Six membres de l'organisation pour les populations autochtones Tagdumahan arrêtés lors d'un raid de l'armée

Le 27 octobre 2017, le défenseur des droits humains Julito M. Otacan et cinq membres de l'organisation de défense des droits des populations autochtones Tagdumahan Indigenous Peoples' Organization ont été arrêtés lors d'un raid de l'armée dans le village de Balit, dans la province d'Agusan del Sur, pour possession illégale d'armes à feu et d'explosifs.

Julito M. Otacan est défenseur des droits humains, membre de Tagdumahan Indigenous Peoples' Organization et travaille sur le terrain pour les Missionnaires ruraux des Philippines-région de Mindanao du nord (RMP - NMR). Il travaille actuellement pour le projet "protéger et promouvoir les droits des populations autochtones aux Philippines", financé par l'Union européenne et mis en œuvre par RMP-NMR et Relief International. Très important pour de nombreuses organisation, Julito M. Otacan est l'un des plus actifs défenseurs des droits des populations autochtones, en particulier pour la communauté Banwaon.

Le 27 octobre 2017 vers 06h, des militaires ont mené un raid à la recherche de rebelles communistes à Balit, dans la ville de San Luis, Agusan del Sur, lors duquel ils ont arrêté Julito M. Otacan, Alejandro Barluado, Jonas Acosta, Noli Tahudan, Marlon Talatayod et Joel Trasona. Les militaires affirment qu'ils avaient des grenades, des armes à feu et d'autre matériel dans leurs maisons. Les six membres de Tagdumahan Indigenous Peoples' Organization sont actuellement détenus au poste de police municipal de Dona Maxima, à San Luis.

Tagdumahan Indigenous Peoples' Organization et RMP-NMR ont régulièrement été prises pour cible dans le passé. Tagdumahan Indigenous Peoples' Organization est un groupe qui milite pour la protection de l'environnement et du droit des populations à jouir de leurs terres ancestrales, dans la communauté de Banwaon, qui doit faire face à l'exploitation forestière et à des activités minières envahissantes dans sa région. L'un des leaders de l'organisation, Necasio ‘Angis’ Precioso, a été tué le 22 décembre 2014, tandis que deux de ses membres ont été tués par balle le 12 août 2016 dans le village de Balit. De même, les membres de RMP-NMR, enseignants et étudiants, ont été la cible de menaces et de harcèlement dans le passé à cause de leur activisme pour le droit à la terre et les droits des populations autochtones. En août 2015, Daniel Lampusay, enseignant bénévole pour RMP-NMR, a été arrêté et placé en détention sous le faux prétexte d'être membre de la Nouvelle armée populaire, une aile armée du Parti communiste des Philippines. En février 2015, l'employé de RMP-NMR, Anjo Bacarisas a été harcelé et surveillé par des inconnus, dont un homme qui serait membre de la défense nationale, qui s'est rendu chez lui et a intimidé ses proches.

Front Line Defenders condamne fermement l'arrestation du défenseur des droits humains Julito M. Otacan et des cinq autres membres de Tagdumahan Indigenous Peoples' Organization, car cela semble uniquement motivé par leur travail légitime et pacifique en faveur des droits des populations autochtones et du droit à la terre dans la province d'Agusan del Sur, et appelle les autorités Philippines à libérer immédiatement les défenseurs.

Front Line Defenders exhorte les autorités des Philippines à:

1. Libérer immédiatement et sans condition Julito M. Otacan et les cinq autres membres de Tagdumahan Indigenous Peoples' Organization, car Front Line Defenders pense qu'ils sont détenus uniquement à cause de leur travail légitime et pacifique en faveur des droits humains;

2. Cesser toute forme de harcèlement contre Julito M. Otacan et les membres de Tagdumahan Indigenous Peoples' Organization, car cette pression ne semble pas uniquement liée à leurs actions légitimes en faveur des droits humains, mais elle constitue aussi une transgression directe des droits des défenseurs;

3. Cesser immédiatement de cibler tous-tes les défenseur-ses des droits humains aux Philippines et garantir qu'en toutes circonstances ils-elles puissent mener à bien leurs activités légitimes en faveur des droits humains, sans craindre ni restrictions ni représailles, y compris l'acharnement judiciaire.