Répression contre les défenseur-ses des droits humains et les organisations
Le 14 juillet 2021, les forces de l’ordre biélorusses ont mené une attaque massive contre des organisations de défense des droits humains et d’autres ONG, des défenseur-ses des droits humains et des activistes. Plus de 19 bureaux d’ONG ont été fouillés, y compris les bureaux du Comité Helsinki en Biélorussie, le Legal Transformation Center (Lawtrend), le Centre for Information and Legal Support of Socially Vulnerable Groups "Advocacy", the International Public Association “Gender Perspectives", the Belarusian Association of Journalists, et Human Rights Centre 'Viasna' (HRC 'Viasna').
Le 14 juillet 2021, les forces de l’ordre ont perquisitionné le bureau du HRC Viasna à Minsk ainsi que les appartements de plusieurs membres de l’organisation : l’avocat Uladzimir Labkovich ; le membre du conseil d’administration Valiantsin Stefanovich ; la défenseuse des droits humains Alena Laptsionak ; Andrei Paluda, coordinateur de la campagne « Défenseur-ses des droits humains contre la peine de mort » ; le défenseur Viktar Sazonau à Hrodna, Aleh Mackevich à Barysau et Ales Bialiatski, président du HRC Viasna. Uladzimir Labkovich, Valiantsin Stefanovich, Andrei Paluda et Yauheniya Babajeva ont été détenus pendant 72 heures dans le cadre d’une affaire criminelle dirigée par le Bureau central de la commission d'enquête de Biélorussie, tandis qu’Ales Bialiatski est toujours détenu au bureau central de la commission d'enquête de Biélorussie. Alena Laptsionak et Viktar Sazonau ont également été placés en détention. À Orsha, les forces de l'ordre ont arrêté le rédacteur en chef du portail d'information orsha.eu et le défenseur des droits humains Ihar Kazmerchak. Pour l’instant, on ignore les circonstances de la détention, y compris le statut de nombreux défenseur-ses des droits humains.
Le journaliste et défenseur des droits humains Siarhei Sys a été arrêté à Minsk et sa maison a également été fouillée. Les policiers ont également perquisitionné les domiciles de Kiryl Kafanau, DDH et membre de l’organisation Human Constanta à Brest, de Mikola Sharach, leader de la branche de Polatsk du syndicat indépendant, et de la défenseuse des droits humains Yauheniya Babajeva. Le bureau de Lawtrend et l’appartement de la directrice de l’organisation Volha Smalianka ont également été fouillés. Volha Smalianka a été relâchée plus tard le jour-même.
Ces incidents ne sont pas isolés, car les forces de l’ordre ont déjà organisé des attaques massives similaires contre des défenseur-ses des droits humains, des médias indépendants et des organisations de défense des droits humains. Le 16 février 2021, la police a mené un raid et perquisitionné le bureau de la Belarusian Association of Journalists, le bureau de la radio Belarusian Radio, du Syndicat des travailleurs de l’industrie électronique (REP) et les deux bureaux du HRC Viasna à Minsk, ainsi que leur bureau à Mahiliou. Les autorités ont également perquisitionné les domiciles ou les bureaux de plus de 40 défenseur-ses des droits humains, journalistes et leurs proches à Mahiliou, Brest, Viciebsk, Homiel, Mazyr, Rechyca et Baranavichy, entre autres villes. Les autorités ont eu un recours excessif à la force contre des individus, et elles ont également saisi des téléphones, des ordinateurs, de l’argent, des cartes de crédit et même les tablettes numériques et l’argent d’enfants. Selon les données recueillies par l’Association biélorusse des journalistes, depuis le 9 août 2020, 480 journalistes ont été arrêtés en Biélorussie et 29 d’entre eux sont toujours en prison.
Les membres du HRC Viasna subissent des pressions depuis début mai 2020. Des membres ont été arbitrairement détenus, victimes d’acharnement judiciaire et arrêtés à cause de leur travail actif en faveur des droits humains. En mars 2021, le Département principal d’enquête sur les crimes dans le domaine du crime organisé et de la corruption, lié au Bureau central de la Commission d’enquête de la République de Biélorussie, aurait enquêté sur les activités du HRC Viasna en vertu de l’art. 342 du Code pénal (organisation et participation active à des actions de groupe qui portent gravement atteinte à l'ordre public). À l’heure actuelle, l’affaire fait l’objet d’une enquête active, y compris par le biais de perquisitions des bureaux locaux de l’organisation et des appartements des membres du HRC Viasna, d ‘interrogatoires de militants et d’autres actions procédurales. Quatre membres et bénévoles de l’organisation sont actuellement en prison : Maria Rabkova, Andrey Chapyuk, Leanid Sudalenka et Taciana Lasica.
De nombreux médias indépendants et journalistes font également l’objet de poursuites judiciaires. Le 18 mai, le Département des enquêtes financières de Biélorussie a perquisitionné le plus grand organe de presse indépendant du pays, TUT.by, arrêtant 15 de ses employés après avoir trouvé des « documents portant atteinte aux intérêts de la République de Biélorussie ». Le 8 juillet 2021, la maison du défenseur des droits humains Ihar Kazmerchak a été fouillée et il a été arrêté avant d’être libéré trois jours plus tard. Les 8 et 9 juillet 2021, une quarantaine de perquisitions ont été effectuées dans les bureaux de 12 médias indépendants et chez des journalistes. Au moins 15 journalistes ont été arrêtés et interrogés, et 4 ont été placés en détention pour des accusations criminelles relatives au terrorisme. Des journalistes de Nasha Niva ont été arrêtés en vertu de l’article 342 du Code pénal (organisation ou préparation d’actions qui portent gravement atteinte à l’ordre public ou participation à ses actions) et de l’article 293 du Code pénal (émeutes de masse). Les sites Web de Nasha Niva, euroradio.fm et TUT.by ont été fermés.
Front Line Defenders est profondément préoccupée par la détention, les perquisitions et les poursuites judiciaires en cours contre des organisations et des défenseur-ses des droits humains en Biélorussie, et pense qu’ils sont pris pour cible uniquement à cause de leur travail légitime et pacifique en faveur des droits humains. Front Line Defenders exhorte les autorités biélorusses à libérer immédiatement les défenseur-ses des droits humains, à abandonner les accusations portées contre eux et à cesser de cibler les défenseur-ses des droits humains et les organisations dans le pays. Depuis l’annonce des résultats des élections présidentielles de 2020, le 9 août 2020, les cas d’acharnement judiciaire et les actes de représailles contre les défenseur-ses des droits humains et les journalistes par les forces de l’ordre dans le pays ont considérablement augmenté.