Éthiopie: Violente répression de manifestations pour la défense des droits humains
Front Line Defenders fait part de ses profondes préoccupations concernant la violente répression du gouvernement éthiopien contre les efforts pacifiques des défenseur-ses des droits humains (DDH), journalistes et citoyens éthiopiens en faveur de la promotion des droits humains dans le pays.
Du 5 au 7 août 2016, dans les régions d'Oromia et Amhara, près de 100 personnes ont été tuées par les forces de sécurité pendant des manifestations pacifiques en faveur du droit à la terre, des droits des populations autochtones et pour la bonne gouvernance. De nombreux autres ont été blessés et arrêtés pendant le week-end.
Cette semaine, des défenseur-ses des droits humains ont signalé à Front Line Defenders que les journalistes et les militants sont souvent les "premiers ciblés" lors des manifestations.
Yared Hailemariam, un défenseur éthiopien, a dit à Front Line Defenders qu'outre la violente répression dont il a été témoin dans les rues éthiopiennes, les journalistes, les leaders des manifestations et les défenseur-ses des droits humains sont suivis et menacés par le biais d'appels téléphoniques et d'e-mails à cause de leur rôle pour mobiliser la société civile.
La violente répression du dernier grand mouvement éthiopien appelant le gouvernement à respecter les droits des peuples Oromo et Amhara fait suite à près de deux ans d'intense répression contre les défenseur-ses des droits humains, les journalistes, les organisations de la société civile; les autorités justifient souvent leurs actes en invoquant la proclamation anti-terrorisme de 2009 (ATP).
En 2014, les forces de sécurité ont réprimé une série de manifestations à Oromia, qui soulevaient les inquiétudes à propos du "Plan de maitrise du développement intégré". Le plan prévoyait d'expulser les citoyens Ormos, notamment les paysans, de leurs terres pour développer et étendre la capitale Addis Abeba.
En novembre 2015, une autre série de manifestations avaient de nouveau attiré l'attention sur cette question de dépossession des terres. Le gouvernement avait violemment réprimé le mouvement en arrêtant de nombreux défenseur-ses des droits humains, dont des journalistes, des enseignants et des étudiants. Depuis 2014, l'appel du peuple Oromo est devenu un mouvement national en faveur de la bonne gouvernance, du droit à la terre et du respect des droits des populations autochtones.
En tant que signataire de multiples conventions internationales, telles que le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) et de la Convention contre la torture ou autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants (CAT), le gouvernement éthiopien doit respecter ses obligations internationales et cesser de réprimer le travail pacifique des défenseur-ses des droits humains dans le pays.
Compte tenu de ces récents développements, Front Line Defenders exhorte les autorités éthiopiennes à respecter leurs obligations internationales, à cesser d'employer la violence contre les citoyens qui exercent leur liberté de rassemblement et d'association, et à garantir que les défenseur-ses des droits humains puissent mener à bien leurs activités légitimes sans craindre de représailles et d'attaques.
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