa lutte sans relâche en faveur des droits humains, notamment le prix Nobel de la paix 2023, le prix mondial de la liberté de la presse UNESCO/Guillermo Cano 2023, le prix PEN/Barbey pour la liberté d’écrire 2023 et le prix du courage décerné par Reporters sans frontières 2022.

La santé de Narges Mohammadi s’est considérablement détérioré au cours de sa longue incarcération, notamment en 2022, lorsqu’elle a été victime de plusieurs crises cardiaques avant d’être transférée à l’hôpital pour y subir une opération cardiaque d’urgence. Début octobre 2024, la famille de Narges Mohammadi a exprimé ses vives préoccupations concernant les refus répétés des responsables de la prison d’Evin de la transférer à l’hôpital pour des rendez-vous en vue de réaliser une angiographie, une intervention prescrite en mars par son cardiologue ; elle a finalement été autorisée à se rendre à un rendez-vous le 27 octobre 2024. Le 3 novembre, son avocat a annoncé que lors de sa récente visite médicale, les médecins ont découvert une lésion osseuse dans sa jambe droite soupçonnée d’être cancéreuse. Bien que Mme Mohammadi ait subi une intervention chirurgicale pour lui retirer une partie de l’os dans le bas de la jambe, ainsi qu’une greffe osseuse, le 14 novembre, elle a de nouveau été transférée en prison après seulement deux jours d’hospitalisation, contre l’avis de son médecin et malgré une autre demande de son équipe juridique qui souhaitait qu’elle bénéficie d’une permission de sortie pour raisons médicales et d’une suspension de peine. Des années d’emprisonnement et des mois d’isolement ont gravement compromis la santé de Mme Mohammadi, qui souffre de multiples affections graves qui ne peuvent être traitées lors d’une visite courte et incomplète à l’hôpital.

Le fait que les autorités pénitentiaires refusent que Mme Mohammadi bénéficie d’un traitement médical urgent et essentiel témoigne d’un mépris total pour sa santé et son bien-être en détention. Ceci est particulièrement inquiétant, car son cas n’est pas unique, mais s’inscrit dans un schéma systématique de négligence médicale arbitraire à l’égard des prisonniers, y compris les défenseur⸱ses des droits humains, les journalistes et les écrivains. Le poète et cinéaste Baktash Abtin en est le triste exemple ; il est décédé en janvier 2022 en détention, après que l’état a tardé à lui administrer des soins médicaux en temps voulu. La nouvelle de la détérioration de l’état de santé de Narges Mohammadi intervient dans le contexte d’une vague actuelle de refus de soins médicaux à de nombreux prisonniers de conscience en Iran, en particulier à des détenus moins connus. Nous nous faisons l’écho de l’appel récent de 22 détenues du quartier des femmes de la prison d’Evin, dans lequel elles tiennent le gouvernement et le système judiciaire iraniens pour responsables des conditions dans lesquelles la vie des détenues est gravement menacée, et nous appelons les acteurs internationaux des droits humains à se joindre à elles pour faire pression en faveur d’un changement.

Alors que le 16 novembre marque le troisième anniversaire de la détention injuste de Narges Mohammadi, nous, les organisations soussignées, lançons un appel urgent en faveur de sa libération totale et inconditionnelle, car elle ne devrait pas être en prison, et, en attendant, en faveur d’une permission de sortie immédiate pour raisons médicales, compte tenu de son état de santé fragile et de la nécessité de lui prodiguer des soins complets. En outre, nous demandons instamment aux autorités iraniennes de cesser de criminaliser les droits humains et de s’abstenir de convoquer les défenseur⸱ses des droits humains, les journalistes et les écrivains pour qu’ils purgent leur peine de prison lorsque leur état de santé est fragile.

Nous demandons instamment au Conseil des droits de l’homme des Nations unies de veiller à ce que le gouvernement iranien s’engage à mettre en œuvre sans délai une recommandation qu’il a acceptée lors du dernier cycle de l’EPU il y a cinq ans, à savoir veiller à ce que « toutes les personnes en détention reçoivent des soins médicaux et un traitement adéquat, y compris des mesures préventives, telles que le dépistage des affections médicales, gratuitement et sans discrimination ». Enfin, nous réitérons notre appel général en faveur de la libération immédiate et inconditionnelle de toutes les personnes injustement détenues à cause de leur travail en faveur des droits humains, notamment la liberté d’expression. De même, nous exhortons le Conseil des droits de l’homme de l’ONU et les parties prenantes nationales et internationales à se joindre à nous pour faire pression sur les autorités iraniennes afin qu’elles respectent les droits humains fondamentaux de tous les Iraniens, en particulier de celles et ceux qui sont poursuivis à cause de leur travail en faveur des droits humains.

Sincères salutations,

  • Abdorrahman Boroumand Center for Human Rights in Iran
  • All Human Rights for All in Iran
  • Association for the Human Rights of the Azerbaijani people in Iran (AHRAZ)
  • Baloch Activists Campaign
  • Balochistan Human Rights Group
  • Center for Human Rights in Iran
  • Chilean PEN Center
  • Coalition For Women In Journalism
  • Croatian PEN
  • Danish PEN
  • ECPM (Together against the death penalty)
  • English PEN
  • Femena
  • Freedom House
  • Free Nazanin Campaign
  • Front Line Defenders
  • Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH)
  • Iran Human Rights
  • Iran Justice
  • Irish PEN/PEN na hÉireann
  • HÁWAR.help
  • Kurdistan Human Rights Association-Geneva (KMMK-G) 
  • Kurdistan Human Rights Network
  • Kurdpa Human Rights Organization 
  • League for the Defence of Human Rights in Iran (LDDHI)
  • Middle East Matters
  • Narges Foundation
  • PEN America
  • PEN Austria
  • PEN Canada
  • PEN Català
  • PEN Flanders Belgium
  • PEN International
  • PEN Melbourne
  • PEN Netherlands
  • PEN Norway
  • PEN Sweden
  • PEN Sydney
  • Raoul Wallenberg Centre for Human Rights
  • Reporters Sans Frontières
  • San Miguel PEN
  • Shirin Ebadi, 2003 Nobel Peace Prize Laureate
  • United for Iran
  • Organisation mondiale contre la torture (OMCT)