Le gouvernement du Nicaragua cherche à intimider Vilma Nuñez de Escorcia
Le 8 mars 2017, les femmes ministres et vice-ministres du gouvernement du Nicaragua ont publié une lettre dans laquelle elles réfutent l'éligibilité de la défenseuse des droits humains Vilma Nuñez de Escorcia à l'International Women of Courage Award.
Vilma Nuñez de Escorcia est fondatrice et présidente du Centro Nicaraguense de los Derechos Humanos - CENIDH, et travaille depuis plus de 56 ans pour l'application des droits humains dans le pays, en particulier pour l'abolition de la torture, pour la médiation lors de conflits et la libération des prisonniers politiques. La défenseuse participe activement au travail de plusieurs organisations nationales et internationales, notamment la Commission d'Amérique Centrale pour les droits humains, qu'elle a présidée, et l'Organisation mondiale contre la torture.
Le 8 mars 2017, les femmes ministres et vice-ministres du gouvernement du Nicaragua ont publié une lettre dans laquelle elles réfutent l'éligibilité de la défenseuse des droits humains Vilma Nuñez de Escorcia à l'International Women of Courage Award.
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Le 8 mars 2017, lors des célébrations organisées à l'occasion de la Journée internationale de la femme à l'ambassade des États-Unis à Managua, Vilma Nuñez de Escorcia a été nominée pour l'International Women of Courage Award par l'ambassadrice américaine Laura Dogu, en raison de sa carrière remarquable pour la défense des droits humains. Plusieurs dignitaires nicaraguayens assistaient à la cérémonie. Le jour même, la vice-présidente du Nicaragua, Rosario Murillo, à la demande des femmes ministres et vice-ministres, a publié une lettre adressée à l'ambassadrice américaine à propos de la nomination de Vilma Nuñez de Escorcia. Les autorités nicaraguayennes ont interprété cette nomination comme un acte "d'hostilité contre notre peuple et notre gouvernement" et a déclaré que la défenseuse est une personne qui "dénigre et insulte et ses pratiques offensives ont plusieurs fois offensé le peuple du Nicaragua et le gouvernement".
Ce n'est pas la première fois que la défenseuse est victime de harcèlement et d'intimidation à cause de son travail. La Commission interaméricaine des droits de l'Homme (CIDH) a déjà requis deux mesures de protection en faveur de Vilma Nuñez de Escoria en 2002 et 2008, en raison de violations graves et continues de ses droits et des menaces qui pesaient contre sa vie et sa famille; elle a été la cible d'attaques directes de la part du gouvernement, et particulièrement d'une campagne de diffamation par le biais de canaux officiels, de persécutions et de fausses accusations. Le gouvernement nicaraguayen a plusieurs fois évité sa responsabilité en ne mettant pas correctement en place les mesures de précaution depuis qu'elles ont été requises.
Front Line Defenders est profondément préoccupée par les plus récents actes d'intimidation contre Vilma Nuñez de Escoria, ainsi que par le risque élevé auquel elle est exposée, car il semble que les actes d'intimidation perpétrés contre elle découlent d'une volonté de réduire au silence sa voix de défenseuse des droits humains.
Front Line Defenders exhorte les autorités du Nicaragua à:
1. Prendre des mesures pour garantir que les membres du gouvernement ou d'autres personnalités publiques s'abstiennent de faire des déclarations stigmatisant le travail du Vilma Nuñez de Escoria et des autres défenseur-ses des droits humains dans le pays;
2. Prendre toutes les mesures nécessaires, en accord avec la défenseuse, pour garantir l'intégrité physique et psychologique et la sécurité de Vilma Nuñez de Escoria;
3. Garantir qu’en toutes circonstances, tous les défenseur-ses des droits humains au Nicaragua puissent mener à bien leurs actions légitimes en faveur des droits humains, sans craindre ni restrictions ni représailles, y compris l'acharnement judiciaire.