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Module 19: Bien-être et effets psychosociaux et mécanismes d’adaptation les plus courants

Module 19: Bien-être et effets psychosociaux et mécanismes d’adaptation les plus courants

Objectifs 

Reconnaître les impacts psychosociaux au niveau individuel, organisationnel et communautaire et comprendre comment ils sont liés à la sécurité.

Durée 

120 minutes

Répartition du temps

Introduction - 5 minutes
Brainstorm - 20 minutes
Impact et sécurité - 25 minutes
Discussion en binôme et retours - 30 minutes
Exercice et partage - 25 minutes

Matériel

tableau à feuilles, marqueurs

Lors de la préparation et de l’animation de cette session, il est important d’appliquer systématiquement une perspective intersectionnelle à l’identité et aux expériences de chaque participant, ainsi qu’à ses besoins en matière de protection. Les systèmes de discrimination et de privilège qui se chevauchent, comme le genre, l’orientation sexuelle, la religion, le handicap, l’origine raciale ou ethnique, la situation économique ou la classe sociale, l’état matrimonial, la citoyenneté, l’âge et l’apparence physique peuvent avoir un impact profond sur la perception et l’expérience des risques et la protection des défenseurs des droits humains et de leurs communautés.

Remarque pour le formateur :

Les discussions sur les répercussions psychosociales et le bien-être pourraient susciter des souvenirs et des histoires difficiles chez les participants.

Le facilitateur doit gérer soigneusement la conversation afin de réduire les risques de renvoyer à la position de victime et au traumatisme. Remarques particulières pour ce module :

  • Afin de ne pas trop faire resurgir les souvenirs douloureux et pénibles, les facilitateurs devraient, si possible, maintenir la conversation sur un plan rationnel et non émotionnel : poser des questions sur ce qui s’est passé et ce que les gens ont fait plutôt que sur ce que les gens ont ressenti.
  • Afin de ne pas laisser les participants en position de vulnérabilité, donner de brefs conseils pour qu’ils soient suivis (p. ex., en cas de conflit, demander une médiation, en cas de trouble de stress post-traumatique demander un soutien psychologique)

Pourquoi devons-nous parler du bien-être ? (5 minutes)

  • Parce que nous sommes constamment exposés à la violence (en tant que survivants, en tant que témoins, en tant que survivants aidants, etc.) dans tous les espaces que nous habitons ;
  • Parce certains font des suppositions sur ce que signifie être un militant (en particulier ce que signifie être un « bon militant ») et, dans bien des cas, ces suppositions sont centrées sur les « sacrifices pour la cause » et sur le « fait de faire de la lutte le centre de toute notre vie » ;
  • Parce que prendre soin de notre bien-être rendra le travail que nous faisons plus durable ;
  • Parce que le bien-être affecte notre sécurité.

Quel a été l’impact de la violence et des menaces sur vous ? /Qu’avez-vous fait pour faire face à ces impacts ? (25 minutes)

Les impacts se produisent à différents niveaux, tels que les individus, les familles, les organisations/réseaux et les communautés.

Brainstorming – le facilitateur rempli la matrice ci-dessous en se basant sur les idées du groupe

 

Sur l’individu

Sur la famille

Sur l’organisation / Le réseau

Sur la communauté

Impacts        

Réponses

       

Le facilitateur doit veiller à ce que certains des concepts clés suivants soient inclus dans la matrice

  • La peur (à tous les niveaux)
  • La culpabilité et la responsabilité
  • La dépression
  • La perte de confiance
  • Les conflits
  • Le stress/la fatigue/le surmenage
  • Trouble de stress post-traumatique1 dont le TSPT2
  • Le traumatisme vicariant3

 

Soulignez le fait que la plupart des impacts sont des réactions normales à des événements anormaux.

Remarques pour le facilitateur :

  • Certains impacts peuvent survenir à différents niveaux (individuel, familial, etc.).
  • Assurez-vous que les gens comprennent que le soutien psychosocial n’est pas de la psychothérapie, c’est une façon générale d’examiner les répercussions de la violence et de renforcer des réponses saines.
  • Tout en déterminant quelles sont les répercussions, gardez à l’esprit que celles-ci peuvent être vécues différemment par différentes personnes (voir le module sur l’intersectionnalité). [LIEN]

En quoi ces impacts sont-ils liés à la sécurité ? (25 minutes)

Être conscient de l’impact de la violence et des menaces sur nous à différents niveaux, le reconnaître et y réagir peut nous aider à nous protéger, à poursuivre notre travail et à vivre en équilibre.

Donnez des exemples sur la façon dont les répercussions sont liées à la sécurité : la peur peut entraîner une plus grande rigidité parmi les membres, ce qui affecte souvent la communication et peut causer des conflits qui devront être réglés avant d’être en mesure de définir des plans de sécurité ou d’accepter des mesures.

Discussion en binôme et commentaires au groupe, en réponse aux questions et remarques suivantes sur les principaux thèmes (15 minutes de travail en binôme et 15 minutes de commentaires) :

Qu’avez-vous remarqué au sujet de votre prise de conscience et de votre réceptivité aux menaces lorsque vous ou vos collègues vous sentez sous pression ?

Le formateur résume les commentaires des binômes et ajoute les points suivants s’ils n’ont pas été soulevés lors de la discussion de groupe.

Éviter de penser à la sécurité de manière approfondie — Penser à la sécurité signifie penser à toutes les mauvaises choses qui pourraient nous arriver. Cela peut être pénible et épuisant, surtout quand nous avons vécu beaucoup de mauvaises choses dans le passé. Parfois, les DDH ne planifient pas suffisamment la protection ou le font de façon très superficielle et s’exposent au risque.

Avoir une pensée figée — Lorsque nous avons peur, nous nous rabattons souvent sur les stratégies par défaut qui ont fonctionné pour nous dans le passé. Ces stratégies peuvent être, ou non, les meilleures réponses à la situation actuelle. Lorsque cela se produit, nous devenons résistants au changement ou rigides dans notre manière d’envisager la sécurité. C’est notamment ainsi que la peur provoque des conflits au sein des équipes. Les pratiques en matière protection devraient pouvoir s’adapter à l’évolution des menaces et des stratégies de nos adversaires.

Trop de sonnettes d’alarme ? — Pour les personnes aux prises avec un stress traumatique et un traumatisme vicariant, il arrive parfois que des choses très ordinaires paraissent dangereuses. Lorsque cela se produit, la peur prend le dessus et conduit à la méfiance entre les gens. Quand tout semble dangereux (que ce soit le cas ou non), nous devenons paralysés et il nous est beaucoup plus difficile de nous protéger des menaces réelles.

Trop peu de sonnettes d’alarme ? — Pour les personnes qui ont vécu avec « trop de sonnettes d’alarme » pendant trop longtemps, il arrive parfois que nous cessions de prêter attention à toutes les menaces que nous ressentons autour de nous. Dans ce cas, nous nous retrouvons avec « trop peu de sonnettes d’alarme » et nous cessons de prêter attention aux indicateurs importants de danger. Encore une fois, il devient beaucoup plus difficile de se protéger des menaces.

Reléguer les mesures de sécurité au second plan —Les DDH expérimentés font parfois passer les mesures de sécurité au second plan au profit de projets plus urgents ou parce qu’ils sont trop épuisés par le travail pour pouvoir faire face à une activité énergivore supplémentaire. Il est facile d’oublier que, dans certaines situations où le risque est élevé, faire passer les mesures de sécurité au second plan peut entraîner l’échec de tout un projet et nuire à nos collègues et à nous-mêmes.

Quelles sont les conditions nécessaires pour pouvoir faire appliquer votre plan de sécurité ? (30 minutes)

Non seulement il est important d’aborder la sécurité en cas d’urgence, mais aussi, dans la mesure où elle est considérée comme stratégique, de pouvoir travailler sur le facteur de prévention. La prévention comprend aussi bien l’analyse des risques et des scénarios possibles qui pourraient être engendrés par le travail en faveur des droits humains, que l’attention émotionnelle et le renforcement du tissu social et de l’identité.

Exercice et partage

Pensez à ce que vous aimeriez que votre organisation et vos collègues proposent pour vous aider à mettre en œuvre votre plan de protection ? Qu’êtes-vous en mesure de proposer à vos collègues et à votre organisation ?

J’aimerais que mon organisation/mon réseau propose :

  1.  
  2.  
  3.  

J’aimerais que mes collègues/mon équipe proposent :

  1.  
  2.  
  3.  

Je peux proposer :

  1.  
  2.  
  3.  

Que vais-je faire pour moi-même :

  1.  
  2.  
  3.  

Ressources:

Ce module est développé avec des documents d’Aluna Acompañamiento Psicosocial, une ONG mexicaine qui offre un soutien psychosocial aux DDH et journalistes en danger ; LevelUP ; et la sécurité holistique par Tactical Tech.

Créé par:

Stefania Grasso, Aluna Acompañamiento Psicosocial

Craig Higson-Smith, The Center for Victims of Torture

 

1 Il y a différentes définitions du traumatisme et il y a aussi différentes situations qui entraînent des événements traumatisants. Au sens classique du terme, un traumatisme peut être considéré comme une blessure corporelle ou comme une situation qui cause un préjudice mental ou émotionnel sur le long terme. Dans le cas des violations des droits humains, nous faisons référence aux blessures psychologiques qui ont des effets négatifs sur le plan émotionnel, physique et social.

2 Le trouble de stress post-traumatique (TSPT) est un trouble de santé mentale qui est déclenché par un événement terrifiant, soit vécu ou en tant que témoin. Les symptômes peuvent inclure des flashbacks, des cauchemars et de l’anxiété sévère, ainsi que des pensées incontrôlables sur l’événement.

3 « Le traumatisme vicariant est une usure émotionnelle importante qui est développée par les professionnels et/ou les bénévoles des services de santé, des services d’urgence, des services sociaux/de protection civile, et par tous ceux qui travaillent généralement avec un traumatisme, la souffrance, la fragilité, et la vulnérabilité humaine au quotidien. » (Le texte cité a été traduit de l’espagnol pour référence dans cette publication.) Marlasca, L. (octobre 15, 2019) El dolor de los otros me abruma: trauma vicario [La douleur des autres m’accable : Le traumatisme vicariant]. Centro Psicológico Madrid (Cepsim). Site web : https://bit.ly/2Wkgk1l.