La maison du défenseur des droits humains Babloo Loitongbam vandalisée dans l’État du Manipur

Le 5 octobre 2023, des inconnus ont vandalisé la résidence du défenseur des droits humains Babloo Loitongbam à Manipur, en Inde. Quelques heures avant l’attaque, Babloo Loitongbam a été menacé par un groupe combattant appelé « Meitei Leepun », qui a appelé à boycotter le défenseur.

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Babloo Loitongbam est défenseur des droits humains et avocat ; il est basé dans l’État du Manipur, en Inde. Il est également directeur de Human Rights Alert, une organisation qui s’efforce de surveiller, d’enquêter et de signaler les violations des droits humains, y compris les attaques contre les défenseur⸱ses des droits humains. Il est une source précieuse de soutien pour les victimes de persécutions et pour les défenseur⸱ses des droits humains confrontés à des représailles à cause de leur travail. Babloo Loitongbam est un fervent défenseur des politiques publiques qui violent et discriminent les droits des communautés locales à Manipur et dans d’autres États du Nord-Est.

Le 5 octobre 2023, le domicile de Babloo Loitongbam à Imphal West a été vandalisé par une foule qui a dégradé ses biens et ses effets personnels. Quelques heures avant que sa maison ne soit vandalisée, des membres du groupe Meitei Leepun ont appelé au boycott de Babloo Loitongbam sur des plateformes publiques affirmant que les allégations qu’il avait formulées à leur encontre étaient fausses et sans fondement.

Le Manipur est le théâtre de violences ethniques dévastatrices depuis le début du mois de mai 2023, à la suite d’une décision de la Haute Cour du Manipur d’accorder le statut de tribu répertoriée (Scheduled Tribe – ST) à la communauté Meitei, qui est dominante dans cet État, ce qui lui permet d’accéder à la discrimination positive, un programme réservé aux communautés tribales et autochtones de l’Inde. La décision de la cour a donné lieu à des protestations de la part des communautés tribales Kuki-Zo de l’État et à des contre-manifestations de la part de la communauté Meiiti, qui ont rapidement dégénéré en violences qui se poursuivent encore aujourd’hui. Les services Internet ont été largement suspendus dans l’État, tandis que le gouvernement central et les gouvernements du Manipur n’ont pas fait grand-chose pour contenir la violence, contribuant souvent aux tensions existantes entre les deux groupes et ciblant les défenseur⸱ses des droits humains et les journalistes qui mettent en lumière les violations des droits humains dans cet État.

Depuis le début des violences, Babloo Loitongbam s’exprime publiquement sur l’émergence de certains groupes tels que Meitei Leepun dans l’État, les comparant au Rashtriya Swayamsevak Sangh (RSS), qui est le bras idéologique du Bharatiya Janata Party (BJP), le parti au pouvoir. Il a parlé de l’idéologie d’extrême droite de plus en plus répandue par ces groupes dans la communauté Meitei, et de la façon dont ils sont responsables d’attaques contre les communautés minoritaires, y compris le démantèlement d’églises dans tout l’État, depuis le début des violences. Il a également demandé publiquement la démission du ministre en chef Biren Singh pour n’avoir pas pris les mesures adéquates pour contenir la violence dans l’État.

Front Line Defenders condamne les actions ciblées contre Babloo Loitongbam, qu’elle considère comme un acte de représailles contre le droit légitime à l’expression du défenseur et son travail en faveur des droits humains. Front Line Defenders est également préoccupée par l’ampleur de la violence dans le Manipur et par les attaques constantes contre les défenseur⸱ses des droits humains, les activistes et les journalistes dans la région. Dans une situation d’urgence critique comme celle que connaît actuellement le Manipur, le rôle des défenseur⸱ses des droits humains est encore plus crucial pour assurer la paix, la justice et la sécurité des citoyens, et pour documenter les cas de violations des droits humains.