Plusieurs défenseur-ses des droits humains attaqués et arrêtés lors d’un rassemblement pacifique à Téhéran
Dans la soirée du 20 juillet 2021, un groupe de défenseur-ses des droits humains, dont Narges Mohammadi, Arash Sadeghi, Jafar Azimzadeh, et Rasoul Bodaghi ont été agressés physiquement et temporairement détenus alors qu’ils manifestaient pacifiquement devant le ministère de l’Intérieur à Téhéran. Les défenseur-ses des droits humains s’étaient rassemblés pour exprimer leur solidarité avec les manifestants du Khuzestan et contre le meurtre de manifestants lors des rassemblements qui ont lieu actuellement contre les pénuries d’eau dans cette province du sud de l’Iran.
Narges Mohammadi est directrice adjointe et porte-parole du Defenders of Human Rights Centre (DHRC) en Iran. Arash Sadeghi est un défenseur des droits humains iranien qui milite notamment pour les droits des étudiants ; il documente les exactions perpétrées dans les prisons iraniennes. Jafar Azimzadeh est secrétaire du conseil d’administration du Free Union of Iranian Workers (FUIW). Le FUIW est un groupe qui se consacre à la défense du droit du travail et à l’amélioration des conditions de travail. Rasoul Bodaghi est membre du Conseil d’administration de l’Iran’s Teachers’ Trade Association (ITTA) et ancien superviseur de défenseur-ses des droits humains en Iran.
Le groupe de défenseur-ses des droits humains a été libéré dans la matinée du 21 juillet 2021, après avoir été détenu au poste de police de Guisha pendant quelques heures. Au cours de l’arrestation, Arash Sadeghi et Jafar Azimzadeh ont été agressés physiquement et, pendant leur détention, le téléphone portable et la carte sim de Narges Mohammadi ont été confisqués. Les défenseur-ses ont été interrogés à propos des raisons de leur rassemblement et au sujet de leur contact avec les médias en dehors de l’Iran. Cependant, à ce jour, aucune charge n'a été officiellement portée contre les défenseur-ses des droits humains.
L’attaque contre le rassemblement pacifique des défenseur-ses des droits humains en Iran a eu lieu dans le contexte des manifestations contre les pénuries d’eau qui se poursuivent depuis une semaine dans la province du Khuzestan. Jusqu’à présent, les autorités iraniennes ont confirmé que deux civils et un policier ont été tués dans les manifestations, tandis que des rapports non vérifiés et des vidéos partagées sur les réseaux sociaux indiquent un nombre plus élevé de victimes civiles. On ignore toujours le nombre de manifestants blessés ou arrêtés lors des manifestations.
En outre, NetBlocks a signalé une série de coupures localisées d’Internet dans la province du Khuzestan pendant les manifestations. Malgré les restrictions d’Internet, de nombreuses vidéos de plusieurs villes du Khuzestan ont été diffusées au cours de la semaine écoulée ; dans nombre de ces vidéos on peut entendre des coups de feu et des tirs de gaz lacrymogènes par les autorités.
Front Line Defenders a déjà exprimé ses vives préoccupations concernant les nouvelles vagues d’attaques contre les défenseur-ses des droits humains ciblés à cause de leur travail. Front Line Defenders est profondément préoccupée par la détention temporaire et les agressions physiques des défenseur-ses des droits humains Narges Mohammadi, Arash Sadeghi, Jafar Azimzadeh, et Rasoul Bodaghi, et estime que ces actes sont directement liés à leur travail légitime et pacifique en faveur des droits humains.
Front Line Defenders rappelle aux autorités iraniennes l’article 27 de la constitution iranienne qui garantit la liberté de réunion, « à condition que les armes ne soient pas portées » et que les assemblées « ne portent pas atteinte aux principes fondamentaux de l’islam », et les exhorte à mener immédiatement une enquête approfondie et impartiale sur la détention temporaire et l’agression physique des défenseur-ses des droits humains Narges Mohammadi, Arash Sadeghi, Jafar Azimzadeh, et Rasoul Bodaghi, en vue de publier les résultats et de traduire les responsables en justice conformément aux normes nationales et internationales.