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16 Septembre 2024

À l’occasion du deuxième anniversaire de l’initiative Femme, vie, liberté : Les organisations de femmes et de défense des droits humains demandent instamment la libération des défenseur⸱ses des droits humains et le respect des droits des femmes en Iran

Le 16 septembre marque le deuxième anniversaire de la mort tragique de Mahsa Jina Amini alors qu’elle était détenue par la police des mœurs. La jeune femme, Kurde iranienne de 22 ans, avait été arrêtée à Téhéran pour avoir prétendument enfreint les lois strictes de l’Iran sur le port du hijab. Son assassinat a déclenché les soulèvements « Femme, vie, liberté » : des femmes ont retiré leur hijab lors de ses funérailles à Saqqez et des groupes féministes ont appelé à manifester. Le mouvement s’est rapidement propagé à travers les universités et les villes iraniennes.

Le mouvement « Femme, vie, liberté » en Iran représente un moment charnière de la résistance contre l’oppression sociale, ethnique et fondée sur le genre des autorités iraniennes. Il a réuni des femmes, avec le soutien d’hommes, issues de diverses communautés, dont les Kurdes, les Baloutches et d’autres communautés marginalisées, aux côtés d’éducateurs, d’étudiants et d’activistes, dans une lutte collective pour les droits humains. Au cours des manifestations, les forces de sécurité ont arrêté des milliers de manifestants, dont beaucoup ont été torturés et certains auraient subi des agressions sexuelles. Les régions où vivent des minorités ethniques ont fait l’objet d’une répression particulièrement violente. Au moins 11 manifestants ont été exécutés par la suite.  

L’emprisonnement massif d’au moins 20 000 manifestants, selon les estimations des organisations de défense des droits humains, a eu lieu dans des conditions désastreuses dans les prisons iraniennes. La surpopulation, la nourriture insuffisante, les soins de santé inadéquats et les mauvaises conditions de vie, ainsi que l’incapacité du système judiciaire à traiter le grand nombre de cas des détenus, ont contraint le gouvernement iranien à annoncer une amnistie générale en février 2023, libérant plus de 80 % des personnes arrêtées, dont un grand nombre de manifestants. Les rapports officiels indiquent qu’au moins 22 000 manifestants ont été amnistiés, ce qui souligne l’ampleur des détentions et des libérations qui s’en sont suivies.

Malgré la libération de nombreux manifestants dans le cadre de l’amnistie générale, de nombreux activistes, notamment des féministes et des défenseur·ses des droits des femmes, sont toujours en prison ou risquent une incarcération imminente. Selon les rapports, les autorités iraniennes considèrent ces personnes comme des figures clés dans le déclenchement des manifestations et la promotion des revendications féministes en raison de leur militantisme de longue date en faveur des droits des femmes. En outre, d’autres arrestations d’activistes ont eu lieu dans les mois qui ont suivi la première vague de manifestations. 

Depuis deux ans, les femmes iraniennes résistent et se battent pour leur droit à choisir leurs propres vêtements, défiant la brutalité croissante de la police des mœurs, qui est revenue dans les rues après une brève interruption. Les militantes emprisonnées en Iran continuent à lutter courageusement pour leurs droits depuis les prisons. Nombreux sont ceux qui considèrent ces femmes emprisonnées comme étant à l’avant-garde de la lutte contre les violations des droits humains et comme la force motrice du mouvement durable « Femme, vie, liberté ».

Malgré leurs longues peines d’emprisonnement, ces défenseuses des droits humains emprisonnées continuent de soutenir les revendications de la société civile. Par des grèves de la faim, des déclarations publiques, des lettres de protestation communes et des sit-in dans les prisons, les défenseuses emprisonnées redonnent vie au mouvement « Femme, vie, liberté », qui avait été réprimé. Leur présence dans les quartiers publics de prisons telles que Lakan à Rasht, et leurs récits de conditions difficiles mettent en lumière les violations généralisées des droits des prisonniers et l’état désastreux des prisons iraniennes. Elles canalisent leur activisme entre les murs de la prison, s’efforçant à améliorer les conditions de vie de tous les prisonniers. De la tristement célèbre prison d’Evin à Téhéran à celle de Lakan à Rasht, en passant par la prison d’Adel Abad à Shiraz et celle de Sepidar au Khuzestan, leur persévérance est un témoignage puissant de leur courage et de leur engagement en faveur des femmes et des droits humains en Iran.

Au moins 25 défenseuses des droits humains associées au mouvement femme, vie, liberté sont actuellement emprisonnées, et de nombreuses autres risquent de l’être prochainement à l’issue de procès et d’audiences d’appel. Il est essentiel que ces femmes ne soient pas oubliées alors que le mouvement est réprimé et que l’attention internationale diminue.

Nous, les organisations soussignées, rendons hommage aux efforts courageux de ces défenseuses des droits humains qui, aux côtés de générations de militantes iraniennes, jouent un rôle essentiel dans la sensibilisation et la défense des droits des femmes dans la société iranienne.

Nous exhortons les autorités iraniennes à : 

Libérer immédiatement et sans condition toutes les défenseuses des droits humains emprisonnées en Iran, ainsi que tous les autres défenseurs des droits humains.

Cesser la violence et la discrimination systématiques contre les femmes.

Reconnaître et faire respecter les droits des femmes à l’autonomie corporelle et à la liberté de choix en abrogeant la loi sur le hijab obligatoire, qui opprime les femmes iraniennes depuis plus de quarante ans.

Respecter les droits humains en abolissant la peine de mort, en particulier à l’encontre des défenseuses des droits humains.  

Nous exhortons également les organisations internationales et régionales de défense des droits humains à suivre la situation des défenseuses des droits humains incarcérées, à faire pression pour leur libération inconditionnelle et à exiger des autorités iraniennes qu’elles garantissent leur sécurité et leur santé pendant leur détention.

Nous appelons les groupes et les organisations féministes à continuer à défendre les droits des femmes iraniennes et leurs demandes d’autonomie corporelle par le biais de manifestations, de rassemblements pacifiques, de déclarations et d’actions de plaidoyer.

Signataires :

  • ARC-Asia Protection Network for Artists at Risk Connection
  • AWID
  • Coalition internationale des femmes défenseuses des droits humains (CIFDDH)
  • Femena
  • Front Line Defenders
  • Gulf Centre for Human Rights
  • Human Rights Watch
  • Kurdistan Human rights Network
  • Kurdpa
  • Miaan Group
  • OMCT
  • Regional Coalition of WHRDs in SWANA (MENA) Region