Oleg Kozlovsky enlevé et vraisemblablement torturé
Le 15 octobre 2018, Amnesty International a indiqué que son employé Oleg Kozlovsky avait été enlevé et torturé par des inconnus à Magas, en Ingouchie, le 6 octobre. Lors de cette annonce, le défenseur et sa famille avaient déjà fui le pays pour des raisons de sécurité.
Oleg Kozlovsky travaille dans le domaine des droits humains depuis plus de dix-huit ans. Son travail se concentre principalement sur l'activisme civique, la construction des capacités de la société civile et les mouvements de résistance non violente. Oleg Kozlovsky a reçu le prix Human Rights First et l'Ion Ratiu Démocratie Award. Ces derniers temps, il est chercheur pour l'organisation internationale de défense des droits humains Amnesty International.
Le 15 octobre 2018, Amnesty International a indiqué que son employé Oleg Kozlovsky avait été enlevé et torturé par des inconnus à Magas, en Ingouchie, le 6 octobre. Lors de cette annonce, le défenseur et sa famille avaient déjà fui le pays pour des raisons de sécurité.
Le 5 octobre 2018, Oleg Kozlovsky est arrivé à Magas, la capitale de la République d'Ingouchie, pour surveiller une manifestation contre un accord frontalier controversé entre l'Ingouchie et la Tchétchénie voisine, qui devait avoir lieu le lendemain. Dans la soirée du 6 octobre 2018, un jeune homme, qu'Oleg Kozlovsky ne connaissait pas, est venu à son hôtel à Magas et l'a invité à rencontrer les organisateurs de la manifestation. Oleg Kozlovsky a suivi l'homme à l'extérieur et il est monté à bord d'une voiture où deux hommes masqués se sont présentés à lui en tant que représentants du Centre de lutte contre l'extrémisme, du ministère de l'Intérieur d'Ingouchie, sans lui montrer de document. Ils lui ont pris ses effets personnels, dont son téléphone et sa caméra vidéo, et l'ont interrogé dans la voiture. Il a été conduit en dehors de la ville, sa tête baissée contre ses genoux afin qu'il ne puisse pas voir où ils allaient.
Oleg Kozlovsky a été emmené dans un champ où les agresseurs l'ont dévêtu, ont pris des photos et des vidéos de lui en le menaçant de les rendre publiques et de l'agresser sexuellement. Selon le défenseur, ils ont tenté de le convaincre de coopérer avec le Centre de lutte contre l'extrémisme. Il a refusé et les agresseurs l'ont frappé, ils lui ont cassé une côte et ont fait un simulacre d'exécution en lui pointant un pistolet sur la tête et en disant qu'ils allaient tirer. Après plusieurs simulacres d'exécutions et des menaces contre la vie de ses enfants, Oleg Kozlovsky a accepté de ne rien dire de ce qu'il se passait en échange de sa liberté.
Le 7 octobre 2018, Oleg Kozlovsky est parvenu à rentrer à Moscou après que les agresseurs l'ont déposé près de l'aéroport de Vladikavkaz, en république d'Ossétie du nord-Alanie. Il n'a jamais récupéré son téléphone et sa caméra.
Front Line Defenders est profondément préoccupée par l'enlèvement et les actes de tortures présumés infligés à Oleg Kozlovsky. Etant donné que le défenseur envisage de rentrer en Russie dès que possible, Front Line Defenders est aussi vivement préoccupée pour son intégrité physique et son bien-être psychologique à son retour. La situation des défenseur-ses des droits humains s'est détériorée au cours des dernières années dans le Nord Caucase. L'acharnement judiciaire, les fausses accusations, les agressions physiques, les incendies criminels dont ils-elles sont la cible les empêchent d'accomplir leur travail légitime et pacifique.
Front Line Defenders exhorte les autorités de la Fédération de Russie à :
- Ouvrir immédiatement une enquête approfondie et impartiale sur l'enlèvement, les allégations de torture et le vol d'Oleg Kozlovsky, dans le but de publier les résultats et de traduire les responsables en justice conformément aux normes internationales ;
- Prendre les mesures nécessaires afin de garantir l'intégrité physique et psychologique et la sécurité d'Oleg Kozlovsky et de sa famille ;
- Cesser immédiatement de cibler tous-tes les défenseur-ses des droits humains en Russie et garantir qu'en toutes circonstances ils-elles puissent mener à bien leurs activités légitimes en faveur des droits humains, sans craindre ni restrictions ni représailles, y compris l'acharnement judiciaire.