Préoccupation concernant le meurtre de Javier Barajas Piña et l'augmentation des agressions contre des membres des familles et des collectifs à la recherche de personnes disparues à Guanajuato
Front Line Defenders exprime sa profonde préoccupation face à l'augmentation de la violence et des attaques contre les défenseur-ses des droits humains, les membres des familles, les collectifs et les organisations de recherche des personnes disparues et œuvrant pour le droit à la vérité et à la justice dans l'État de Guanajuato.
L'augmentation des agressions contre les membres des familles, des collectifs et des organisations de défense des droits humains à la recherche de personnes disparues à Guanajuato se produit dans un contexte dans lequel, selon les données de la Commission nationale de recherche (CNB), 24 personnes ont déjà disparu cette année dans l'État de Guanajuato, les municipalités de Celaya, León et Irapuato comptant le plus de cas. Les organisations de défense des droits humains de ces municipalités rappellent que la disparition de personnes est une grave violation des droits humains qui affecte le tissu social et communautaire de multiples façons. L'impunité et le manque de garanties de protection de la part du gouvernement exposent celles et ceux qui recherchent légitimement des personnes portées disparues suite à des agressions ; ils sont souvent soumis à des menaces et à des attaques.
Norma Patricia Barrón Núñez est défenseuse des droits humains et membre du collectif de recherche « Una luz en mi camino » à Irapuato. Elle a été la cible de plusieurs attaques au cours des derniers mois. Le 7 juin 2021, elle a reçu deux convocations du parquet d'Irapuato, l'informant qu'il y avait des plaintes selon lesquelles elle avait menacé les proches des personnes accusées de l'enlèvement et de la disparition de son mari et de son fils. Le même jour, alors qu'elle quittait le parquet, des inconnus ont pris des photos de la défenseuse des droits humains, qui considère cet incident comme une stratégie d'intimidation pour la dissuader de demander justice. Un mois plus tôt, un inconnu a menacé verbalement la défenseuse des droits humains devant chez elle ; il lui a explicitement ordonné de cesser de rechercher ses proches disparus.
En mai 2021, certains proches de personnes disparues et membres de collectifs de recherche ont reçu des menaces sur les réseaux sociaux, notamment des messages via Whatsapp, Facebook, ainsi que des appels téléphoniques. Le contenu de ces menaces a révélé que les auteurs connaissaient les données personnelles et les emplacements des destinataires. Certains des messages menaçants contenaient un langage misogyne, menaçant de violences sexuelles les destinataires.
Le 21 mai 2021, des inconnus ont photographié deux défenseur-ses des droits humains (leurs identités restent anonymes pour des raisons de sécurité) alors qu'ils recherchaient des personnes disparues dans la municipalité de Salvatierra. Le 29 mai 2021, Javier Barajas Piña, membre du collectif « Mariposas Destellando, Buscando Corazones y Justicia » qui travaillait également pour la Commission d'État pour la recherche des personnes disparues dans la ville de Salvatierra, a été tué par des inconnus avec des armes à feu ; une enquête du parquet général de l'État est en cours. Francisco Javier Barajas Piña avait rejoint les efforts de recherche après la disparition de sa sœur Guadalupe Bajaras Piña en février 2020.
Le 16 octobre 2020, des inconnus ont tiré à bout portant sur Rosario Zavala Aguilar, mère de Yatziri Misael Cardona Zavala, un jeune homme enlevé par des inconnus armés qui sont entrés par effraction à son domicile, porté disparu depuis 2019. À ce jour, les membres de sa famille n'ont pas toujours été informés des résultats de l'enquête sur sa disparition qui a été ouverte par le parquet général de l'État en 2019.
Front Line Defenders condamne fermement les meurtres, les attaques et les menaces contre celles et ceux qui recherchent légitimement des personnes disparues à Guanajuato, car cela semble être directement lié à leur quête de la vérité et de la justice. Notre organisation met en lumière le travail légitime et pacifique mené par des individus, des organisations et des collectifs pour la recherche de personnes disparues dans le pays, car ce sont eux qui fournissent souvent des informations clés aux autorités sur les graves violations des droits humains.
Front Line Defenders appelle les autorités fédérales et étatiques à clarifier les circonstances des crimes et des menaces, à traduire les responsables en justice dans les plus brefs délais et à garantir que les défenseur-ses des droits humains et les équipes de recherches puissent travailler dans un environnement sûr. Elle exhorte donc les autorités mexicaines à prendre les mesures nécessaires pour garantir la sécurité des membres des familles, des collectifs et des organisations de recherche travaillant à Guanajuato.