Interdiction de voyager contre Nedal Al-Salman
Le 26 novembre 2017, la défenseuse des droits humains Nedal Al-Salman a été arrêtée à l'aéroport international du Bahreïn et empêchée de quitter le pays. Elle est toujours sous le coup d'une interdiction de voyager.
Nedal Al-Salman est responsable du plaidoyer pour les droits des femmes et des enfants au sein du Bahrain Centre for Human Rights (BCHR). Le BCHR organise le plaidoyer, des formations, des ateliers, des séminaires, des campagnes médiatiques sur les droits humains et collabore avec des mécanismes de l'ONU et des ONG internationales. Le BHRC participe aussi à de nombreuses conférences et ateliers régionaux et internationaux, et il témoigne devant les parlements des pays européens, le Parlement européen et devant le congrès des États-Unis.
Le 26 novembre 2017, la défenseuse des droits humains Nedal Al-Salman a été arrêtée à l'aéroport international du Bahreïn et empêchée de quitter le pays. Elle est toujours sous le coup d'une interdiction de voyager.
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Le 26 novembre 2017, les autorités ont intercepté Nedal Al-Salman à l'aéroport international du Bahreïn et l'ont empêchée de quitter le pays. Elle souhaitait se rendre à Toronto, au Canada, pour assister à un échange d'information et de compétences avec des membres du réseau IFEX, un réseau de 119 organisations œuvrant pour la promotion et la défense de la liberté d’expression et d'information à travers le monde. La défenseuse n'a pas reçu d'explication concernant les raisons de son interdiction de voyager et ont lui a dit de parler avec le procureur.
Ce genre d'interdiction de voyager n'est pas nouveau. Le 29 août 2016, alors qu'elle souhaitait se rendre à Genève pour participer au Conseil des droits de l'Homme de l'ONU, un responsable de l'aéroport international du Bahreïn l'a informée que le parquet avait délivré une interdiction de voyager à son encontre. Elle a de nouveau été interdite de voyager en mars et juin 2017, lors de la reprise des sessions du Conseil des droits de l'Homme à Genève.
Selon des estimations faites pas des défenseur-ses des droits humains locaux, depuis juin 2017, plus de 25 défenseur-ses des droits humains et membres de la société civile ont été interdits de voyager. Les interdictions de voyager de masse sont régulièrement utilisées par les autorités bahreïnies à l'approche et pendant les sessions du Conseil des droits de l'Homme, ainsi que lors de l'Examen périodique universel du Bahreïn en mai 2017.
En août 2016, l'avocat en droits humains M. Mohammed Al-Tajer et la défenseuse Enas Oun n'ont pas été autorisés à voyager depuis l'aéroport international du Bahreïn. Le 7 juillet 2016, le journaliste et défenseur des droits humains Ahmed Radhi n'a pas été autorisé à se rendre à Oman. Le 12 juin 2016, les forces de sécurité bahreïnies ont empêché trois défenseur-ses des droits humains, M. Hussain Radhi, Mme Ebtisam Al-Saegh et M. Ibrahim Al-Demistani, de se rendre à Genève où ils devaient assister à une session du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU et participer à une rencontre parallèle sur la situation des droits humains au Bahreïn. Le défenseur des droits humains Abdulnabi Al-Ekry et la journaliste Nazeeha Saeed ont aussi été interdits de voyager en juin 2016.
Plusieurs employés de la Bahrain Human Rights Organization (BHRO) ont également été pris pour cible par le biais d'interdiction de voyager depuis août 2016, notamment Jalila Al-Salman, Ahmed Al-Saffar, Ali Al-Ghader, Esa Al-Ghaeb, Fatima Al-Halwachi, Husain Sahwan, Mohamed Khaleel, Redha Al-Qatari, Dr. Rola Al-Saffar, Dr. Taha Al-Durazi, et les anciens membres Fareda Gholam et Hadi Al-Mosawi. Zainab Al-Khamees, de la Bahrain Human Rights Society est aussi régulièrement interdite de voyager.
Du 24 au 25 avril 2017, 22 défenseur-ses des droits humains ont été interrogés par les autorités bahreïnies. Le 21 avril 2017, ils ont reçu des citations à comparaitre devant le procureur général. La majorité des défenseur-ses des droits humains interrogés ont reçu la confirmation que le procureur avait émis des interdictions de voyager à leur encontre. Ebtisam Al-Saegh et Hussain Radhi faisaient partie des 22 défenseur-ses des droits humains cités à comparaitre et interrogés, et ensuite informés de l'interdiction de voyager. L'interrogatoire précédait l'Examen périodique universel (EPU) qui a eu lieu à Genève le 1er mai 2017. Dans une autre affaire, le 20 avril 2017, Sharaf Al-Mousawi a été interdit de se rendre à une rencontre sur le développement au Liban.
Front Line Defenders condamne l'interdiction de voyager imposée contre Nedal Al-Salman et les autres défenseur-ses des droits humains bahreïnis. Front Line Defenders pense également que ces interdictions de voyager sont uniquement motivées par leur travail légitime et pacifique en faveur des droits humains au Bahreïn, et par leur participation ou tentatives de participation au Conseil des droits de l'Homme, notamment à l'Examen périodique universel.
Front Line Defenders exhorte les autorités du Bahreïn à:
1. Lever immédiatement l'interdiction de voyager qui pèse contre Nedal Al-Salman et toutes les autres personnes actuellement sous le coup d'une interdiction, et garantir le plein respect de leur droit à la liberté de circulation;
2. Garantir qu’en toutes circonstances, tous-tes les défenseur-ses des droits humains au Bahreïn, puissent mener à bien leurs actions légitimes en faveur des droits humains, sans craindre ni restrictions ni représailles.