Menaces contre la General Nubian Union et ses dirigeants
Le 9 janvier 2017, les autorités égyptiennes ont, de manière informelle, convoqué les membres du bureau de la General Nubian Union, exigé la dissolution de cette dernière et menacé de geler ses avoirs. Selon M. Mohamed Azmy, président de la General Nubian Union, les autorités ont en outre menacé de l'envoyer, lui et ses confrères, en détention et de mettre fin à l'existence de l'organisation en question par la force s'ils refusaient de la dissoudre eux-mêmes.
Mohamed Azmy est avocat et défenseur des droits humains. Il dirige le Border Centre for Support and Consulting et préside la General Nubian Union à Assouan. Il défend le droit à la terre pour le peuple nubien et se bat pour une réinstallation équitable dans leur foyer historique du sud de l'Égypte. Le mouvement General Nubian Union à Assouan milite pour le droit de la communauté nubienne au retour dans ses terres ancestrales, après les déplacements forcés en lien avec divers projets publics, tels que la construction du grand barrage d'Assouan dans les années 1960. Après leur déplacement forcé, les Nubiens n'ont pas pu retourner dans leurs terres d'origine, le gouvernement faisant fi de leurs appels à la réinstallation. Les Nubiens forment un peuple africain autochtone originaire principalement du sud de l'Égypte et du nord du Soudan. Outre les expropriations de terrains et les déplacements forcés qu'ils ont subi du gouvernement égyptien par le passé, les Nubiens sont aujourd'hui victimes de marginalisation culturelle.
Le 9 janvier 2017, les autorités égyptiennes ont, de manière informelle, convoqué les membres du bureau de la General Nubian Union, exigé la dissolution de cette dernière et menacé de geler ses avoirs. Selon M. Mohamed Azmy, président de la General Nubian Union, les autorités ont en outre menacé de l'envoyer, lui et ses confrères, en détention et de mettre fin à l'existence de l'organisation en question par la force s'ils refusaient de la dissoudre eux-mêmes.
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La semaine dernière, les autorités égyptiennes ont exigé la démission de Mohamed Azmy et de plusieurs autres membres du bureau de la General Nubian Union. Ces derniers ont refusé et ont convoqué à la place une assemblée générale dans le but d'élire un nouveau bureau. Le 13 janvier, les membres de l'organisation ont reconduit le bureau dans ses fonctions, y compris Mohamed Azmy à son poste de président.
Les menaces des autorités égyptiennes à l'encontre de la General Nubian Union et de ses dirigeants sont montées d'un ton depuis les manifestations pacifiques organisées par plusieurs groupes, dont la General Nubian Union, pour protester contre la vente de terres nubiennes par le gouvernement égyptien. Ces ventes s'inscrivent dans le projet public connu sous le nom de « un million et demi d'acres » (soit environ 600 000 hectares) dans le sud égyptien. Dès l'annonce du projet en octobre 2015 par le Président égyptien Abdel-Fattah al-Sissi, les Nubiens du sud du pays ont lancé des manifestations contre la mise en vente de leurs terres, arguant que cela les empêchera définitivement de s'y réinstaller. En dépit des protestations et des appels à la réinstallation de la communauté nubienne, le Président égyptien a assigné 373 hectares de la région nubienne de Toshka à un soi-disant projet de développement en août 2016. Deux ans plus tôt, en 2014, il avait désigné « zones militaires » de larges portions de terres nubiennes ancestrales, dont seize villages nubiens.
De son côté, la communauté nubienne persiste à demander, par des moyens pacifiques, sa réinstallation sur ses terres ancestrales. Les autorités égyptiennes ont fait usage de la force et de harcèlement judiciaire contre les manifestations à ce sujet. Le 3 janvier 2017, six membres de la communauté nubienne qui faisaient partie de la campagne intitulée « caravane pour le retour des Nubiens » ont été arrêtés par les forces de sécurité égyptiennes alors qu'ils se trouvaient à bord d'un car à destination d'Assouan en vue d'assister à une manifestation contre la décision du gouvernement de révoquer la propriété nubienne sur une zone de 56 hectares afin d'y implanter un projet public de développement touristique. Les forces de sécurité ont interdit aux six manifestants de sortir du car ; ces derniers font aujourd'hui l'objet d'une enquête du bureau du Procureur d'Assouan pour « barrage routier » et « usage de banderoles ». Le 29 novembre 2016, les forces de sécurité égyptiennes ont interdit à la « caravane pour le retour des Nubiens » de tenir une conférence de presse dans les locaux du syndicat de la presse égyptienne, alors même que celle-ci avait reçu l'aval du secrétaire général du syndicat. Cette conférence de presse devait traiter de l'histoire du peuple nubien et de leurs droits civiques, politiques, sociaux, économiques et culturels. Les manifestations pacifiques de la communauté nubienne pour demander une réinstallation équitable sur leurs terres ancestrales dans le pays rencontrent encore et toujours des obstacles, ce qui va à l'encontre de leurs droits culturels, de leur droit à l'égalité et de celui à la liberté d'expression.
Front Line Defenders est gravement préoccupée par les menaces contre la General Nubian Union et ses dirigeants, celles-ci semblant uniquement motivées par leur action légitime et pacifique en faveur des droits humains.
Front Line Defenders exhorte les autorités égyptiennes à :
1. mettre immédiatement fin à toutes formes d'intimidation et de harcèlement à l'encontre de la General Nubian Union et de ses dirigeants, dont Mohamed Azmy ;
2. s'assurer que les Nubiens jouissent pleinement de la liberté d'association dans le pays ;
3. garantir qu’en toutes circonstances, tous-tes les défenseur-ses des droits humains en Égypte puissent mener à bien leurs actions légitimes en faveur des droits humains, sans craindre de restrictions ni représailles.