La défenseuse des droits humains Sultana Khaya agressée sexuellement

Le 12 mai 2021, plusieurs agents de sécurité marocains masqués ont fait une descente au domicile de la défenseuse des droits humains Sultana Khaya et l’ont agressée sexuellement ainsi que sa sœur. C’est la seconde descente chez elle en 48 heures. Le 10 mai 2021, plusieurs agents de sécurité marocains en civil ont fait une descente au domicile de Sultana Khaya à Boujdour et l’ont agressée physiquement. Les agents de sécurité ont également arrêté Babuizid Muhammed Saaed Labhiet et deux militants étudiants qui se trouvaient chez elle. Sultana Khaya est assignée à résidence de facto depuis le 19 novembre 2020.

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Sultana Khaya est une défenseuse des droits humains sahraouie qui travaille principalement sur les droits des femmes et qui promeut le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui. La défenseuse des droits humains préside la Ligue pour la défense des droits de l’Homme et contre le pillage des ressources naturelles. Sultana Khaya participe régulièrement à des manifestations pacifiques en faveur du droit à l’autodétermination et qui dénoncent les violences contre les femmes sahraouies. La défenseuse des droits humains voyage à travers le monde pour participer à des conférences et autres événements liés à la situation des droits humains au Sahara occidental, y compris au Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies. Babuizid Muhammed Saaed Labhi est un défenseur des droits humains sahraoui ; il est directeur du Collectif des défenseurs sahraouis des droits de l’Homme (CODESA). Son travail se concentre sur le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et il documente les violations des droits humains commises par les forces de sécurité marocaines au Sahara occidental.

Tôt dans la matinée du 12 mai 2021, plusieurs agents de sécurité marocains masqués ont fait irruption dans la maison de Sultana Khaya, en passant par le toit. Il s’agit de la seconde descente au domicile de Sultana Khaya en 48 heures. Au cours de l’opération, les agents de sécurité ont agressé physiquement et sexuellement Sultana Khaya et sa sœur. Des agents marocains ont agressé sexuellement Sultana Khaya en lui assénant plusieurs coups de pied et l’ont blessée aux organes génitaux, et ils ont agressé sexuellement sa sœur à l’aide d’un bâton. Le frère de la défenseuse des droits humains a également été agressé et a perdu connaissance. Les agents ont vandalisé la maison et saisi les passeports d’autres membres de sa famille. Ce raid intervient après que Sultana Khaya et sa sœur ont pacifiquement protesté sur le toit de leur maison arborant les drapeaux du Sahara occidental. Les agents des forces de l’ordre ont projeté de la skunk (liquide chimique nauséabond) sur le domicile de la défenseuse des droits humains. Les autorités marocaines ont coupé l’électricité de la maison depuis les 27 derniers jours.

Le 10 mai 2021, à 5 h 30 du matin, au moins 40 agents de sécurité marocains en civil ont fait une descente au domicile de la défenseuse des droits humains Sultana Khaya, pénétrant de force par le toit. Lorsqu’ils sont arrivés jusqu’au lit de Sultana Khaya, les policiers lui ont couvert le nez et la bouche avec un chiffon imbibé d’un produit chimique liquide, ce qui lui a fait perdre l’odorat.

Au cours du raid, les agents marocains ont également arrêté arbitrairement le défenseur des droits humains Babuizid Muhammed Saaed Labhi et deux militants étudiants, Salek Baber et Khaled Bouvfraya, qui séjournaient chez Sultana Khaya pour lui montrer leur solidarité pendant son assignation à résidence. Les agents ont violemment arrêté Babuizid Muhammed Saaed Labhi et les militants étudiants, les ont menottés et leur ont bandé les yeux ; ces derniers ont passé près de quatre heures dans une voiture banalisée, où ils ont déclaré avoir été victimes de sévices physiques ayant entraîné des blessures. Babuizid Muhammed Saaed Labhi souffre du dos et des épaules après avoir été menotté plusieurs heures. Les deux militants étudiants Salek Baber et Khaled Bouvfraya souffrent également de blessures dans différentes parties de leur corps à cause des menottes qu’ils ont gardées plusieurs heures et des sévices physiques dont ils ont été victimes. La police a ensuite laissé le défenseur des droits humains Babuizid Muhammed Saaed Labhi et les deux militants étudiants Salek Baber et Khaled Bouvfraya dans une zone rurale à 60 km de la ville de Laayoune, deux heures après leur arrestation.

Selon Sultana Khaya, au cours de l’opération du 10 mai, les agents des forces de l’ordre ont également agressé physiquement sa sœur et sa mère, les frappant au visage, et ont menacé sa mère que ses deux filles seraient tuées si elles ne cessaient pas leur travail en faveur des droits humains. La défenseuse a indiqué que sa sœur et sa mère ont elles aussi été agressées sexuellement par des policiers. En outre, les agents de sécurité ont confisqué plusieurs articles, notamment les téléphones portables, les ordinateurs portables, la télévision, le passeport de Sultana Khaya et environ 1 500 euros. Le raid a duré près de 30 minutes, au cours desquelles les policiers ont vandalisé plusieurs objets dans la maison.

La défenseuse des droits humains Sultana Khaya est de facto assignée à résidence depuis le 19 novembre 2020 ; les forces de sécurité marocaines maintiennent une forte présence devant son domicile, et la défenseuse des droits humains est victime d’agressions physiques et verbales.

Front Line Defenders est profondément préoccupée par le récent raid et les agressions sexuelles perpétrées par des agents des forces de l’ordre marocaines contre la défenseuse des droits humains Sultana Khaya et sa sœur, ainsi que par l’arrestation arbitraire et le traitement infligé au défenseur des droits humains Babuizid Muhammed Saaed Labhi et aux deux militants étudiants Salek Baber et Khaled Bouvfraya. L’organisation réitère également son inquiétude quant à l’assignation à résidence arbitraire et au harcèlement continu de Sultana Khaya. Front Line Defenders pense que Sultana Khaya est ciblée uniquement en raison de son travail pacifique et légitime en faveur des droits humains.