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19 Août 2024

La première affaire liée à la plus grande fosse commune trouvée à Guanajuato est sur le point d’être résolue ; le pouvoir judiciaire de l’État a la possibilité de garantir la justice à la famille Barajas Piña

Déclaration Conjointe :

La déclaration suivante concerne l’affaire de Javier et María del Tránsito, enseignants, chercheurs et défenseur⸱ses des droits humains, qui ont commencé leur travail en faveur de la vérité et de la justice en 2020 après la disparition de leur fille, Guadalupe Barajas. En 2022, Javier et Maria ont reçu le prix Front Line Defenders pour les défenseur·ses des droits humains en danger.

Le corps de Guadalupe Barajas Piña est l’un des 80 corps découverts dans l’une des plus grandes fosses communes situées à Salvatierra, Guanajuato, en 2020.

Le pouvoir judiciaire de l’État a la possibilité de rendre justice à sa famille et de garantir la non-impunité aux collectifs de recherche dans l’État.

Guanajuato, le 18 août 2024. Le 20 août 2024, le tribunal pénal oral d’Acámbaro rendra un verdict à l’encontre de quatre personnes probablement responsables de la disparition de Guadalupe Barajas Piña, une jeune enseignante de l’État de Guanajuato. Sa famille, les collectifs de recherche et les organisations civiles demandent instamment au pouvoir judiciaire de rendre justice dans cette affaire historique, qui est la première liée à cette grave violation des droits humains à être jugée, et d’envoyer un message clair contre l’impunité à l’ensemble de la population.

Guadalupe Barajas Piña a été portée disparue le 29 février 2020 et, depuis lors, sa famille la recherche. En octobre de la même année, dans une propriété située dans le quartier de San Juan, municipalité de Salvatierra, d’une superficie de 600 mètres carrés, 80 corps de personnes disparues ont été découverts. Ces corps ont été découverts dans 65 excavations, ce qui constitue le plus grand site funéraire clandestin découvert dans l’État, où le corps de Guadalupe Barajas Piña a également été identifié. À ce jour, avec Guadalupe Barajas Piña, 65 corps ont été identifiés dans un État qui compte désormais plus de 4 200 personnes disparues.

Après la disparition de sa sœur, Guadalupe Barajas Piña, Francisco Javier, ainsi que ses parents Javier et María del Tránsito, se sont consacrés à la recherche de celle-ci et d’autres personnes disparues, rejoignant même la Commission de recherche des personnes disparues de l’État de Guanajuato. Tragiquement, en raison de son implication, le 29 mai 2021, Francisco Javier a été tué par des individus liés à la disparition de Guadalupe Barajas Piña, ce qui a suscité l’indignation nationale et internationale. Depuis lors, les enseignants Javier et María del Tránsito, parents de Francisco Javier et Guadalupe Barajas Piña, n’ont jamais cessé de chercher à obtenir justice pour leurs enfants, ce qui leur a valu une reconnaissance internationale de la part de Front Line Defenders. Ils sont actuellement déplacés en raison des menaces et des violences à Guanajuato.

Le 15 juin, le procès de quatre personnes responsables de la disparition de Guadalupe Barajas Piña a eu lieu, en faisant ainsi la seule affaire liée à cette fosse qui ait progressé de manière significative. Pendant plus d’un mois, des preuves substantielles ont été présentées pour établir la responsabilité des accusés, dans un contexte où la crise des disparitions dans l’État persiste.

Le procès concernant la disparition de Guadalupe Barajas Piña a été rendu possible grâce à la détermination et à la résilience de ses parents, Javier et María del Tránsito, qui ont récemment réussi à faire en sorte que deux personnes responsables de l’assassinat de leur fils répondent de leurs actes. Aujourd’hui, le pouvoir judiciaire de Guanajuato a la possibilité de créer un précédent important, en envoyant un message de justice aux collectifs de familles de personnes disparues dans l’État et dans tout le pays.

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Javier Barajas et Maria Del Tránsito Piña, parents de Guadalupe et Javier Barajas Piña, sont originaires de Salvatierra, dans l’État de Guanajuato au Mexique. Ils ont consacré leur vie à l’enseignement, ce qui les a motivés pour s’impliquer dans différentes luttes et causes sociales. Aujourd’hui, en raison des risques et des menaces auxquels ils sont confrontés pour leur travail de recherche, ils sont déplacés loin de leur ville, mais continuent de réclamer la vérité et la justice pour la disparition et l’assassinat de leurs enfants.

En outre, ils poursuivent leur travail au sein de collectifs de recherche et racontent leur histoire devant des instances internationales, tels que le Comité des Nations unies sur les disparitions forcées (CED), des ambassades et différentes autorités.

Selon les Observations finales sur les informations complémentaires soumises par le Mexique au titre de l’article 29 (4) de la Convention du CED, il n’y a pas d’informations actualisées concernant le nombre actuel de condamnations au niveau national ; les dernières informations fournies par l’État au CED faisaient état de 11 condamnations de janvier 2010 à novembre 2021 au niveau fédéral, et de 36 pour l’ensemble du pays. Cela signifie que la condamnation dans le cas de Guadalupe contribue à l’accès à la justice dans les cas de disparition dans le contexte de crise qui compte plus de 116 000 disparitions dans le pays.