Il faut garantir la sécurité du défenseur des droits humains Babloo Loitongbam, de sa famille et des défenseur·ses des droits humains qui travaillent avec lui
L’Asian Forum for Human Rights and Development (FORUM-ASIA), South Asians for Human Rights (SAHR), et Front Line Defenders (FLD) appellent d’urgence les autorités compétentes du gouvernement central indien et du gouvernement de l’État du Manipur à prendre des mesures immédiates et efficaces pour assurer la sécurité de Babloo Loitongbam, de sa famille proche et de ses collègues.
Babloo Loitongbam est un avocat et défenseur des droits humains indien. Il est directeur exécutif de Human Rights Alert (HRA), une organisation de défense des droits humains basée dans le Manipur. Il défend la paix et la coexistence dans le contexte des violences interethniques qui opposent les communautés Meiteis et Kukis au Manipur, et qui ont éclaté en mai 2023.
Issu de la communauté majoritaire des Meiteis, Babloo Loitongbam a toujours œuvré pour la protection des droits humains et la paix dans l’État. Toutefois, des groupes radicaux l’accusent à tort de se ranger du côté des militants kuki et le prennent pour cible parce qu’il apporte une aide juridique aux réfugiés déplacés du Myanmar qui demandaient l’asile dans l’État.
Menaces et violences à l’encontre de Babloo Loitongbam
Le 5 octobre 2023, la maison et le bureau de Babloo Loitongbam à Imphal ont été vandalisés par des individus non identifiés, mais vraisemblablement membres du groupe radical Arambai Tenggol. Le même jour, le groupe radical Meitei Leepun, basé à Imphal, a également lancé un appel au boycott à son encontre, aggravant encore les menaces pesant sur sa sécurité.
En septembre 2024, Babloo Loitongbam a dû faire face à de nouvelles menaces de la part de Meitei Leepun. Le 22 septembre 2024, Meitei Leepun lui a ordonné de cesser ses efforts de consolidation de la paix. Le lendemain, le 23 septembre 2024, une cinquantaine d’individus se sont rendu à son domicile, menaçant sa famille de graves conséquences s’il ne limitait pas ses apparitions publiques et ne mettait pas fin à ses activités de défense des droits humains.
Le 23 septembre 2024, Babloo Lointongbam a publié une déclaration réaffirmant qu’il défend les droits humains depuis 30 ans et niant fermement tout lien avec des groupes ou des individus combattants kukis. Il a rappelé que ces allégations sont non fondées et a réaffirmé son engagement en faveur de la paix et de la justice au Manipur.
À ce jour, les forces de l’ordre n’ont pris aucune mesure significative pour enquêter sur ces attaques ou obliger les auteurs à rendre compte de leurs actes. De même, il n’y a pas eu d’enquête sur les allégations contre Babloo Loitongbam et elles sont dénuées de tout fondement juridique ; il semble qu’il s’agisse de tentatives politiques visant à discréditer son travail de longue date dans le domaine des droits humains.
Appel à l’action
Le cas de Babloo Loitongbam souligne la nécessité urgente pour le gouvernement indien de veiller à ce que les défenseur⸱ses des droits humains, tant dans l’État du Manipur que dans l’ensemble de l’Inde, puissent exercer leur activité sans crainte de représailles. Par conséquent, nous appelons les autorités compétentes à prendre des mesures immédiates et efficaces pour assurer la sécurité de Babloo Loitongbam, de sa famille et du personnel d’Human Rights Alert. Nous demandons également au gouvernement de mener une enquête indépendante et impartiale sur les menaces qui pèsent sur la vie de Babloo Loitongbam, sur le vandalisme de sa résidence et sur les accusations infondées dont il fait l’objet.
De telles actions sont importantes non seulement pour sauvegarder les droits des DDH, mais aussi pour se conformer aux obligations de l’Inde en vertu du droit international relatif aux droits humains et des traités et conventions auxquels elle est partie. Il s’agit notamment de respecter les droits à la liberté d’expression et d’association énoncés dans le Pacte international relatif aux droits civils et politiques. Le respect de ces engagements est essentiel pour favoriser un environnement propice à la protection et à la promotion des droits humains en Inde.